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Désaccord, progrès et relation.

Dans la plupart des débats philosophiques, toute conclusion a sa part de doutes. C’est en tout cas ce qui ressort des débats sur quantité de sujets qui ont un rapport sinon direct, tout au moins apparenté à la morale et à la politique.
C’est sans le savoir que l’aléatoire hante toute conclusion.
Nous serions donc des sceptiques, alors que la plupart s’en défend.
C’est Royer-Collard qui le constate : on ne fait pas au scepticisme sa part : dès qu’il a pénétré dans l’entendement, il l’envahit tout entier.
Ce sont aussi les temps particulièrement troublés en politique qui font qu’en Belgique nous sommes devenus majoritairement des sceptiques, sans le savoir.
Mais quel est donc cet esprit indépendant qui se forge souvent une opinion contradictoire de la majorité, il est vrai portée à conclure dans la facilité du consensus mou ?
Le sceptique n’est pas celui qui doute systématiquement de tout, par principe ou par esprit de contradiction; ce n’est pas non plus quelqu’un qui raisonne en oxymoron et qui dit blanc parce qu’on lui dit noir ; un sceptique doute de toute construction intellectuelle humaine et n’admet pour vrais que les phénomènes, dont il a constaté les effets et admis la matérialité.
Aussi en réfutant le dogmatisme, le sceptique sert avant tout l’esprit critique dont nous avons tant besoin, alors que nos sociétés dans leur évolution en manquent particulièrement.
Nous aurions intérêt, plutôt que de citer en référence toujours les classiques d’Aristote à Kant - il serait malséant de nommer d’autres philosophes plus récents tant la liste serait non exhaustive - d’approfondir la connaissance de Pyrrhon, Carnéade, Ænésidème et d’autres encore, afin d’apporter un éclairage différent sur l’ensemble de la philosophie en général et de la conduite de ce pays, qui en est à son treizième mois de folie politique, en particulier.
L’époque a dénaturé le sens du mot critique, de même que le sens dispute s’est modifié.
L’évolution du sens démontre que nos sociétés ne supportent qu’à faibles doses l’exercice plein et entier du raisonnement
On garde plutôt des faveurs à la crédulité, qu’à la sincérité.

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S’il est un usage indispensable de la critique, c’est bien dans la recherche et les sciences appliquées
Pourquoi ce que l’on admet dans les sciences comme un facteur nécessaire au succès, est considéré dans les spéculations qui traitent de la morale et de la politique, comme étant le résultat d’un comportement pervers ?
Nous sommes en 2008 arrivés aux mêmes conclusions que celles qui voyaient l’ataraxie comme l’élément clé de la sagesse philosophique. Pyrrhon eut le mérite de secouer les penseurs et d’établir pour raisonnable un « ni oui, ni non » voire un « peut-être si… » qui n’est rien d’autre que la suspension du jugement en attendant une meilleure assise pour une meilleure prise.
Quand nos décideurs s’inscrivent dans la certitude d’un plan qu’ils ne nous livrent qu’à demi en braillant dans nos télévisions, nous devrions pouvoir dire avec Xénophane de Colophon : « Il n’est aucun homme qui connaisse la vérité avec certitude et il n’y en aura jamais aucun, car même lorsqu’il arrive à un homme de dire quelque chose de rigoureusement vrai, lui-même ne le sait pas. Pourtant nous sommes réduits à la conjecture ».
Le Belge est particulièrement sensible à la philosophie ataraxique, entraîné par sa nature placide à l’obéissance et au détachement des spéculations critiques.
En fonction de quel critère choisir les différentes hypothèses vraisemblables ?
Les Epicuriens choisiront le principe du choix subjectif.
Pyrrhon pense les choses égales et sans différences, instables et indiscernables et que, par conséquent, nos opinions ne sont ni vraies, ni fausses.
Voilà treize mois que le pays va de mal en pis, faute d’un raisonnement qui conviendrait que puisque personne n’a raison, c’est que tout le monde a tort.
De la religiosité nous devrions passer à la religion des faits.
En se soudant à la civilisation romaine, la civilisation grecque reste au niveau de la pensée philosophique dans la langue grecque.
Cessons de comparer le flamand au français, ne sombrons pas dans le ridicule de la religiosité linguistique ; car, les deux langues n’ont pas le même passé et la même richesse accumulée de savoir.
L’une est de construction récente et l’autre est d’une incomparable dimension.
On ne résoudra le problème belge que sur un mode sceptique, avec dans l’esprit la conviction que l’inégalité des deux langues est un fait, qu’elle est historique et qu’il conviendrait d’en tenir compte.
Une justice qui traite de la même manière deux choses inégales ne peut se targuer de trancher justement.
Si le monde flamand pense le contraire, ce sera à lui de le dire et de prendre l’initiative de se séparer de nous.
Ainsi, ce sera un fait dont les sceptiques se satisferont.

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