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Psychologie des fols.

C’était à qui était le plus fol, ce dimanche midi à la RTBf, dans l’émission « Mise au point ». Etait-ce le service et les animateurs ou le personnel politique qui avait répondu présent ? Il y avait comme un entraînement à la bêtise qui allait des questions aux réponses. Jean-Marie Dedecker parut le plus apte à sortir du lot en affirmant que moins on aurait des émissions du genre, mieux cela vaudrait. Ce fut la seule parole sage qui s’entendit, sur une heure d’émission.
Bien entendu, les gens de pouvoir vivent une situation ou l’ordre des rues, des stades et des spectacles doit cacher à tout prix le désordre du système et de ses exécutants. Mais était-ce une raison pour méconnaître à ce point la psychologie des foules ?
Il s’agissait, évidemment, de juger la conduite des supporters en général, et celle des Flamands en particulier qui hurlèrent sur un stade « Les Wallons, c’est des cacas », suivant la relation qu’en fit le Ministre président de wallonie.
On sentait que la bonne éducation de Rudy Demotte, avait déjà beaucoup souffert des milieux socialisants avant ce dimanche. Il avait une peine extrême à dire « caca ». Il détacha les syllabes « ka » « ka », bref ce fut affreux. Le coup suivant, il se sentit plus à l’aise en troquant le mot honni contre le mot « merde » qu’il prononça très franchement, comme dans un meeting ! Non, mais, où donc les socialistes vont-ils les chercher ?
Enfin, ces hallucinés du contrepet ont-ils jamais ouvert l’étude de Gustave Le Bon sur le sujet ?
« Dans certaines circonstances données, et seulement dans ces circonstances, une agglomération d’hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux de chaque individu qui la compose. La personnalité consciente s’évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. Il se forme une âme collective, transitoire sans doute,mais présentant des caractères très nets. La collectivité devient alors ce que faute d’une expression meilleure, j’appellerai une foule organisée, ou, si l’on préfère, une foule psychologique. Elle forme un seul être et se trouve soumise à la loi de l’unité mentale des foules. » (1)
Apparemment la loi de l’unité mentale des foules n’était connue de personne sur le plateau, si bien qu’on a glosé tant et plus. Si l’on veut considérer que le facteur déterminant dans cette opposition entre Flamands et Wallons est avant tout le drame d’une frontière imaginaire et qu’à défaut de frontière réelle, elle a pris le nom de frontière linguistique.
C’est quand même fort que personne n’ait reconnu cette faute initiale, qui n’émane pas des foules, mais d’un personnel politique dont nous avions les successeurs sur le plateau.
Quant aux querelles entre supporters d’une façon plus générale, elles sont à la hauteur du niveau des foules, souvent insupportables et incompatibles avec le moindre bon sens.
Les débatteurs découvraient jusqu’où la complaisance pouvait les unir dans un consensus à la manière des foules, comme dans un match de foot, sauf qu’ils étaient tous pour l’arbitre.
C’est ainsi qu’on a eu droit à l’apologie du football, première religion mondiale !

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Dans le fond, cela arrangeait tout le monde que des énergumènes se défoulent autour d’un terrain de foot. Ah ! s’ils n’avaient pas crié « Les Wallons, c’est des cacas » risquant ainsi de déborder sur un sujet sensible, les quolibets sur les nationalités des joueurs et leur couleur seraient passés inaperçus. On se souvient, il y a plus d’un quart de siècle, qu’un des attaquants noirs du Standard, Bonga Bonga, était familièrement appelé blanchette par ses ardents supporters, sans que personne y trouvât à redire.
Il faut dire que le tout répressif à beaucoup progressé depuis la loi Moureaux. Si bien qu’aujourd’hui il n’y a plus que les Juifs qui se risquent à plaisanter sur les Juifs !
Sur le plateau, les plus formatés étaient encore le président d’un club et celui de l’Union belge.
Un des deux résuma l’émission, « Tout ce qui est excessif devient insignifiant ». On pouvait ne pas l’entendre dans le sens généralement convenu des gens accusés de populisme, plutôt dans le sens que toute bêtise même dite de façon modérée reste une bêtise.
Vouloir intégré Aernoudt dans un programme de parti avec Maingain était excessif et donc devint insignifiant. User excessivement de la carte de crédit d’un hôpital devient insignifiant, etc.
Les meneurs de foule de ce dimanche midi correspondaient à l’idée que s’en faisait notre philosophe au siècle dernier « Les meneurs sont peu clairvoyants, et ne pourraient l’être, la clairvoyance conduisant généralement au doute et à l’inaction. Ils se recrutent surtout parmi ces névrosés, ces excités, ces demi-aliénés qui côtoient le bord de la folie. Si absurde que soit l’idée qu’ils défendent ou le but qu’ils poursuivent, tout raisonnement s’émousse contre leur conviction. »
Sacré Lebon, c’est comme s’il sortait d’une réunion d’un parti politique.
Je me suis arrêté là. Le chapitre suivant concernait les foules électorales. J’ai pris peur.
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1. Gustave Le Bon « Psychologie des foules », in PUF, 1963.

Commentaires

Je viens de lire dans Le Soir d’aujourd’hui que le déjà regretté François Martou disait il y a 2 mois à peine et sans langue de bois : « Je pense qu’il faut assez vite mettre en cabane des gens qui ont escroqué, falsifié, qui ont formé une sorte d’association de bandits. Et là, je pense à Lippens, Votron, Miller… ». Bien que membre du PS, il co-signait tout récemment un appel à balayer le libéralisme, appel qui accusait au passage le PS « d’avoir participé à la régression sociale » , lui demandant de « rompre avec son libéralisme, light et généralement honteux, pas moins nocif que celui de la droite ». Dommage que des gens comme lui ou André Renard partent si tôt… !
Quand on aura mis les financiers véreux en cabane, il sera toujours temps de reparler des ivrognes qui gueulent dans les stades…

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