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Chinoiserie chez FORTIS

Sur le temps que le Conseil d’Etat refuse de plafonner les hauts salaires des faunes directoriales bancaires et de holdings, sous prétexte que ce serait s’immiscer dans les contrats de travail liant les salariés aux entreprises, le gouvernement, probablement sur les conseils du ministre des finances, essaie en sous-main de rallier à lui dans l’affaire Fortis, l’actionnaire chinois Ping An, afin que le vote de cet important actionnaire aille dans le « bon » sens.
Un accord aurait été conclu entre le gouvernement fédéral et les autorités chinoises selon lequel le gouvernement donnait l'assurance aux autorités chinoises qu'un vote positif de Ping An le 11 février ne changerait rien à leur demande d'indemnisation !
Quel est le rapport entre la décision du Conseil d’Etat et les efforts du gouvernement pour se concilier l’actionnaire chinois ? C’est bien simple, l’Etat laisse entendre qu’il pourrait compenser les pertes subies par ce singulier actionnaire.
Les salaires, les parachutes, maintenant le défraiement du gros actionnaires, alors que les minima salariaux ne sont pas relevés et que les petits actionnaires, dont certains sont vraiment de tout petits, sont sur la touche, c’est ce qui s’appelle une politique ostensiblement de classe.
C’est une immixtion d’un gouvernement dans les affaires privées ! Du jamais vu…
Avec le Conseil d’Etat d’une part, et les manœuvres du ministère des finances d’autre part, nous sommes entrés carrément dans le fonctionnement d’une ploutocratie d’argent.
Les actionnaires évoquent une possible violation du principe de traitement équitable entre les actionnaires de Fortis. On pense qu’à leur place, on la trouverait plutôt mauvaise.
Le cabinet Modrikamen, chargé des intérêts des petits actionnaires, menace de demander la suspension du droit de vote de Ping An.
Vous me direz, on a autre chose à faire que s’intéresser aux petits actionnaires, d’autant que dans le programme du MR, il serait question de déposer, pour eux aussi, mais beaucoup plus tard, une proposition de Loi pour un certain dédommagement. Pas plus que pour Ping An, ce serait proprement scandaleux de dédommager des spéculateurs et des boursicoteurs des pertes qu’ils subissent, même petits. C’est comme si un joueur au Casino de Spa ratiboisé à la roulette demandait une compensation au Parlement wallon !
Il n’est question que de marquer le coup dans un constat qui touche au comportement de la haute finance et d’un gouvernement à sa botte, à savoir que dans le sauve-qui-peut actuel, c’est quand même l’heure de vérité où l’on compte ses amis. Et les petits, ouvriers, employés et assimilés, actionnaires et classes moyennes, ne font pas partie de l’ultra finance. Ils en sont même très loin.
Mercredi, le groupe financier Fortis joue son va-tout. En cas de vote négatif, le bancassureur prépare un « plan B » si par malheur les actionnaires votaient contre la vente de la filiale bancaire belge au français BNP Paribas.
RTL et la RTBF se sont empressés de produire des interviews d’éminents économistes qui supplient presque les petits actionnaires de ne pas s’opposer à la vente d’actifs à la BNP Paribas. Ils décrivent une situation d’apocalypse où la banque lâchée par ses consoeurs (comme si c’était peu fréquent) aurait besoin de 30 à 40 milliards d’euros par jour et serait obligée de mendier à l’Europe (BCE) ou chez Reynders (BNB) de quoi survivre.
Si les actionnaires votent « non », la situation du groupe pourrait être aussi critique que fin septembre, quand Fortis avait été secouru d'urgence par les trois gouvernements du Benelux.
C’est dire comme tout le monde pleurniche !...
Cela devient grotesque.

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Tout compte fait, Reynders veut notre peau pour sauver quelques gros intérêts. S’il avait été « l’ami du peuple » comme sa propagande pour les élections du 7 juin va nous rebattre les oreilles très prochainement, il aurait pu nationaliser à notre profit toutes les banques en perdition, ce qui ne nous aurait pas coûter cher, aurait rendu la confiance aux clients – on nous assure tous les jours que les banques ne fonctionnent que par elle ? – payer les petits salaires et botter le cul des faillis, y compris le gros fessier du baron du Zwin qui s’est tiré sur la pointe des chaussettes avec son magot intact.
Hélas ! notre fin argentier a distribué quasiment à fonds perdu l’argent de la Communauté, que nous finirons par perdre, si ça continue, sans être plus avancés.
Et ma foi, après la tornade (à condition qu’elle finisse !) si le libéralisme avancé trouvait que ce n’est pas moderne de la part d’un Etat d’être majoritaire dans les grandes banques, il pourrait revendre ses parts à quelques banquiers moins marqués par les événements, assurément moins sots que nos sorciers de la finance.
Il aurait rendu service aux gens. On aurait voté pour lui.
Hélas ! le voilà assis au rang de la canaille et fier d’en être !
Si c’est ça le libéralisme moderne, on se demande ce qu’il va bien pouvoir dire aux travailleurs et même aux classes moyennes déchues, pour voter MR !

Commentaires

D'accord, Richard III! Ce dont nous avons avant tout besoin, c'est d'une autre façon de penser! L'échec éclatant des prometteurs-de-bon-Dieu nous offre l'occasion de réfléchir sans complexe, ex-nihilo, sans nous positionner chaque fois par rapport à des idéologies, des concepts...
Et puis, n'est-il pas plus agréable de vivre avec légèreté, d'apprécier la courbure d'un sein, bref, d'arrêter de "se souffler dans le cul pour devenir autobus", comme le disait Jacques Brel avec la vraie élégance des gens qui disent ce qu'ils pensent...:)) NB.: il pensait peut-être avec prémonition au baron du Zwin!

Les Chinois viennent d'annoncer officiellement qu'ils voteraient "non" aux décisions de rachat par le gouvernement. Je ne sais pas ce que ça va changer à ce "b...", mais pour être crédible, tu devrais peut-être revoir ta copie. En toute amitié...

Ce article publié samedi soir ne pouvait arguer du "non" des Chinois, mon cher et suspicieux Tounet.

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