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Les dialogues du machin.

-Comment je le retrouve ?... sur les rotules ! Et pourquoi ? Et alors, c’est pas la première fois que t’es mal…. Tu te fais du tort, Totor…
-….
-Oui, regarde ta pauvre gueule… Tu crois que tu vas faire chialer tout le monde ? Que c’est en marche la révolution des idées ? Que leur déroute est certaine ? Mais mon pauvre vieux, on peut même plus rigoler de ta tristesse. Avant ta tragédie avait ce rien de bouffon qui faisait qu’on se foutait de ta gueule… ça devenait du vaudeville. Les gens adorent ça, même que t’en as qui font le con en professionnel… Toi, on l’a cru. On s’est dit, chouette, un con qui le fait exprès !... Tu parles d’une désillusion quand après un quart d’heure on se rend à l’évidence : c’est pas un con qui le fait exprès, Arthur, c’est un vrai con !...
-…
-Tu te rends compte où t’en es ? T’as vu les bouchons en ville…
-C’est les travaux, les tranchées…
-Je te parle de la circulation de la bagnole. Mais on se fout des banques, on se fout des « sociaux » au gouvernement. Mieux, on les envie ! T’as déjà vu le parcours rien que pour s’asseoir député devant la mangeoire ? C’est le même que pour aller de Saint-Gilles à la place Saint-Lambert… Mais, c’est des gens admirables façon Fortis, Dexia et je t’en passe… de ces carrières « médusantes »… C’est chapeau les artistes. La question, c’est pas « On a qui au gouvernement ? », la question est « T’as quoi comme bagnole ? ».
-…
-…puis on n’a pas tort. On est dans le siècle du tout pour soi. Toi, t’as pas vu venir ! C’est le résultat de ce que t’as pas vu. T’en connais qui descendrait du cocotier quand on est en plein tsunami en bas ? Comment tu le serrais, le tronc, si t’étais à leur place, pour pas tomber dans le courant. Tu vois pas Onkelinx aux caisses de Carrefour !
-T’es pas drôle…
-La drôlerie n’a rien à voir. Quand le Titanic sombre, t’as plus qu’un réflexe, trouver une place dans un canot… Alors, si t’en as une, que t’es planqué, tu fais les bouchons avec les autres au Centre ville… ta place dans le trafic… Tu connais l’histoire du bouc des abattoirs de Chicago ? On le mettait en tête du troupeau direction la découpe. Les moutons, ça suit… Les bêtes se bousculaient pour être derrière le cador. Puis, un éclair, le bouc – est pas fou tout de même - passe par une porte dérobée qu’on ouvre pour lui et tous les autres tombent dans la trappe à charcuterie… Les Melchior, les Elio, les Didiers, tous des boucs de Chicago…

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-C’est désespérant ça…
-Mais non. C’est toi qui l’es Auguste… Alors, pour ce qui est de désespérer l’alentour, t’es de première… Tiens, prends ton ami Tounet ?
-Qu’est-ce qu’il vient foutre là-dedans ?
-…tu crois qu’il est content, Tounet, que tu salisses les gens pour qui il a voté ?... qui se mouille à fond pour eux ! Tu crois que tu ne le traites pas un peu de dégueulasse en traitant ses idoles de parasites foireux ? Hein, qu’est-ce qu’ils t’ont fait les socialistes ? Ça mange dans tous les râteliers ? Et alors, c’est d’aujourd’hui que tu le sais ? Pourquoi tu t’indignes après eux ? Les autres, sont pas plus dégueulasses encore ? Pourquoi tu le dis pas…
-Je pensais que ça allait de soi… Si je me dégonfle, je vais perdre l’estime d’Hermione !
-Les gonzesses n’aiment que les héros. C’est vrai. Pourtant, elles couchent qu’avec les lâches. Les autres, quand ils sont pas morts, ils ont pas le temps !
-C’est quand même que des salauds, Auguste !
-Eh bien ! non… Enfin, ils gênent pas trop ces gens-là… ils attrapent ce qu’ils peuvent pour croûter à midi, comme toi, comme les autres. Personne n’y croit plus ? Et alors, il faut bien qu’on y mette quelqu’un à la tribune. On dirait quoi, à l’Europe, aux USA, dans le monde, si nous on envoyait personne, sous prétexte que tous pourris, que c’est pas la peine ? Hein ! la gueule des autres délégations ? La Belgique est plus représentée… tu vois le genre ?
-On pourrait remplacer…
-Tu vas pas me dire que t’as la combine pour remplacer Frère ? Tu crois quand même pas au grand soir ? T’es pas naïf à ce point !...
- Y a plus qu’à se foutre à l’eau, alors ?
-Mais pas du tout, au contraire, tu leur pisses à la raie, c’est bien, ça te soulage et puis ça les fait descendre un peu du piédestal où ça joue les Trujillo…
-Et leurs gueules à la télévision, à longueur d’année, tu crois que c’est bien ?
-Dis-donc, Alfred, tu serais pas un peu jaloux, vieille crapule ?
-Tu sais combien il y a de pauvres dans le monde ?
-Plus que des riches en tous cas !... Pour une fois qu’on a plus qu’eux ! Non, je te dis, fous leur la paix aux socialistes, c’est pas eux qui changeront le monde, d’accord, mais les autres non plus… On est trop loin dans le système… T’as rien pour revenir en arrière…
-C’est les banquiers qu’ont raison, Raymond ?
-Ce qui rend le pouvoir si agréable et les richesses si désirables, c’est qu’ils tendent à procurer du plaisir. Pourquoi crois-tu que les gens au pouvoir, des socialistes, des vedettes des médias, aux peigne-cul des libéraux, soient si chauds pour le conserver qu’ils ne mouftent pas quand on les engueule, les traite de pourris à longueur d’années comme tu le fais, Lucien ?
-…
-C’est parce qu’ils ont des à-côtés qui les rendent indulgents. C’est dans leur rôle de faire les héroïques, les incompris. Ton opinion, ils s’en tapent, s’en gargarisent… c’est l’opinion de ceux qu’en n’ont pas qui les intéresse… Tout pour le plaisir enfin, les voyages d’agrément, le bonheur côtier sous les palmiers, à loukoumiser les fentes des luronnes qu’ont pas leur âge, mais enfin réveille-toi Hubert !... Le pouvoir, les femmes, l’argent, c’est ça qui les travaille… pas sœur Emmanuelle, qu’a jamais été bandante, même s’ils te disent le contraire.
-…
-Surtout fais des excuses à ceux qu’ont la chance de pouvoir s’en mettre et d’en jouir… fais des excuses à Tounet pour pas qu’il te croie la rage contre les gens qu’il aime… qu’ils sortent des Loges, s’en foutent de ta tronche de trimard, se dépêchent à la distribution des prix, des lots en perspective et des coupons à couper, grâce à papa, à ma tante et à Justine qu’est forte au tennis, et alors ? Eux au moins, on les voit. Ils paient de leur personne, t’assistes au show, c’est dans les journaux quand ça pisse du don Pérignon au mur, mais les milliardaires tu les vois jamais…
-Ils servent à rien !
-Mais, rien sert à rien, pauvre con !...

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