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L'aventure rémoise du PS !

Regarder de Belgique ce qui se passe à gauche en France semble aller de soi dans une situation où chez nous, dans un parti socialiste caporalisé par ses chefs groupés autour de Di Rupo, c’est le calme plat. Et pour cause, ils se sont donné la mission de sauver la social-démocratie associée au capitalisme malade.
Aussi le Congrès du PS français à Reims, tient-il lieu d’événement en Wallonie.
On y attendait dans la nuit de samedi à dimanche une synthèse d’au moins deux motions, afin que le Congrès pût désigner un premier secrétaire en remplacement de François Hollande.
Le statu quo désastreux tient dans la rivalité des chefs.
Ce navrant spectacle dessert l’image du PS français. Par contre, il sert l’immobilisme des conservateurs belges autour de Di Rupo. Plus c’est la pagaille chez le cousin français, plus le calme et la placidité belges ont l’air d’être le résultat d’une fine réflexion politique.
Mais revenons au Congrès de Reims.
Une synthèse était-elle possible dans un climat de moquerie des chefs ? Royal, rayonnante, n’a cessé de s’appuyer sur l’interprétation qu’elle donne des réactions des militants extérieurs à l’appareil du parti, alors qu’ils n’étaient pas tous dans la salle, loin s’en faut, reportant les espoirs de son camp sur le vote de jeudi prochain.
Mais qui viendront-ils soutenir, la star ou la militante ?
S’ils ne sont pas au rendez-vous, c’est Martine Aubry qui sera premier secrétaire d’un PS en mille morceaux.
Ce dimanche matin, il semblait que les militants de Delanoë avaient tendance à renforcer le maire de Lille, après que le maire de Paris eût jeté l’éponge.
Le front TSS (Tout sauf Ségolène) était le seul à encore rassembler.
Ceux qui prétendent comme Jean-François Kahn (MODEM de Bayrou) que son parti pourrait recueillir les voix d’un PS à vau-l’eau, risquent d’être déçus. Le socialisme de collaboration, en France comme en Belgique, n’est farouchement défendu que par une minorité de militants. En cas de dépeçage, le Modem pourrait recueillir peu de monde. Par contre, s’il se faisait un grand rassemblement des forces de gauche pour battre Sarkozy, le Modem en alliance avec le PS sur cet objectif, pourrait s’enfler des indécis du Centre déçus de Sarkozy et de l’UMP.
Ce raisonnement aboutit à la motion Royal qui paraît être propice à un rétablissement de la gauche plurielle à la présentation d’un candidat sérieux à l’élection présidentielle prochaine, tout en n’étant pas vraiment de nature à refonder le parti.
L’appareil socialiste n’a pas dit son dernier mot.
Martine Aubry représente très bien la clan des éléphants. Ces gens se méfient des militants comme de la peste. La carte à 10 euros, par exemple, semble l’horreur absolue : quoi ! des militants qui viendraient des banlieues, des chômeurs, des exclus du clientélisme cher aux élus de gauche, ils n’y pensent pas. Et ils ont raison, car si les électeurs de base devaient s’exprimer sur l’appareil, ce serait assurément une tornade qui balaierait les bureaux de la rue de Solferino et la politique du parti s’en trouverait profondément modifiée.
On voit que le TSS est une manière pour l’appareil de conserver ses places au chaud des municipales et des Institutions parlementaires, comme de garder des prérogatives de bureaux et de Congrès, bidonnés par les chefs.
C’est une façon de dire aussi que l’on peut être socialiste et participer au système libéral, comme l’avait déclaré un Bertrand Delanoë juste avant la crise des subprimes, que l’on peut voir les salaires et les lois sociales régresser, la misère progresser, sur le temps que l’on vide les caisses de l’Etat au profit des banques, sans que les socialistes jettent leurs mandats publics à la face des libéraux et claquent la porte.
Evidemment, nommer Martine Aubry secrétaire, c’est redonner aux éléphants de l’appareil socialiste du bois de rallonge.
Et avec Ségolène Royal, quel genre d’aventure le PS eût-il vécu ?
Benoît Hamon présenté comme rassemblant la gauche du parti a présenté une motion qui aurait pu être franchement plus agressive envers le capitalisme et qui a déçu, malgré son score.
C’est le moins connu des déposants, peut-être est-ce celui qui a le plus grand désir de pouvoir ?
Autre aventurier qui a quitté le PS avant Reims, c’est Jean-Luc Mélenchon. Ici le discours est clair et les raisons profondes.
C’est inouï quand on n’a plus la chape de plomb du parti sur les épaules comme tout devient plus facile.

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Mélenchon et quelques originaux restés au PS qui n’osent pas trop se découvrir, croient eux aussi que la social-démocratie, c’est fini, comme le capitalisme traditionnel.
Ce que quelques blogueurs anonymes écrivent depuis l’effondrement des banques, voilà Mélenchon et ses amis qui le découvrent !
Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle forme d’exploitation humaine, disent-ils, qui n’a plus rien à voir avec la précédente et contre laquelle il faut trouver la parade.
Nous n’avons jamais pensé autrement.
Avis à tous les rassembleurs, pour rassembler ne conviendrait-il pas d’envoyer au diable toutes les synthèses, afin de définir dans un nouveau parti de gauche, une forme de lutte adaptée à la crise et aux millions de chômeurs qui battront la semelle demain dans toute l’Europe ?
Alors, l’appareil avec Aubry ?... l’aventure interne avec Royal ?... ou externe avec Mélenchon ?
Et si le PS n’était tout simplement plus viable à cause de deux visions différentes de la société qui, tôt ou tard, finiront par s’affronter en son sein ; même si la plus « révolutionnaire » est encore assez minoritaire ?
Les jeux sont faits ! Rien ne va plus.

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