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Aernoudt : Nozick soit qui mal y pense.

Ça chauffe pas mal au MR avec la découverte par Reynders du nouveau Phénix, le dénommé Aernoudt, celui qui veut liquider les chômeurs, à commencer par les longues durées.
Reynders est un ambitieux qui se prend pour un grand stratège. Son rêve : dominer le montois et devenir le premier parti de Wallonie, cause des soucis au MR. Les Michel s’inquiètent..
Tout paraissait sourire jusque là à un président mélangeant les genres, amalgamant FDF et MCC, captant ce qu’il pouvait de célébrités locales ou nationales, jusqu’à Frédérique Ries de RTL.
Sans idéologie que celle de faire des voix, accroché à des thèmes poujadistes aussi bien que mondialistes, Reynders vient de jouer sa crédibilité et a perdu.
Le FDF peut encore réunir une grande salle de militants, c’est grâce à lui que le MR est majoritaire à Bruxelles. Gérard Deprez et Aernoudt ne représentent personne d’autres qu’eux-mêmes. Certains électeurs peuvent donner leurs voix à l’illusion qu’ils représentent. Quand les scores sont serrés, ils peuvent faire la différence.
Faire un seul lot du tout, voilà qui aurait été bon pour le MR.
La tactique pour gagner les prochaines élections, Reynders pensait l’avoir. Il a le concept capitaliste de la conquête dans le sang. Il se donne des challenges. Il conduit le MR comme un holding. Seulement, les affiliés du MR ne sont pas dans la même position du travailleur qui n’a qu’à fermer sa gueule. Certes, Reynders a distribué des emplois, les plus lucratifs sont à l’Europe ; mais, quand il propose son nouvel ami Aernoudt à la troisième place, il lèse Deprez de sa prébende. Tandis que Maingain s’affole de la présence de ce sacré Flamand conservateur.
Et c’est ça que Reynders ne comprend pas. Il ne peut disposer de ses salariés s’il ne leur assure plus la crédibilité, des emplois et des marges à deux chiffres dans son busines.
A force de jeter ses filets à la pêche aux voix dans toutes les eaux, Reynders a fini par inquiéter le FDF. Voilà longtemps que l’on sait que le MR qui a accueilli le FDF se fiche du respect des minorités. Le FDF donnait un certain lustre à Reynders qui passait pour soutenir les minorités francophones.
La crise aura changé la donne. L’antienne du respect des minorités, c’est fini. Sabine Laruelle l’a convaincu que l’effort doit porter au Centre sur les classes moyennes sinistrées. Le temps d’une politique « sociale » appropriée aux circonstances, est révolu.
Dans les accords futurs avec les Flamands, il faudra que les Francophones mangent leurs chapeaux s’ils veulent poursuivre l’Etat belge. Adieu les bourgmestres non nommés, adieu les francophones de Flandre, le grand Bruxelles, etc. Reynders les a déjà abandonnés dans sa tête. Que reste-t-il du FDF et l’intérêt de l’alliance avec le MR ?

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Didier Reynders s’est senti porté par un nouveau courant. Aernoudt lui donnait l’occasion de se renforcer dans la défense de ceux qui détiennent le pouvoir industriel.
Ce n’est pas faux de penser que les plus démunis dans cette crise sont les chômeurs, les travailleurs précaires, et les pensionnés, dont certains rallieraient de toute façon la cause libérale, redoutant que le naufrage des patrons et des riches ne soit aussi le leur. La prospérité affichée des riches, loin d’être un allié gênant de Reynders, serait au contraire le signe de leur puissance et de leur invincibilité. Le « Il faut faire avec » des lâches et des opportunistes, n’est rien d’autre que ce qui fait voter MR, aux plus pauvres d’entre nous.
Et ce n’est pas mal pensé, quand on voit que le PS a fait le travail du MR pour accréditer cette bouffonnerie d’un état libéral, dans la difficulté passagère en attendant qu’il se redresse.
Mais voilà, à l’intérieur même du théâtre d’ombres, les gens qui placent les décors se rebiffent. Deprez pleure sa place perdue dans la course à l’Europe, grince des dents, ne sait pas encore ce qu’il va faire. Maingain voit s’effondrer ce pour quoi il existe.
Reynders aime l’économiste flandrien chez Aernoudt. Il a le discours égalitaire de Rawls et la vision de l’Etat minimum de Nozick. La société qu’il préconise ne serait rien d’autre qu’une société sous la menace constante d’une guerre civile que les forces armées et la police maîtriseraient, on se doute bien comment.
Pressé par les siens à prendre une décision parce que des amateurs sont à la porte pour des récupérations éventuelles, Reynders a dû lâcher Aernoudt.
C’était tout juste.
On se demande si Maingain et Deprez se sont fait un nouvel ami d’Aernoudt, certainement pas. Et du président désavoué, encore moins.
Pour Reynders les grandes manœuvres avant les élections se sont terminées par un échec. A moins qu’il ne reste l’une ou l’autre ancienne gloire : Adamo ? Eddy Merckx ? sait-on jamais lors du mardi gras, à venir gonfler les rangs.
Une seule personne est soulagée : Antoinette Spaak. C’est bien la seule.

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