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Les banques, l’Etat et l’opinion.

Dans la conjoncture, nos mandataires politiques, reconvertis portiers de banque, persistent sur la nécessité de la liberté d’entreprendre. Ils noient le problème des inégalités dans l’eau boueuse et libérale des subprimes et des malversations de Lehmann Brothers.
Le silence des mandataires sur le drame vécu par la population est révélateur de la classe sociale dont ils se réfèrent désormais. Comme l’écrivit Anatole France, « La loi, dans sa magnifique égalité, interdit au riche comme au pauvre de mendier et de coucher sous les ponts ».
La voilà bien la nouvelle classe moyenne !
On a vu, dimanche, Philippe Moureaux taper familièrement sur l’épaule d’Etienne Davignon. Une illusion disparaît. Le sénateur bruxellois était le seul à conserver un reste d’estime à la direction du PS. Ce n’est pas tant le geste familier qui déçoit, mais l’opinion franchement libérale, qu’il retient de la crise.
Alain Minc, champion de l’indéfendable, ne cesse d’affirmer que « les grands systèmes égalitaires sont en effet condamnés ». Il écrit à ce propos : « …(l’économie) ne peut plus suivre les voies classiques de la redistribution et de l’intervention étatique ; elle doit aller de pair avec le mouvement vers davantage de marché et davantage de concurrence. D’où le paradoxe : comment faire du marché un instrument d’égalité ? ».
Quoique Minc ait écrit cela avant le krach boursier (La machine égalitaire, éd. Grasset), le sauvetage des banques par l’intervention de l’Etat est de nature à infirmer et ridiculiser ses propos.
Hélas ! ils sont tenus aussi par nos hommes politiques.
Les banques ont reçu l’argent de la collectivité sans qu’on ait senti chez elles une quelconque volonté de se réformer. Le Gouvernement déjà roulé par les Hollandais pour Fortis, est en passe de l’être par nos organismes financiers. On se croirait revenu au temps où la SABENA fut vendue si mal par Di Rupo et consort à Swiss-Air !...
Décidément, le flair n’est pas le fort du monde politique !
Cependant, à l’inverse des positions socialo-libérales sur ces versements, ne serait-il pas utile de revoir les inégalités socio-économiques actuelles ? Comme, par exemple, en limitant les salaires par le haut de sorte que la différence entre le salaire minimum et le salaire maximum diminue ? Et enfin, ne conviendrait-il pas d’instaurer une taxe sur les plus-values bancaires et les profits boursiers dont le résultat profiterait aux bas salaires ?
Comment nous situons-nous au cœur de la crise dans ce qu’on peut appeler deux courants contradictoires : l’égalité formelle et l’égalité réelle ? Comment nous positionnons-nous entre les « vérités » d’Alain Minc et celles des référents du passé : Rousseau, Babeuf et Marx ?

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Dans tout débat sur la crise du capitalisme, le socialisme théorique est toujours perçu comme utopique.
Les efforts de l’Etat pour sauver les banques, qu’est-ce, sinon une forme de socialisme ?
Mal appliquée, certes, puisqu’il s’agit d’un effort collectif sans que la collectivité donatrice reçoive des contreparties. Il va de soi que ce qui devrait être moquée, c’est l’absence d’une compensation négociée, l’Etat a pris sur lui d’augmenter la dette du peuple ! Ce n’est pas rien !
Le crédit permanent que nous allouons aux banques est une forme de crédit revolving (1).
Le débat devrait porter sur des contreparties.
La manière dont les instances de gestion s’organisent pour gérer la crise au mieux des intérêts du plus grand nombre, paraît au contraire dériver vers des intérêts particuliers.
Trop sûre d’elle, la classe politique croit pouvoir être suivie par une majorité d’électeurs.
Le développement de la crise serait bien de nature à faire bouger des majorités.
La politique du tout répressif plaidée par tous les ministres de l’intérieur pourrait se retourner contre le citoyen paisible, si poussé à bout par la montée des inégalités, celui-ci descendait dans la rue à côté des syndicats. Le citoyen paisible s’apercevrait vite, au poids des matraques, combien il a eu tort de céder à ce qu’un pouvoir malicieux et pervers lui souffle depuis 2001.
Le terrorisme international au secours de l’Etat et de l’ordre capitaliste, on aurait tout vu !
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1. Revolving : C’est une forme de crédit consistant à mettre à disposition d’un emprunteur une somme d’argent sur un compte particulier ouvert auprès de l’établissement dispensateur de ce crédit, de façon permanente et avec laquelle il peut financer les achats de son choix.

Commentaires

Socialisme ou étatisme ?
Pourquoi assimiler les deux idéologies ? Ne peut-on être social tout en étant un individu libre ?
Ne peut-on être libre en s'intéressant aux autres et plus spécialement à ceux qui sont dans la plus grande difficulté ?

Oui, on peut tout ça. A condition d'être libre dans une Société dont le rapport entre le plus riche et le plus pauvre est plus équilibré. On ne peut pas être libre quand la plupart des gens ne le sont pas.
C'est une question de conscience.

Tout le monde est capitaliste.
Tous les Etats aussi.
Même la Chine communiste est capitaliste. Le capitalisme est normal et naturel.
Il s'agit d'accumuler des richesses: par exemple de faire des provisions pour passer l'hiver.

Il existe d'autre part des idéologies : socialisme, communisme, libéralisme.

Mais qui croit encore ce que nous dit l'état.
Comme je l'ai déjà rappelé, Nietzsche a dit :
L'Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche: "Moi je suis le peuple"

Croire l'Etat, c'est confondre Etat, Peuple et Démocratie

Mais R III aime confondre capitalisme et libéralisme de droite
Il est probablement un bon fonctionnaire de l'Etat.

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