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Souriez, vous êtes filmé !

Ce qui est surprenant, c’est la surprise de Michel Konen qui découvre que 108 politiques font l’objet d’un dossier à la Sûreté de l’Etat ! Alors que cette pratique existe depuis toujours !
A fortiori les dossiers sur les syndicalistes, les Ecologistes et les Rattachistes, cela doit faire quelques armoires, et bien plus que 108 dossiers ! Si on y ajoute les flamingants, le Front, les Anars et le Belang, c’est un quart de la Belgique en fiches !...
A l’encontre des anciens adjudants photographes rentrés dans la police, plus les hors-cadre de la Sûreté, les caméramans des longs métrages belges pourraient porter plainte pour concurrence déloyale.
Et pourquoi cette méfiance collective à l’égard de citoyens qui ne sont pas a priori des individus dangereux, ces travellings des cortèges pacifiques ? (Si ça se trouve les 300.000 gros plans de la marche blanche sont toujours en cours de montage, faute de moyens.)
On ne sait pas.
Intuition des Dupont-Dupond ? Renseignements inutiles servant à justifier des emplois chez les « spéciaux » du Royaume ? Hantise du coup d’Etat ? A qui le crime profite-t-il ? Que deviennent les renseignements recueillis ? Qui a le droit de les consulter ? Qui détermine que tel ou tel individu est suspect ? A quel critère l’Haut-lieu obéit-il ?
Toutes ces questions devraient être posées au Comité « R » qui surveille ceux qui nous surveille pour le compte du Parlement. Et quand bien même, qui va surveiller le Comité « R » ?
Si la Loi prévoit des investigations « préventives » afin de lutter contre l’extrémisme, qui a établi des critères pour qualifier les extrêmes ? Quel est l’expert qui va décréter qu’il faut ficher tel ou tel ? C’est encore un truc à la gueule du client, un pauvre, un gueux, un malchanceux…
Car enfin, quand on lit les dernières déclarations préélectorales de Michel-le-Vieux, on peut les qualifier d’extrémistes !
Je doute fort qu’il ait sa fiche à la Brigade !
Depuis longtemps, on fait de l’à-peu-près dans cette démocratie de carton. Voilà plus d’un siècle que l’Haut-lieu monte des dossiers contre les partis qui ne lui plaisent pas, il doit y avoir des montagnes de papier quelque part !
Dans les couloirs entre les rames de papier, nos modernes inquisiteurs glissent, telles des ombres, parfois retardés dans leur cheminement par des dossiers qui dépassent d’où s’échappent des photos de syndicalistes, Renard, Yerna, du Mouvement Populaire Wallon, Genot, Lambion, des Rattachistes. Peut-être un poster de Gendebien est épinglé dans un coin et les frères Happart surpris dans une manif des Fourons à balancer les pommes d’une mauvaise récolte sur la tête des gendarmes flamands, Paul-Henri Spaak haranguant la foule place Madou, André Cools cassant une vitre en face de la Populaire.

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Les frères Daerden devraient pouvoir se servir des archives d’une telle importance des citoyens moyens de ce pays, pour un film sur les mœurs de la police.
On se demande à quoi tout ce cirque à jamais bien pu servir, sinon à des causes parfaitement ignorées des honnêtes gens ?
A part les détails croustillants, pittoresques, les courtepointes soulevées, les couvercles des bidets entrouverts, ce service n’a jamais été fichu d’aider la justice en quoi que ce soit. Les CCC ont été débusqués après leur forfait et pas par eux. La bande du Brabant wallon a terminé ses tueries sans être dérangée par aucun photographe à galons, quant aux extrémistes du Front, ils ne parviennent plus à être crédibles même chez Jean-Marie, qui, si on le lui demandait, se ferait un plaisir d’envoyer à qui de droit l’album de photos de famille de ses cousins belges !
Alors, ce bidule inquisitorial et sournois, à quoi sert-il ?
Toujours selon la gazette de Michel Konen, l’Article 8 de la loi du 30 novembre 1998, donne mission à nos super flics le pouvoir de surveillance des partis extrémistes. Dans une démocratie frileuse et resserrée au centre, la gauche et la droite perdent de leur sens. Un poivrot qui rentre chez lui en chantant l’Internationale ne sait pas qu’il court un grave danger, celui d’être pris pour un communiste !
Il y a contradiction entre le droit formel du citoyen et les devoirs de cette police de l’intime.
A quoi comparer ces nouveaux gardes suisses d’un roi que personne n’arrêterait à Varenne, tant dans son malheur la foule serait capable de crier « chiche » !
Plus près des services que rendaient l’ancienne police des garnis et la brigade mondaine des romans de Simenon, qu’avons-nous besoin de ces gens-là ? Nous n’avons plus rien à cacher, les banques nous ont tout pris !
Aragon se payait la tête d’un vicieux à galons dans « Les Cloches de Bâle », serait-ce un cousin éloigné de notre police de l’ombre ?.
Jusqu’à preuve du contraire, les seuls trublions actuels et qui menacent la démocratie et l’Etat lui-même, sont bel et bien les banquiers, les traders et les boursicoteurs internationaux. Ne devrait-on pas compter ceux qui les soutiennent parmi les gens dangereux, les ennemis de l’ordre démocratique ?
Mais, que fait la police ?

Commentaires

Les Daerden, c'est père et fils.
Les frères, ce sont les Dardenne.

Merci pour cette précision.
Mon erreur est involontaire, quoique les Daerden font aussi leur cinéma.

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