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Reynders, équilibriste.

Le G20 est du pain béni pour le ministre des Finances Didier Reynders. A Prague, notre premier économiste, suite à l’euphorie officielle, a prévu que la Belgique retrouverait l’équilibre budgétaire en 2015.
Ah ! il est fort…
Et puis tout à l’avenant. Un programme auquel Minc ne trouverait rien à redire.
Le déficit public dépassera la limite de 3 % du PIB, inscrite dans le pacte de stabilité européen, pendant trois années consécutives. Le déficit atteindra 3,4 % en 2009 avant de culminer à 4 % en 2010 et de se réduire ensuite progressivement à 3,4 % de déficit en 2011, 2,6 % en 2012, 1,5 % en 2013 et 0,7 % en 2014. Finale en 2015 avec l’équilibre parfait, applaudissement des foules et réélection par acclamation au MR de Didier. La facture des dépassements, c’est pour nous.
Mais pas folle la guêpe, ce mirobolant projet ne sera possible que si le soutien au secteur financier et les plans de relance produisent leurs effets et parviennent à rétablir la croissance économique. Autrement dit, si la banque demandait une petite rallonge pour son redressement patriote, le plan digne de la campagne d’Austerlitz, serait fichu !
Deuxième bémol, si la banque demandait davantage, ou si la crise s’avérait plus longue, le programme de stabilité de la Belgique s'en trouverait gravement compromis.
Donc de ce plan précis et « rigoureusement » établi, Reynders n’a nulle idée de sa justesse.
Tout ce qu’il donne à voir, c’est un formidable culot et l’assurance du chef qui fait merveille pour les foules énamourées.
Le Conseil supérieur des Finances, autre assemblée de l’à-peu-près magistral, avançait deux scénarios de retour à l’équilibre budgétaire, le premier en 2013, le second en 2019.
C’est la Commission européenne qui va être aux anges avec le rapport du bouillant ministre !
Heureusement que l’Irlande monopolise toutes les inquiétudes attentives en ce moment.
Mais, Reynders n’en est pas resté là. Il a pris des engagements en matière d’échanges d’informations fiscales dans le cadre des conventions internationales pour éviter la double imposition et il mettra tout en branle au cours des semaines et mois à venir.
Quel homme, mais comment peut-il être partout, nous rassurer, nous couver et travailler d’arrache pied ? Il ne dort plus, parole !
Autre chantier (le mot est souvent employé par des gens qui ignorent tout de la vie des vrais chantiers), notre illustre espère décrocher notre beau pays de la liste grise d’infamie des paradis fiscaux dans les prochains mois.

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Comme le ministre n’est pas avare de dates, il a précisé que dès 1er janvier 2010, la Belgique pratiquera l’échange automatique d’informations avec les autres Etats membres de l’UE dans le cadre de la directive sur la fiscalité des revenus de l’épargne.
Si nous sommes sur la liste grise, nous sommes loin du compte des grosses lessiveuses des îles Anglo-Normandes et des Iles Vierges américaines, qui elles ne sont mentionnées nulle part.
Qu’importe, on connaît la consigne du père du libéralisme avancé, notre grand Louis Michel national : « Encore plus de libéralisme, d’échanges, de liberté du commerce… ».. Ah ! mais, le vieux prépare son retour dans la vie politique belge. Maintenant qu’il a fait son beurre à l’Europe, il a envie de se faire plaisir, les poches pleines de fric. Comme Reynders s’est embringué dans des filets d’horaires et de promesses, il y a beaucoup de chance qu’au moins il va foirer sur l’un ou l’autre dossier . Alors, il appartiendra à un des deux Michel, le père ou le fils, de laisser filer le bruit que Reynders a tout faux !
A ce jeu, on dirait que le tandem de Jodoigne a eu un poisson pilote bénévole en la personne de Kubla.
Et dire que tout ce beau monde, postule la reconduite des emplois publics pour service rendu à la patrie ! Ah ! ces libéraux. On renfloue leurs banques, on est mal parti dans le chômage et les voilà qui réclament encore plus de libéralisme, c’est-à-dire plus d’embrouilles, plus de coups de Bourse, plus de gros appétits à pourvoir !...
S’il y a bien une chose que l’on regrette dans l’information, c’est le manque de suivi. Ces jours-ci, nous avons été gâté par une avalanche d’information, de dates, de promesses précises. Il y a gros à parier qu’aux échéances annoncées, aux paris de la reprise, aux promesses d’échanges d’information fiscale entre les pays de l’OCDE, comme personne n’a la maîtrise de rien et, mieux encore, est incapable de prévoir tant les paramètres sont incertains, les données imprécises et l’impondérable inéluctable, que tout ceci sera billevesées. Le ministre et tous les économistes auraient été plus honnêtes en nous disant qu’ils ne savent pas de quoi demain sera fait.
Il est vrai que la sincérité est la pire des choses en période électorale.

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