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FORTISGATE

On saura en milieu de semaine si la Commission d'enquête parlementaire sur la séparation des pouvoirs va tailler ou non un costard au ministre des Finances Didier Reynders qui est le seul à n’avoir pas démissionné des trois ministres qui sont impliqués dans cette immixtion de l’exécutif au pouvoir judiciaire.
En effet les Trois cabinets ont travaillé de concert sur le dossier FORTIS. L'ancien Premier ministre Yves Leterme et l’ex ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, ont jeté l’éponge et ont convenu qu’ils n’auraient pas dû agir de la sorte. Didier Reynders, lui, tient bon, non pas en employant des arguments contraires afin de ne pas présenter sa démission, mais en niant toute implication dans le mic-mac qui a suivi la plainte d’une partie des actionnaires de FORTIS à la suite de la volonté du gouvernement de se débarrasser de la banque en la bradant à la BNP.
Evidemment, personne n’est dupe et les témoignages se recoupent de telle sorte que Reynders se trouve en porte-à-faux, seul contre tous.
Des situations analogues se sont déjà produites où l’on est presque certain que celui qui nie ment, mais où il est impossible de le prouver. Un extraordinaire face à face à la Commission Dutroux mit en présence l’adjudant Lesage et la juge Doutrèwe. En restant sur leur position respective, un des deux mentait délibérément. Faute de les départager, chacune des deux parties poursuivit sans autre dommage sa carrière.
Est-ce éthique de soutenir qu’en politique il vaut mieux mentir, même sous serment, que d’avouer une faute commise ? Apparemment non, mais on peut très bien bénéficier du bénéfice du doute, même en niant l’évidence et se mitonner de belles suites ministrables, attendu que l’électeur est un être superficiel et vain et qu’il a une idée préconçue pour qui il va voter. Il n’en démordra pas.
Par contre, quelqu’un qui convient des faits par scrupule et honnêteté sera pénalisé par son électorat pour avoir dit la vérité.
Il y a gros à parier que Monsieur Leterme va payer cher sa démission qui est pourtant celle de l’honnête homme.
D’autres exemples fameux prouvent bien que la politique n’a que faire de serment, ni de la vérité, attendu qu’en mettant la main sur le cœur pour affirmer sa bonne foi, certains y tâtent aussi sous l’épaisseur du vêtement leur portefeuille dodu.
Reynders a donc agi selon les critères de la fine politique en se désolidarisant de la démission des deux autres.
Reste à savoir si la Commission, sans preuve établie et avec les dénégations farouches de l’intéressé, tiendra compte de la coïncidence des témoignages sur les coups de téléphone, le ministre Reynders persistant à dire tout seul qu’il n’était au courant de rien.
On passe sur l’efficacité réelle d’un ministre qui dit à tout le monde que des choses importantes se passent dans son Cabinet et qu’il n’est au courant de rien.
Enfin, comment appeler les contacts prouvés par des coups de téléphone notés ? Des contacts informatifs ou des pressions ?

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Le Fortisgate accouchera-t-il d’une souris ?
Il y a fort à parier que les conclusions de la Commission seront tellement travaillées, surtout par les MR, que le parlement aura bien du mal à y trouver la paille dans l’acier de la défense de Reynders.
C’est quand même symptomatique de retrouver de-ci, de-là dans la politique belge les mêmes déductions que celles du boucher Avinain, assassin retrouvé par déduction policière, boucher de son état et dépeceur en particulier et qui, dans un élan à ses pairs de la truanderie, dit sur l’échafaud il y a près de 150 ans, cette phrase restée célèbre « N’avouez jamais ! ».
Tout en n’étant pas d’accord avec les thèses libérales et en complet désaccord avec la politique de Monsieur Reynders, je veux croire, quand même, que le président du MR n’en est pas là et que sa bonne foi finira par être reconnue. Et tant pis si cela fait de lui un honnête homme, mais un piètre ministre.

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