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Le fil à la patte…

André Comte-Sponville est connu du monde de la philosophie et même au-delà. Le personnage est médiatique et a publié de nombreux ouvrages. Pour une fois que la philosophie, cette spécialité passée du premier plan dans les temps anciens, quasiment au dernier aujourd’hui, possède un talent qui s’apprécie dans la publication de masse, on ne va pas chipoter sur la valeur de ce penseur à la mode.
Aussi l’avait-on choisi au centre Pompidou, le 19 décembre, pour mener un débat « Le capitalisme est-il moral ? ».
C’est une question qui est évidemment au centre de notre réflexion depuis le cataclysme financier et social de cette fin d’année 2008. Avant, nos faiseurs de pluie et de beau temps étaient prêts à parier leur chemise sur les « vertus » du capitalisme, « accélérateur de bienfaits et de démocratie ». S’ils sont toujours aussi convaincus dans la tempête, le public en est moins sûr.
On avait un peu éclipsé le côté moral des relations humaines, en faveur de la réalité économique dont le moteur est le profit. Valeur morale, contre valeur marchande, pourrait-on dire. Le mariage des deux soulevait et soulève encore des polémiques. Comment les rendre compatibles, d’autant que la récession, c’est la régression du bien-être qui guette le plus grand nombre.
On connaît le côté oecuménique de Comte-Sponville, sa facilité didactique et son style simple et direct sans atticisme, aussi efficace pour défendre les bonnes, mais aussi les mauvaises causes.
Ce philosophe recueille pas mal de suffrages parmi ceux qui se piquent de philosopher dans des cercles du genre café philo.
La philosophie ne consiste pas qu’à échanger des idées, émettre des hypothèses et se livrer à la maïeutique. Il est bon aussi d’y montrer son opinion. Evidemment, ce n’est qu’une opinion, c’est-à-dire non pas La Vérité, mais sa vérité.
Quand on fait commerce d’écriture, c’est différent. On ne se lance dans une réflexion qui a valeur d’opinion, que si on est certain de la partager avec le plus grand nombre.
Lorsque Comte-Sponville s’engage, il ne donne son opinion qu’avec infiniment de précaution, hésitant et tellement imprécis qu’on en arrive parfois au contraire de ce qu’il pense.
Par exemple son affaire avec Dieu n’est pas claire. Il ne croit pas tout en regrettant de ne pas croire et en laissant supposer qu’il a cru et qu’il pourrait croire encore. On n’y comprend plus rien. Si ce n’est que les croyants sont plus nombreux que les agnostiques et les agnostiques plus nombreux que les athées.
On n’ose en tirer des conclusions.
En un mot, André Comte-Sponville fait commerce et traiter du capitalisme par rapport à la morale est pour lui au-dessus de ses forces.

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Autre exemple, il invente une parabole destinée à nous « faire voir clair » sur le rôle éminent du capitalisme dans le progrès.
Il montre deux poissonneries en activité. Une a beaucoup de clients, l’autre non. Celle qui est la mieux achalandée aura nos suffrages. De par sa vente rapide et son grand débit, selon le philosophe, le poisson sera plus frais, et les prix meilleurs. Ce sera l’intérêt de chacun d’y acheter son merlan. Ainsi tout capitaliste raisonne de même et va où est son intérêt. Enfin, son intérêt coïncide avec l’intérêt de tous. Le capitalisme serait donc une économie de progrès et de dynamisme. Il est certainement tout cela, en théorie, et seulement pour quelques-uns. Pourrait-il l’être pour tout le monde ?
Si vous croyez que Comte-Sponville fait l’article pour la grande distribution, vous n’y êtes pas. Il est en train de nous faire croire que le capitalisme est un facteur de réduction des coûts et d’amélioration de la qualité !
Il oublie tout simplement qu’à la longue, le meilleur, le plus fort, le plus beau, finit par avaler l’autre. Dès qu’il est seul, tout peut arriver. Il sera maître des prix, maître de la qualité, parce que maître de la clientèle.
Son exemple débouche sur l’évidence qu’en fin de compte, c’est le client qui est pris en otage et le dindon de la farce.
Au contraire de ce que le philosophe en induit, la conquête des marchés accélère les monopoles et produit l’effet bizarre que la réduction des coûts débouche sur l’augmentation des prix à cause des spéculations et des oligarchies financières de plus en plus puissantes.
Le capitalisme ne réprime pas l’appétit sans fin des propriétaires du pouvoir, au contraire, il l’exacerbe.
Une situation d’équilibre est-elle possible dans le système capitaliste ?
Non plus. Entre les deux commerçants ce sera une lutte des prix, un dumping qui, s’il n’aboutit pas à ce que l’un avale l’autre, en définitive la qualité va baisser et l’équilibre des charges produira des luttes qui provoqueront des révisions de personnels et des diminutions de salaire.
Le libéralisme débridé soit le néo-libéralisme finira par être pire puisqu’il laissera au plus malin la responsabilité d’attraper l’autre, non pas par une concurrence loyale basée sur l’effort et le travail bien fait, mais sur la tricherie, l’escroquerie et le vol.
Le présent nous renseigne sur sa nuisance.
Le malheur avec certains philosophes, c’est qu’ils ne sont pas si libres d’attaches et de pensées, qu’ils le disent et qu’ils le croient eux-mêmes.
A bien observer de près, ils sont comme nous tous et ont plusieurs maîtres qui les retiennent par des fils invisibles dans une société faite avant eux et qu’ils imaginent pouvoir transformer.
Dans le chef du philosophe édité, le premier d’entre les maîtres, n’est-ce pas l’éditeur ?

Commentaires

Vous avez parfaitement raison Richard.
En plus, cette jolie femme a les mêmes pommettes que Béa, ne trouvez-vous pas ?

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