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Pour ou contre les minarets en Suisse ?

Que les tartufes quittent leur prie-dieu et répondent à cette question sans jouer aux cons.
En pinailleur de blog, il faut savoir l’ouvrir, même quand ça gêne aux entournures. Faire un choix ! sans quoi c’est pas la peine de jouer les francs-tireurs. C’est même la seule raison de se taper deux heures de colle tous les soirs : marquer sa différence. Avant de fourrager dans les consciences, vaut mieux fourrager dans la sienne. Dans l’alternative contraire, autant s’abonner aux journaux conventionnels et collectionner les lieux communs.
En Belgique, c’est déjà plié. On sentait bien au ton des journaux télévisés et des partis politiques de pouvoir : c’était un coup de l’extrême droite suisse ; le populisme ne rallierait pas cette fois une majorité d’Helvètes ; on éviterait le racisme du vert-de-gris dans le gruyère…
Calquant sur la politique du PS qui compte se refaire une santé en offrant au pays « une large ouverture d’esprit d’un humanisme de consensus » à défaut de défendre les populations contre la mondialisation de l’économie, les autres rombiers étaient assez d’accord avec la petite lâcheté de Di Rupo. Défendons l’humanité entière, ainsi on nous lâchera la grappe sur celle des hauts-fourneaux et des emplois précaires qui trouent de pare en pare la société belge.
Catastrophe ! Enfer et damnation !... 57,5 % des citoyens !... une majorité comme il y en a peu en Suisse est pour l’interdiction des minarets.
Voilà le tort d’aboyer ses certitudes à tort et à travers, un peu par conviction, beaucoup pour entraîner la ruche là où l’on veut qu’elle butine.
Parce qu’il va être difficile d’imaginer que l’extrême droite compte 57,5 % de nazis en Suisse !
Tous adolphins, c’est trop gros. Une alternative pareille, ça ferait tort à notre démocratie.
La plèbe, quand elle refuse un projet chéri des stars du système est immature, quand elle l’adopte, on parle d’une seule voix comme Cicéron ! On nous a déjà assez traités de cons au Traité de Lisbonne.
Ce serait fort de café. Ce sont les Suisses qui votent mal, et c’est nous qu’on soupçonne !
Le scandale a suffisamment grossi ces dernières 24 heures, pour se le tenir pour dit : la Suisse ne veut pas d’autres cuberdons géants que les cinq déjà inscrits dans le paysage.
En même temps, il y a ragoût et on pourrait se poser des questions sur l’attitude de certaines voix autorisées, c’est-à-dire représentant un courant de l’opinion.

