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Di Rupo chevetognant (suite)

Deuxième partie de l’analyse du discours que fit le président du PS aux rencontres de Chevetogne en août dernier.
…C’est peut-être la voix qui trahit le plus Elio Di Rupo. Lorsqu’il l’élève, c’est tout le côté féminin de sa personnalité qui surgit. En règle générale, un chef lorsqu’il discoure joue de son organe qu’il sait puissant. Il tonne parfois, comme devait le faire Bossuet du haut de la chaire de Vérité en admonestant Louis XIV. Di Rupo sait que cela ne lui convient pas. Il est vraisemblable que son humeur égale (enfin en public) le ton modéré qu’il emploie viennent probablement de cette faiblesse vocale.
C’est une forme d’intelligence qu’on lui reconnaît : la connaissance de ses moyens et de ses limites. Il est éminemment adaptable, au contraire de Reynders coutumier de petites phrases assassines qui sont moins des mots d’esprit que des maladresses et qui cachent mal le dépit.
On reconnaît d’un discours qu’il est plat, lorsqu’il peut être interchangeable. C’est le cas de celui de Chevetogne. Il aurait pu être prononcé à quelques virgules près à la mutuelle ou au syndicat socialistes et mieux encore, avec très peu de modifications, par Didier Reynders !.... C’est un texte qui peut resservir parce qu’il est indatable, hormis quelques références à des actions précises. En tous cas, c’est le texte par excellence qui n’engage pas. Il est plus facile de dire pour n’avoir pas à faire…
« Les Gouvernements sont là, je le répète, pour résoudre le problème des gens. » Cela va sous le sens. De Guizot à Clémenceau, on ne compte plus les interventions dans lesquelles des variantes de ce type ont été dites avec toujours un murmure d’appréciation dans les salles.
Le président du PS parle de ses collaborateurs au sein des gouvernements en les appelant familièrement par leur prénom : « Sous l’impulsion du PS, avec Rudy, Michel, Jean-Claude, Philippe, Didier, Christian, Marc et Fadila… », enfin dans une autre gerbe d’éloges « …grâce à Laurette, Paul, Marie, Jean-Marc et Julie, un accord a été trouvé,…. ».
Il y a trois exceptions à cette familiarité dans un PS aseptisé.
1. D’abord celle de Paul Magnette : « Au Fédéral, Paul Magnette va inviter tous les niveaux de pouvoirs (sic) à se mobiliser pour amplifier ces politiques autours (resic) d’une alliance pour l’environnement et l’emploi. Bravo ! ».
2. Daerden cité à propos de sport, par l’effet d’une petite pointe de jalousie à laquelle il n’a pas pu résister. Combien est dérisoire de féliciter un rival potentiel sur la création « des centres de sport de haut niveau » dans une conjoncture aussi dramatique !
3. Quant à Jean-Claude Marcourt, personne ne le connaît en-dehors de la Fédération liégeoise.
Alors, pourquoi cette promotion soudaine de Charles Magnette dans le discours de clôture ?
Voilà bien un homme heureux, Charles Magnette, arrivant aux plus hautes fonctions publiques sans passer par l’électeur par une sorte de désignation régalienne de César. N’a-t-on pas dit qu’au départ il n’était pas affilié au PS ? N’y a-t-il pas autre chose que ce petit service rendu à Charleroi de l’homme nettoyant au karcher les écuries de la mairie ? Et s’il y eut attirance, ce fut sans doute pour des qualités d’homme d’état que le public ne perçoit pas.
Di Rupo est un esthète. Il cache ses goûts éclectiques, comme Giscard cachait son goût de la musique classique en jouant de l’accordéon. Il marche aussi au coup de cœur.
En conclusion, parler de la langue de bois des représentants des partis politiques est presque devenu un pléonasme, et pas qu’en Belgique.
Le thème du monde meilleur est récurrent.
Peu d’hommes politiques y échappent.
Il fallait que Di Rupo en parlât. C’est ce qu’il fit « Être socialiste… c’est avoir une idée claire d’un monde meilleur ». Le danger quand on prend de la hauteur avec le monde meilleur, c’est que le public compare ce qu’il pense d’un monde meilleur avec ce que celui qui en parle fait pour y parvenir. Une consultation chez le spécialiste réduite à 5 € 51, la réduction des prix des crèches et la suppression de la radio-redevance sont évidemment dérisoires dans l’espérance que l’on a de prétendre à ce monde meilleur par le truchement du parti socialiste.
Pourtant qui trouverait à redire à la perspective d’un monde meilleur ? Qui serait contre les droits de l’homme, la paix, l’asile pour tous les étrangers qui le souhaitent ? Qui souhaiterait remettre dans la loi la peine de mort, voir le repli derrière ses frontières et avoir la retraite à 80 ans ?
Tout bien considéré, ce discours n’est bon que pour les moutons de panurge, les satisfaits professionnels nombreux au PS par les emplois subalternes qu’il procure, mais obscène à l’observateur du dehors, qui n’ignore pas les compromissions irréversibles du socialisme de participation avec les ambiguïtés d’un monde libéral en désarroi. On a bien vu comme le PS s’est encore fait avoir avec le renflouement des banques sans contrepartie de pouvoir !

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