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Sylvio et les « veline »

A juste titre, on peut écrire et dire pis que pendre de Sylvio Berlusconi.
Ce blog ne s’en est pas privé.
Le cavaliere bat tous les records en matière de transgression. Tout y est passé : corruption, prise de participations douteuses d’initié, 50 % des moyens de diffusion de l’information sur toute la péninsule, un show plus qu’une gouvernance avec une ancienne prostituée strip-teaseuse dans le gouvernement, débauche de mineure, vulgarité, populisme, etc.
Et, d’un autre côté, on peut savoir gré à cet homme d’affaire sensuel et richissime d’éclairer les tares d’un système dit démocratique jusqu’à des dérives qui progressent encore, faisant de la démocratie italienne une caricature, en même temps qu’elle montre le chemin que peuvent prendre les autres.
Grossies par les médias dont il a la clé, les débauches du Président du Conseil loin de lui valoir la réprobation de son électorat, lui donnent au contraire une réputation de mâle italien qui flatte l’ego d’une couche d’électeurs non négligeable.
Les couloirs du Parlement italien ressemblent aux galeries couvertes du Palais Royal de Paris sous la Régence de Philippe d’Orléans. On n’y parle que des relations de l’Etat avec les péripatéticiennes.
A l’heure où l’Italie s’enfonce dans le marasme économique, alors que le chômage atteint des sommets, les parlementaires de l’ancienne école ressassent la promesse que le Cavaliere aurait faite à la belle et peu farouche Patrizia D’Addario de lui donner un siège au Parlement européen.
C’est bien par l’effet d’une démocratie déboussolée que Sylvio au lieu de coucher dans une cellule d’un centre d’incarcération se roule dans les draps de satin du palazzio du premier ministre, avec des créatures divines à sa dévotion.
Et c’est là qu’il m’épate. A lui tout seul, il fait plus de dégâts que tous les brigadistes, les gauchistes et même les partisans de Ben Laden réunis dans les consciences bourgeoises, au point que cet homme est une vraie bombe.
Mais qu’est-ce qui fait que tout le monde lui pardonne dans les classes du bas de l’échelle ? L’un de ses trucs est la vulgarité. C’est un homme de spectacle des télévisions à paillettes dont on raffole dans les campagnes de la Lombardie aux Pouilles. Sa démarche est dans le fond anarchiste. Il détruit l’idée noble que l’on se fait du pouvoir.

On rit de ses saillies, de ses grossièretés. Ici, nous les inscrivons dans les gaffes diplomatiques. En Italie, on en suffoque de plaisir à s’en taper les cuisses !
Quand il accueille la chancelière allemande d’un « Coucou Angela », c’est tout juste s’il ne lui met pas la main aux fesses. La télé berlusconienne s’empare de la « facétie ». L’Italie de la Commedia dell’arte se déboutonne, se débraguette et pète de bonheur à la lune sur les quais du Tibre devant le mausolée Saint-Ange qui fait la gueule.
D’une certaine manière le pouvoir se désacralise, en même temps qu’il nous montre dans le rôle du Pantalone romain les limites réelles du pouvoir politique, tant lui, Berlusconi, milliardaire, se sent à l’aise par la supériorité de l’argent, partout où il va.
Il peut dire « je n’en ai rien à foutre » ou « va te faire enculer » à n’importe qui. On l’a même vu faire deux doigts derrière un de ses ministres sur une photo officielle, tout en riant comme un potache qui en fait une bien bonne.
Et puis, il fascine pour son argent, sa flotte d’avions, ses villas, et son bagout de nouveau riche, signe qu’il n’est pas encore rassasié de sa gloire financière vieille d’au moins trente ans.
Est-il poursuivi par la Justice italienne pour une sombre affaire de gros sous, il monte un parti à la diable, se présente aux élections, ses millions font le reste. Il est élu. Aussitôt, il fait voter une loi qui l’immunise de toute poursuite.
On aurait tort d’aller plus loin dans la moquerie sans prendre la mesure des retombées du berlusconisme partout en Europe. Tous les Etats en sont éclaboussés.
La démocratie à l’italienne est devenue la bête noire des autres Etats qui craignent que sous la caricature on ne découvre chez eux d’autres « personnages », plus cérémonieux, certes, plus respectueux aussi, mais qui, dans le fond, cachent sous les traits de l’honnête homme un fond aussi nauséabond que le sien.
Le Berlusconisme est une aventure comparable au fascisme. Sauf que tout se passe en douceur. Il n’y a pas de crimes, seulement de petites saloperies qui font rire entre amis ; mais, par son pouvoir financier et médiatique ayant touché par ce levier au pouvoir politique, il a vidé ce qui restait de propre dans le système démocratique et montré par là que celui-ci n’était plus qu’une enveloppe vide qu’avec de l’audace, de l’argent et du bagout, n’importe quel voyou peut s’approprier.
Pour cette démonstration, merci Monsieur Berlusconi. Ce que j’écris depuis toujours espérant éveiller les consciences, est drôlement plus efficace quand c’est vous qui faites passer le message !

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