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"La Suisse vient de virer à l’extrême droite" réagit Jean Ziegler, sur France Info. Pour les amateurs de la Suisse vue par Jean Ziegler, ils pouvaient croire que c’était fait depuis longtemps.
"Catastrophique", selon Tariq Ramadan, dont on ne sait pas encore, depuis le temps qu’on le connaît, s’il désavoue ou non, la primauté de la Charria des musulmans sur les Lois des pays qui les accueillent. Bernard Kouchner ne pouvait faire moins qu’être consterné, tandis que du côté du gouvernement français, en général, on se montre satisfait du résultat, sans trop oser le proclamer bien haut, attendu qu’on vote pour les Régionales dans 3 mois en France.
Marine Le Pen exulte. On en est un peu gêné ; mais, basta ! vaut mieux ça qu’un détail de l’histoire de son vieux.
En Belgique, on en est au ton indigné des écologistes qui veulent en appeler aux droits de l’homme à Strasbourg ou pis, aller tambouriner à la porte de la Cour européenne. Dans les Cantons ce serait presque les Hutus contre les Tutsis, selon Javaux, l’ancien du patro….
Paradoxalement le préambule de la Constitution suisse proclame, "au nom de Dieu Tout-Puissant", l'esprit "de solidarité et d'ouverture au monde" du peuple et des cantons suisses. En Belgique, le Code, les mœurs et les « réactions » ne se sont pas encore tout à fait ralliés à une stricte laïcité, garante de toutes les libertés en limitant l’interférence des cultes dans les affaires de l’Etat.
L’Etat de droit n’a qu’une chance de survie, ô combien précaire. On dépend les crucifix dans les tribunaux et les maisons communales, et on fait ses patenôtres et ses génuflexions à domicile..
On a enterré trop vite les vieux socialistes avec leur sifflet « tut ! tut ! tut ! plus un sou aux curés ». Di Rupo était trop jeune, il ne s’en souvient pas. Il y avait pourtant du bon sens, là-dedans !
Modestement et à mon tour, je rappelle qu’un des piliers de la démocratie est la laïcité, ce que tout le monde semblait avoir oublié dans le débat, à commencer par les socialistes.
On a peiné et on souffre encore à décoller nos curetons de la chose publique. La paix scolaire nous coûte des milliards avec les réseaux du Libre et de l’officiel. Ce n’est pas le moment de remettre le couvert avec les barbus, d’allonger la facture. Le denier du culte, merci, on a assez donné !
Je suis pour la liberté d’exercer chez soi ou ailleurs, mais avec discrétion, les professions de foi que l’on veut. Mais je trouve insupportable d’être réveillé tous les dimanches matin par des disciples de Jéhovah en mission évangélique.
Eux s’accrochent avec des brochures selon lesquelles le monde n’est vieux que de 3000 ans. Les autres ont l’air plus déterminés à me casser la gueule, comme les cathos du temps de Torquemada si je ne laisse pas pousser ma barbe, pendant que ma compagne se déguiserait en zombie pour faire son marcher.
-T’es jaloux mon minou ? Attends, je mets une burqa pour mes courses au Carrefour
Je suis un laïc et veux le rester. Tout ce qui est de nature à me prémunir de la connerie des religions sera le bienvenu. Pour une fois que l’Etat suisse se veut laïc, je ne vais pas bouder mon plaisir. Si l’Etat belge, moins trouillard pour une fois, renvoyait toutes les religions au respect du droit des laïcs à ne pas croire, je lui tirerais mon doulos….
Les lecteurs m’auront compris. Vive la Suisse.

Commentaires

Bonjour Richard 3,

Citoyen français habitant Paris, j'apprécie beaucoup vos chroniques corrosives.
Je me retrouve assez dans les opinions que vous exprimez dans "Pour ou contre les minarets en Suisse ?" Vous soulignez l'aspect idéologique de cette votation. Vous écrivez que l'Etat de droit "n’a qu’une chance de survie, ô combien précaire" face aux religieux de tous poils. Vous pointez l'attitude des sociaux démocrates du PS. Je suis tout à fais d'accord avec vous sur tout cela.
Cependant vous terminez en écrivant " Pour une fois que l'Etat suisse se veut laïc, je ne vais pas bouder mon plaisir." La laïcité est un principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l'Etat n'exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises aucun pouvoir politique. En quoi le refus que s'érigent de nouveaux minarets est-il une preuve de la laïcité de l'Etat suisse ? En quoi l'Etat a-t-il à défavoriser une religion par rapport aux autres ? Mais je n'ai peut-être pas bien compris.
Avec les 57,5 % de suisses manipulés par une campagne raciste, cédez-vous soudain à la grande peur qu'inspirent les extrémistes musulmans et autres talibans bas de plafond ? Mais je n'ai peut-être pas bien compris, bis repetita.
Pour information je suis athée et laïc.
Amicalement.

Pourquoi la laïcité" se mèle-t-elle de religion ?
Si personne n'impose son point de vue à l'autre, si chacun admet le point de vue de l'autre, je ne vois pas de problème.

Peut-être avez-vous raison. J'ai vu le problème par le petit bout de la lorgnette. Je me suis dit : voilà enfin une saine réaction à la prophétie de Malraux "le XXIme siècle sera religieux, etc..." (Je n'écris pas la suite de la citation car c'est une connerie). J'ai entrepris cette chronique pour commémorer une prise de position laïque, la première, en espérant qu'il y en aura d'autres. J'attends de voir.

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