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L’OMC DCD ?

L’échec de l’OMC à Genève est passé à peu près inaperçu sauf dans les journaux spécialisés.
Pourtant, mine de rien, cette mésentente des Nations va tarir davantage les rares tentatives de solidarité entre pays riches et pays pauvres. Chacun va grappiller de son côté des accords bilatéraux, tandis que le dernier prétexte du grand rassemblement de l’humanité pour le progrès ne tient pas la route; alors que les autres – de prétextes – sont inavouables, à commencer par le plus célèbre : la mondialisation de l’économie !.
D’abord à quoi sert l’OMC ?
L'Organisation mondiale du commerce (OMC, ou World Trade Organization, WTO) s'occupe des règles du commerce international entre les pays, suscitant notamment des Accords de la majeure partie des puissances commerciales du monde. Le but est de réduire les obstacles au libre-échange en mettant en relations producteurs, importateurs et services financiers.
C’est avant tout une sorte de grandes bourses d’échange, à laquelle on applique des « potions magiques » comme la suppression des barrières douanières. Et qui dit « bourse » aura tout de suite deviné qu’il s’agit d’un rapport de force entre puissants et pauvres, une sorte de foire d’empoigne à l’image des Américains qui sont là pour ne rien concéder en-dessous de la valeur qu’ils supposent du dynamisme de leur économie qui donne des signes de redémarrage.
Autrement dit, les pauvres sont priés de faire l’escalade des grues sur les chantiers de construction à Genève, afin de signaler leur présence à Pascal Lamy, directeur général de l’OMC comme leurs collègues bruxellois en pauvreté tentent de le faire pour Annemie Turtelboom, sans que de part et d’autre, l’efficacité ait été démontrée…
C’est comme ça qu’ils sont, les décideurs de l’économie : ils sont unanimes pour réaffirmer leur attachement à l'Organisation mondiale du Commerce ; mais estiment qu'il faut du temps pour relancer des pourparlers engagés il y a sept ans. Et qu’en attendant, soufflez hautbois, résonnez musette, ils reprennent leurs billes pour conduire à leur guise l’indispensable quête du plus bas prix pour acheter et la plus haute proposition pour vendre. Et que le meilleur gagne en bouffant l’autre !
« Nous aurions tous été gagnants avec un accord » ont assuré les plus fines raclures de la voyoucratie mondiale, au bar de l’aéroport, persuadés que sans accord, les nations pauvres payeront davantage.
Il leur a fallu neuf jours pour conclure qu’après l’échec, on se retrouverait ailleurs. La liste des grands hôtels est sans doute fournie avec le programme. On se doute bien que de pareilles réunions, retenant dans un lieu de prestige les plus hauts personnages du monde, ne pourraient avoir lieu à Houtsiplout.

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On se quitte sur des malentendus. Heureusement il n’y eut pas échanges de coups. Bah ! dès qu’il s’agit de pognon, vous savez comme sont les gens, les gros n’y échappent pas. Ils se seraient même engueulés entre Européens et Américains sur les aides qu’ils apportent les uns et les autres à leur aviation ! Pendant ce temps, les subventions des riches à leur agriculture tuent les cultures des pays pauvres, si bien qu’être planteur de coton en Afrique est moins rentable que piller les immondices à Buenos-Aires.
Certains voient mal l’avenir de l’OMC . A moins que le bidule ne se transforme en une sorte de Foire de Libramont à grande échelle où chacun apporte « son manger » et campe devant « ses affaires » dans la crainte qu’on ne les vole la nuit.
On s’arrangerait quand même pour une ou l’autre réunion dans les plus chics hôtels, afin de faire venir à la Foire les grands argentiers du commerce et de la banque qui ne se déplacent jamais à plus de 5 kilomètres d’un terrain de golf.
Pour beaucoup, l’OMC pourrait disparaître tout à fait..
A moins que le GATT dumping/ subventions/ mesures sanitaires/ etc, (une division de l’OMC ), ne reprenne l’organisation sous son sigle ?
L’OMC n’a réussi jusqu’à présent qu’à fâcher les altermondialistes, les opinions occidentales étant anesthésiées sur ces questions depuis longtemps.
Les traités signés sont accusés de favoriser les entrepreneurs des pays riches au détriment des salariés des pays pauvres. Une récente étude montre également que les salariés des pays riches, par l’effet d’aspiration vers le bas, sont touchés à leur tour par l’effet des accords.
La différence de traitement entre sa capacité à faire appliquer les réformes en matière de commerce, en comparaison du peu d'intérêt manifesté à faire respecter les droits sociaux et éthiques (pas de règle sur les salaires, sur l'environnement, sur les droits syndicaux etc., place le productivisme et les intérêts du commerce au-dessus des considérations sociales, sanitaires et écologiques. C’est aussi ce que l’on reproche au traité européen repoussé par les Irlandais.
Bref, une petite merde de plus, mettant en relief la capacité des uns à plumer les autres.
Qu’il faille ne pas trop en parler dans les milieux de l’information, vu sous cet angle, on comprend…

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