« KONARD | Accueil | Réinventons l’avenir. »

Béotie libérale.

Avec les économistes qui savent tout avant tout le monde, mais qui se trompent comme personne, on touche à une catégorie de citoyens habiles à tirer de l’argent d’un savoir supposé qui confine à l’escroquerie.
Certains escrocs de haut vol prédisent le temps qu’il fera demain à Wall Street. Ils sont les gourous fétiches de nos bougres de libéraux.
Entre le catastrophisme d’Attali et le lèchebottisme de Minc, il y a toutes la gamme des références américaines qui ont fait les délices de la collection « Que sais-je ».
On pourrait établir un catalogue des prédictions qui se sont révélées fausses depuis la crise. Le constat est assez drôle : aucun économiste ne l’avait prévue, alors que tout employé de banque d’expérience savait que tout allait mal finir.
Nos ineffables réformistes s’engouent encore de quelques économistes américains, considérés out-of-date.
Louis Michel, en verve, cite parfois Joseph Aloïs Schumpeter (1883 - 1950). Son «il faut au contraire plus de libéralisme, plus de mondialisme » vient de la lecture de son oeuvre. Joseph Aloïs est connu pour ses théories sur les fluctuations économiques, la destruction créatrice et l'innovation. Il est l'auteur d'une Histoire de l'analyse économique, parue en 1954 et qui fait encore référence chez nos libéraux. On voit d’ici la tête des Américains laissant casser la Général Motors par Obama, selon les théories du personnage !
Qu’est-ce qui pousse la droite à trouver Schumpeter intéressant ?
On se demande si les dislocations d’entreprises secondaires « admises » par « la doctrine libérale », n’ont pas permis aux financiers un enrichissement rapide et sans danger, jusqu’en 2008 ?

beotie.jpg

Un autre « charlatan » Milton Friedman (1912-2006) est l'un des économistes les plus influents du XXe siècle. Ardent défenseur du capitalisme, c’est l’Alexis de Tocqueville moderne ! Dans son œuvre la plus connue, « Capitalisme et liberté », il déroule sa théorie sur le rôle de l'État dans une économie de marché, qui laisse baba le lecteur libéral. Pour lui, le seul moyen d'atteindre la liberté politique et économique, c’est de diminuer au maximum l’intervention de l’Etat. Il souffre ensuite à démontrer la supériorité du libéralisme économique sur les autres systèmes. Avec l’éclairage de la crise, son lyrisme tombe à plat.
C’est ce farfelu que Louis Michel préfère. Milton est aussi l’inventeur d’un thermomètre de l’inflation. Il isole certains facteurs et prédit le temps qu’il fera demain dans les Bourses. Heureusement qu’il est mort il y a trois ans, de s’être trompé dans les grandes largeurs, il n’aurait pas survécu à 2009.
Comme il fallait de l’exotisme à la doxa libérale, sur la table de nuit de nos augures de droite, on pourrait trouver l’Indien Jagdish Bhagwati (1934) champion des nouvelles théories du commerce international, inventeur de la croissance appauvrissante ! Il propose l'impôt appelé impôt Bhagwati : impôt ponctionnant les ressources expédiées de la diaspora d'un pays vers son pays d'origine. Ce qui fera plaisir à tous les ouvriers étrangers qui travaillent en Belgique pour nourrir leurs familles restées là-bas. Sa mondialisation a quelque chose d’hystérique. J’ignore sa réaction à la crise, provoquée justement par la circulation des avoirs pourris et des hypothèques titrisées de l’Oncle Sam. On ne sait pas si le trio mondialiste Reynders, Michel, Kubla le pratique encore ? Mittal doit l’apprécier beaucoup.
On pourrait citer Frédéric Hayek que Reagan amena dans ses bagages à la Maison blanche avec Milton Friedman. Un Hayek inventeur de la « main invisible de l’économie » et d’une théorie des crises toujours étudiée sérieusement par les libéraux, quoique ses livres ne se vendent plus si bien.
Je plains les étudiants en économie qui ont commencé une thèse sur ce pauvre type…
Ces messieurs du MR feraient mieux de jeter un œil sur les œuvres du nouveau prix Nobel d’économie, Paul Krugman (1953). Celui-ci est assez pessimiste quant aux mesures prises par Obama pour sortir l’Amérique du noir profond de son économie. Il pense que confier aux banquiers qui ont tout faux, le soin de trouver les remèdes à leur propre carence est absurde. C’est à peu près ce que fait Reynders en Belgique.
Krugman prétend que puisque le gouvernement des Etats-Unis a tiré les banques hors de l’eau où elles se noyaient, ce n’était pas la peine de le faire si c’est pour remettre les mêmes moniteurs de bain au bord de la piscine.
Krugman est très influent aux USA, bien qu’il n’ait pas l’oreille d’Obama qui ne jure que par Larry Summers, assez proche cependant de ce que pense Krugman.
Bien entendu, ces deux-là, le MR ne veut pas en entendre parler.
Ces messiers du libéralisme avancé devraient quand même vérifier si les gens qu’ils copient dans leurs propos ne sont pas tout simplement has been depuis la crise.
On a beau se dire que Louis Michel a dû avaler à l’Europe quelques grains d’Ellébore, tout de même, il ne devrait pas se lancer dans des théories en prenant les citoyens pour des imbéciles, sans avoir au moins lu attentivement le pour et le contre de ce qu’il avance.

Poster un commentaire