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Woman-hater

- Voilà Myriam, avec son chapeau de travers. L’est-il vraiment ? C’est une chose en feutre et paille tressée. C’est un « authentique » d’époque 1936. Il est peut-être de travers par souci d’une esthétique qui n’apparaît pas forcément au genre de béotien qu’elle a devant elle.
C’est une femme-femme qui n’a besoin des hommes qu’accessoirement, pour les voyages question de transporter les valises. Chaque difficulté la voit commencer par une réflexion générale sur le sort des femmes. Elle adopte aussitôt le nous de majesté plutôt que de modestie « Nous les femmes ». « Nous les femmes, nous avons un tel retard sur vous les hommes que… ». Ce qu’elle pourra dire, par la suite, sera une réparation des injustices des hommes à son égard, qui ne pourra aboutir que par une ultime injustice, mais « juste » puisqu’elle le sera aux noms des femmes !
Myriam souffre physiquement de tout ce que souffre son esprit. Cette souffrance morale descend dans ses membres et à chaque pas, elle doit prendre sur elle afin de rester debout. « Nous les femmes, souffrons à cause du passé où vous nous avez humiliées et déshonorées. »
Pour qu’elle paraisse gaie, enjouée et de bonne humeur, elle fait des efforts que nous ne remarquons pas, évidemment.
Elle doit mentir afin de ne pas exaspérer les hommes d’une souffrance collective qu’elle partage avec toutes celles qui ont pris à leur compte la cause féminine. La dissimulation est devenue une seconde nature, par la force des choses. Tout mensonge proféré est absout d’avance. C’est comme si cela allait de soi de mentir aux gens du sexe opposé, comme un accusé peut mentir devant ses juges sans faillir au Code de l’honneur. Par revanche, elle justifie l’injustifiable.
L’ennemi public N° 1 est toujours celui qu’elle préfère.
C’est une question d’amour propre, il faut que le numéro 1 paie pour tous les autres, non pas ceux qui l’on fait souffrir, y en a-t-il eu un ? mais ceux qui ont souffert le martyr à partir du moment où – selon ses propres termes – ils sont « arrivés à leur fin ».
Se donner, n’est pas rien ! Pour le reste, ils n’ont qu’à se débrouiller seuls, avec les moyens du bord. Le moyen d’être performant dans de telles conditions ? Et c’est pourtant nécessaire s’ils ne veulent pas que cette insuffisance fasse les gorgées chaudes d’une demi douzaine d’amies, qui sont plus encore, mais qui se relaient pour donner l’impression constante de la demi douzaine.
A la réponse à toutes ces questions, il faut qu’elle ajoute après un temps d’arrêt qui pourrait signifier qu’elle réfléchit : « J’ai toujours fait le contraire de ce que tu me conseillais, et je m’en suis toujours bien sortie… Je me demande ce qui me serait arrivé si je t’avais suivi ! ».
Sa passion, celle qui sera toujours insatisfaite car rien ne pourra jamais calmer son désir, c’est le voyage. Mais pas n’importe lequel, celui qu’elle fait deux fois l’an, mais en mieux. C’est-à-dire plus lointain à chaque fois. Si bien qu’à moins de 3.000 kilomètres, elle a l’impression de n’aller nulle part.

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Les numéros 1 qui l’ont conduite partout dans le monde n’y connaissaient rien. Elle a rompu avec un téméraire parce qu’il lui proposait la cathédrale de Chartres ! Le temps est à l’exotisme, aux feuilletons hollywoodiens, aux documentaires d’une planisphère particulière : celle des antipodes.
Aussi le désir du voyage « à faire » lui revient régulièrement à l’esprit sous la forme d’une indignation. Pourquoi, oui, pourquoi, est-elle toujours avec des Numéros 1 qui ne lui font jamais découvrir que leur pauvre anatomie ?
Par exemple, son Italien ! On peut dire qu’il a souffert de sa calvitie. S’est-elle moquée de lui en le surnommant « le mont Pelé » si bien que ses amies ne l’appelaient plus jamais Amadeo. Elles avaient fini par oublier son prénom !
Quel est celui qui résisterait à la perspective des nuits d’amour à l’hôtel de la plage, les promenades en mer, les tête-à-tête de tous les instants, les découvertes des musées la main dans la main, les petits achats de souvenirs, une fusion incomparable en quelque sorte annonçant le mariage. Surtout s’il est le leader depuis trois semaines seulement !
Le malheureux tombe alors de haut : l’après-midi sur la plage à bronzer, c’est-à-dire sans personne autour d’elle à faire de l’ombre, la soirée dans un restaurant où les bronzées se défient du regard pendant les heures d’un repas interminable. Quant aux musées, la chose culturelle énerve Myriam au plus haut point. Et faire les salles d’exposition au pas de course les jours de soleil voilé, en jetant un regard vers le ciel à chaque passage devant une fenêtre, est une épreuve redoutable, qu’elle inflige à tous !.
Certains Numéro 1 finissent par souhaiter que les rayons percent le couvert rapidement, auquel cas la visite est écourtée et le départ pour la plage avancé.
Et encore si elle prenait un bain de mer comme tout le monde !
Elle a entendu dire par une amie, donc c’est la vérité même, que le sel marin fait des auréoles sur le bronzage, ce qui est préjudiciable au défi permanent que lui lance les autres bronzeuses.
La moindre raillerie sur ces vacances particulières, la met hors d’elle et c’est souvent au retour, la fin de la relation.
Le motif de la rupture est identique à chaque fois : « Tu es trop égoïste, tu m’empêches de respirer ». Et le macho résigné s’en va, parfois sous le coup de la tristesse au souvenir de quelques bons moments, - car Myriam est bien faite et d’un abord charmant – parfois, aussi, il se sent envahi d’une joie intérieure… le sentiment de l’avoir échappé belle.

Commentaires

Hi, hi, ça fait du bien de lire ça...! Je ne devrais pas rire mais je ne peux pas m'en empêcher :)

J'ai bien ri également à la lecture de ce texte.

Ik ook. Dorebul

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