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C’est de la merde !

Jean-Pierre Coffe avait le pouvoir que Rabelais donne aux « motz de gueule ». On se disait, en l’écoutant « ce type a de la répartie », ce faisant, il prend notre défense : la mauvaise bouffe, c’est nous qui la bouffons. On ne savait pas que dans le verbe bouffer, il y a bouffon. Lui, c’est un bouffon didactique, une sorte d’imprécateur attentant à la personne royale : les entreprises de la bouffe en série, les maltôtiers de la vinasse, les empoisonneurs de la mise en boîte, les voltigeurs du frelaté et de l’anti-frais. Coffe pourfendeur et justicier incarnait à merveille le personnage. Ses images que nous renvoyait la télévision le montraient le panier de la ménagère au bras, discuter le prix de l’échalote aux maraîchers.
Son art de la table était de plein air. Son en-cas dans le pré se disputait aux insectes de saison. On le croyait élever des poules dans la basse-cour d’une ferme ancienne. Ne l’avait-on pas filmé en sabots sous des oliviers ? On ne voyait pas que ces sabots était du sur-mesure d’un chausseur parisien.
Avec Coffe « on frottait son lard ensemble » parce que le cochon était à l’étable et qu’il grognait la veille de son sacrifice dans la basse-cour.
On pensait que le chroniqueur avait fait son beurre de vache normande, comme par hasard et que ses débuts aux antipodes, chez Michou, ou dans les revues déshabillées pour touristes n’avaient rien à voir avec le don Quichotte du chapon qu’il était devenu.. On l’imaginait désintéressé, comme si cette expression aujourd’hui galvaudée pouvait avoir cours à la télé !
Quelques livres, des passages aux émissions de radio et de télé assuraient largement sa matérielle et, pour un homme magnifiant le repas à quelques euros, on ne doutait pas qu’il se désintéressât tout à fait de l’argent.
Ses plus beaux contrats étaient à base d’éthique entre le téléspectateur et lui. Ils ne lui rapportaient que de l’estime et un peu de la gloire d’être une star dans son domaine.
Les premiers doutes vinrent à son partenariat chez Drucker. Monsieur « formidable » montrerait-il une touche plus authentique avec lui à son public lambda ? Cependant, le maître fit bien voir que Coffe n’attaquerait plus désormais que ceux qui ne peuvent se défendre.
Quoique toujours vitupérant, il advint qu’on n’attribuât plus à ses gros mots que ce qu’ils recélaient de vulgaire. Les mois suivant, on se demanda ce qu’il fichait chez les stars aidant Drucker à étaler son petit matériel de cireur de pompes.
Le voile se déchira certains jours de mai, lorsqu’on entendit l’imprécateur sur Europe 1 vanter « le goût de vivre moins cher » chez Leader Price !

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Passer du côté des empoisonneurs après les avoir dénoncés, confine au cynisme le plus accompli.
On s’était trompé du tout au tout sur cet homme. Son but unique était de faire du fric. Il avait trouvé un filon exploitable, asséché, il s’était tourné vers un autre. Peu importe s’il est le contraire du précédent. Il lui resterait suffisamment d’inconditionnels lecteurs et auditeurs pour monnayer au maximum son ralliement à la cause adverse.
Cette fameuse phrase imputée à l’homme « c’est de la merde », il l’applique dorénavant aux détracteurs de chez Leader Price, celui-ci grand pourvoyeur justement de cette merdre tant décriée et aujourd’hui tant vantée.
Un journaliste de Marianne, sans doute réputé pour digérer du béton, a essayé d’avaler les produits que J.-P. Coffe, mandaté par Leader Price, envoie d’autorité dans l’assiette du pauvre monde.
Il recommande à ceux qui ne craignent pas l’ulcère à l’estomac, les filets de poulet rôti (qui laissent un goût désagréable), les saucisses fumées à l’acide ascorbique (laissant une odeur de viande rance), le blanc de dinde à l’odeur d’œuf moisi, le steak haché de saumon (immangeable), le pâte de foie (agent conservateur et colorants avec son odeur de pâtée pour chien), etc. etc…
J.-P. Coffe est devenu une sorte d’ennemi public, un danger de la table non encore maîtrisé qui aurait besoin de quelques intoxications alimentaires pour qu’on s’en méfie.
Franchement oui, Jean-Pierre Coffe, c’est de la merde, depuis qu’il est devenu le chantre de l’industrie agro-alimentaire et de son aval bancaire, la grande distribution.
Ces empoisonneurs publics ont copié la méthode Sarkozy. Pour détruire l’adversaire, il suffit d’en corrompre les plus fragiles comme le furent les Eric Besson et Bernard Kouchner.
Coffe n’a pas résisté au chèque avec quelques zéros.
Voilà une victime – consentante - de plus de la société de consommation, qui se sera fait connaître comme le roi de la mise en boîte. Il ne lui reste plus qu’à exploiter le créneau de l’assurance obsèques où il recommanderait à ceux qui ont écouté trop quotidiennement ses conseils, de prendre les ultimes précautions qui s’imposent après les digestions difficiles.

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