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Le PS et le blairisme.

L’affaire Donfut jointe aux autres, « l’aventure du dernier voyage en Amérique » du Président Happart et de ses amis, le salaire d’un ministre régional wallon à 11.000 euros et des poussières en cette période de vaches maigres, tout enfin montre le divorce entre une classe politique qui étale sa prospérité et une population qui fait du surplace.
Des disparités énormes existent dans les salaires du privé. Cela n’émeut personne au MR, ni au PS. Il appartenait à un parti de gauche de pratiquer une discipline sur les rémunérations de ses élus, c’est loupé ! Cela aurait permis au moins de faire la différence entre une droite égoïste et une gauche généreuse.
La droite aime l’argent, la réussite tapageuse, les cumuls et les dessous de table, puisque c’est dans sa conception de l’économie. On a le regret de le dire, le PS aussi !
Pourquoi cette gauche en est-elle arrivée là ?
D’aucuns verront en Di Rupo le mauvais président qu’il fallait ou mauvais moment. Je ne suis pas sûr, qu’il porte toute la responsabilité de la dérive dans cet affaissement de l’éthique.
Il y a eu divorce entre ce que le socialisme défendait initialement et ce qu’il défend aujourd’hui. J’entends d’ici Papa Daerden s’esclaffer et dire de sa voix traînante habituelle « la lutte des classes, c’est dépassé », gommant ainsi la souffrance des gens en même temps qu’il affiche ses convictions libérales.
Au tout début des « trente glorieuses », à la mort du POB, le PS comptait sur la FGTB pour maintenir une pression sociale sur le patronat.
Quand dès 1975, il n’était plus possible d’envisager la montée régulière des salaires, sans entrer en conflit avec les actionnaires, les partis chrétiens et libéraux prêtèrent la main au PS, afin de tromper la rue.
Ce fut la politique du déficit de l’Etat qui commençait et l’arrêt du progrès salarial.
Dehaene alla au delà des espérances de la classe dirigeante en tuant ce qui restait des espoirs des petits salaires et des pensions au nom de l’austérité nécessaire à l’entrée de la Belgique dans l’euro. Il y mit une délectation particulière quand on sait aujourd’hui que cet homme est banquier..
Et que fit le PS lors de cette agression ?
Il applaudit à l’effort et fit en sorte que l’appareil de la FGTB affilié au PS mette la pédale douce.
De Busquin, à Di Rupo, il fut jeté un voile sur la modification des objectifs afin que le gros des électeurs du PS n’aille pas donner de la voix dans les syndicats.
Peu à peu s’élabora ainsi une défense du socialisme qui n’était plus la défense des travailleurs. Et puisqu’il fallait bien un terrain d’action, on choisit la Déclaration des Droits de l’Homme.
Toutes les rénovations proposées par Di Rupo n’ont conduit qu’à renforcer cette substitution.
Vit-on jamais pareil président qui s’est petit à petit entouré d’un staff très en pointe sur le sujet ; mais indubitablement « réactionnaire » sur le progrès social ?
Citons-en les figures : Marie Arena, Philippe Courard, Fadila Laanan, Jean-Claude Marcourt, Karine Lalieux, Thierry Giet, Jean-Charles Luperto, Laurent Devin, Joëlle Kapompolé, Paul Furlan.
Il n’y a dans ces gens qui ont la mission de réformer le parti, aucun vrai socialiste, aucune personnalité revendiquant la part essentielle du peuple dans ce parti.
Di Rupo a cherché et obtenu un leurre lui permettant de se libérer de l’assise ouvrière de l’ancien POB. Il a troqué la lutte des classes contre la Déclaration des Droits de l’homme, objectif en soi respectable, mais insuffisant.
Les Droits de l’homme accaparent l’idéalisme du discours, qui ne débouche que sur la surexposition des atteintes aux droits des gens venus d’ailleurs, passant sous silence l’étranglement de la classe ouvrière en Belgique.
L’éloignement de cette gauche diserte et glosant, avec celle qu’on a connue jusqu’à la fin des années 50, tient dans la nature des élus, tous bardés de diplômes à faire valoir et fructifier ; mais reproduisant les figures les moins intéressantes du mouvement ouvrier : un sectarisme rampant, une idéologie de circonstance et une excommunication des groupes rivaux en interne.
Le PS belge, consciemment ou non, fait du blairisme.

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Tony Blair a quitté le 10 Downing street en juin 2007. Depuis ce retrait de la vie politique, le blairisme n’a pourtant jamais été aussi influent au sein de la social-démocratie européenne. Il est même publiquement célébré dans certains cercles conservateurs et néolibéraux. Stricto sensu, le terme “blairisme” renvoie à l’action politique entreprise par le New Labour au pouvoir, sous la direction de Tony Blair, puis de Gordon Brown. Il existe une acception plus large : le blairisme peut être pensé en terme de “modèle politique” ; une feuille de route qui inspire tout ou partie de la social-démocratie aujourd’hui. La “voie blairiste” ne relève donc pas du passé mais de l’avenir ; celui des forces social démocrates qui, de manière explicite ou implicite, adoptent une ligne politique blairiste.
Loin d’être un particularisme britannique, l’idéologie de Blair s’est imposée en Belgique. C’est un phénomène qui affecte aujourd’hui tous les partis sociaux démocrates en Europe.
Que va-t-il se passer après le 7 ?
Il se pourrait que la direction du PS reste en place.
A moins que des Sections ne se brouillent avec le blairiste de Mons.
Mais, cette dernière hypothèse est la plus improbable, quand on connaît la façon dont le PS muselle les courants en interne, par ses petits chefs locaux.

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