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L’éternel retour.

On n’arrête pas le progrès. Le tout c’est de savoir dans quel sens ! Comprendre le progrès comme un passage à un degré supérieur, selon le dictionnaire, ne précise pas en quoi ce degré est supérieur. On pourrait très bien progresser selon les uns et régresser selon les autres.
Exemple : Audi Bruxelles va faire usage d'un nouvel arrêté et instaurer un système d'horaires ultra-flexibles. Lorsque le constructeur lancera un modèle, les ouvriers connaîtront des semaines de travail pouvant aller jusqu'à 48 heures (maximum légal). Et lorsque, quelques années plus tard, la demande pour le modèle fléchira, la semaine de travail pourra être réduite au point qu’à certaines journées, on ne fera plus qu’entrer et sortir !
On n’arrête plus de faire des progrès comme Audi en Belgique, crise oblige, ou plutôt mondialisation et faux prétexte obligent.
Le comble, ce progrès est dû à un Arrêté ministériel, infirmant la prétention de progrès du dictionnaire. Le progrès en Belgique ne serait possible que lorsqu’il est Arrêté !
Sans Arrêté, Audi aurait des difficultés à progresser. Ça ressemble à du Raymond Devos.
Mais que l’âme bourgeoise, féconde et nourricière que nous partageons avec Sabine Laruelle, nous rassure. Le « bon sens » est aussi en marche, car Syndicats et direction d'Audi ont trouvé un accord de principe.
L’événement est de taille.
Avant, les syndicats défendaient les travailleurs. Aujourd’hui, ils défendent l’emploi.
Richard est devenu fou, diront certains, mais défendre l’emploi, c’est défendre les travailleurs.
Non, ce n’est pas la même chose. En défendant l’emploi on diminue la qualité du travail en abaissant le travailleur, on humilie l’individu au profit du nombre.
La nuance est importante, de fait les syndicats sont entrés dans la logique patronale. Mais ils y sont entrés en traînant les pantoufles Les syndicats ne bondissent pas de joie devant cette évolution, nous dit la dubitative Béatrice Delvaux, égérie du "Soir" . « Nous n'avons pas eu le choix, dit Guy Daneel (CSC). Avant d'accepter de reprendre Forest, délaissée par VW, Audi nous a contraints d'accepter ce système. Nous avons dû signer, pour garantir les 2.200 emplois. ».
Soufflez hautbois, résonnez musette, la FGTB vient de changer de camp. Désormais, la FGTB s’est alignée sur le PS, il ne défend plus des hommes, mais des idées. Tout le monde sait comme les idées sont volages. Rien qu’à les énoncer, on voit déjà le sens contraire à l’esprit de départ qu’on pourrait y mettre.

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Nous revoilà en plein dans le progrès « régrès » - pardonnez ce néologisme. Le progrès-régrès, c’est comme un tram sur voie unique. Au terminus, le wattman le traverse avec sa petite manette et l’arrière devient l’avant, contrairement à la philosophie de Charles Péguy « L’humanité campe sur l'escalier du progrès qui monte et jamais ne descend", Péguy qui, entre parenthèse, n’a pu progresser longtemps, il est vrai qu’on était en 1914 et qu’il était en pantalon garance et sous un casque en cuir bouilli…
Sur le cours plus « tranquille » de l'Histoire, la légende affirme, avec l’approbation de Clio, que rien n’empêche l'homme de voguer sur le fleuve espoir, mais sans jamais satisfaire son désir.
Un désir satisfait, n’est plus un désir et tout est à recommencer. Plutôt que de sombrer dans l’aporie de Diodore, nos maîtres à penser nous choisissent de nouveaux désirs, tout en nous suggérant au passage que seule la nécessité existe.
Martine Aubry avec la semaine de 36 heures avait touché chez nos voisins à la limite extrême du désir assouvi. Il fallait bien réinventer le désir, c’est Audi qui l’a trouvé en ramenant la chose à 48 heures, permettant ainsi à la FGTB d’espérer une nouvelle raison d’être dans les dix prochaines années, par exemple, être en mesure d’arracher une loi des quarante heures pour 2020 !
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, le gouvernement qui a un atroce besoin d’argent, vient d’en trouver un autre : désormais il va ponctionner de l’argent sur l’usage exagéré que l’on faisait du GSM. On pense qu’en feront les frais uniquement les communicants professionnels. Quand on s’apercevra pour contourner l’obstacle, qu’il suffit à l’employeur de suggérer à l’employé d’acheter lui-même un GSM, que l’achat et les communications seront compensés par un ajout à la prime de fin d’année, les Autorités n’auront plus qu’à taxer tout le monde !
C’est ce qui s’appelle un « régrès » social, selon ma nouvelle formule.
Avec mon « régrès » la supercherie des politiques pour faire croire aux lendemains qui chantent sera dévoilée et l’impudeur de leur progrès éclatera au grand jour.
Nous faire croire que le progrès est lié au bonheur, c'est nous démontrer par l’absurde que nos sociétés ne font pas que des gens heureux ; le lier à l'émancipation, c'est rendre évident que le progrès ne fait pas disparaître l'exploitation et l'aliénation ; le lier au destin de l'humanité, c'est constater que si la loi générale est de mourir un jour, vivre n’est pas compris de la même manière selon que l’on soit un petit ouvrier de dix ans en Colombie ou un fils à papa de Neuilly.
C’est au contraire démontrer que la société capitaliste est en plein « régrès » pour le plus clair des hommes et en « progrès » pour Alain Minc, Van Rompuy et mon propriétaire.
A quand les huit jours de congé payé et la loi Le Chapelier ?

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