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L’Histoire nous mord la nuque.

L’aventure humaine tourne une page. Nos dirigeants n’en ont pas encore pris conscience, pourtant nous sommes à la fin du libéralisme fondé sur le consumérisme !
L’idée même de révolution qui semblait avoir disparu, sauf dans la tête de quelques utopistes nostalgiques, pourrait redevenir « l’idée rayonnante d’utopie heureuse, de libération et de fête » si je peux me permettre de puiser ces mots dans les textes de Daniel Bensaïd, philosophe, mort ce 10 janvier 2010.
C’est à la suite d’un modeste entrefilet répandu dans la presse de ce matin, que ce regain d’intérêt pour la suite de l’Histoire saute aux yeux.
« L'Office national de l'emploi (ONEM) a exclu 3.147 demandeurs d'emploi au cours des six premiers mois de 2009, soit une moyenne d'un peu plus de 20 cas par jour ouvrable, écrit mercredi De Morgen, sur base d'une note de l'ONEM. Il ressort des chiffres les plus récents de l'ONEM qu'au cours des six premiers mois de 2009, 1.882 personnes ont été exclues après deux ou trois entretiens avec l'ONEM. Les motifs sont multiples, par exemple les personnes qui ne sont pas disposées à travailler ou le travail en noir. Pour 1.265 personnes, l'exclusion est survenue après avoir reçu une allocation réduite pendant six mois »
Bref, au lieu de faire du temps libre, cette société fait de la misère.
Cet article passé complètement inaperçu est pourtant dans sa simplicité sèche l’aveu accablant d’un défaut d’organisation des Lois dans le respect d’un Etat de droit.
Voici des fonctionnaires, certes organisés et protégés par les circulaires du Ministère de l’Emploi qui sont chargés de supprimer totalement ou partiellement le pain de la bouche de citoyens sans que cette décision passe par un jugement du tribunal, sans que l’opinion s’en émeuve, au contraire, s’en prévaut comme Joëlle Milquet, tel un exploit !
Alors que le peu de moyens que l’Etat récupère, sur le temps qu’il laisse filer des milliards de fraude fiscale, aurait permis sans doute – même si dans le nombre se glissent toujours quelques petits malins – à quelques personnes de ne pas crever de faim, à quelques enfants, fils de ces infortunés, de se chauffer, de se vêtir, de ne pas sombrer dans la misère noire.
Et à ce méprisable bilan, des gens ricanent, assurent que c’est bien fait et que la justice a été rendue. Mais, non, elle n’a pas été rendue, la justice, puisqu’elle est arbitrairement appliquée par ceux qui n’en ont pas le pouvoir, mais à qui on le donne par « mesure d’ordre administratif ».
Dans cet article révélateur, un autre détail devrait attirer notre attention.
« Depuis l'entrée en vigueur de mesures de contrôle plus strictes de l'ONEM début juillet 2004, l'ONEM… », vous avez bien lu comme moi, déjà en 2004 et a fortiori quatre années plus tard, en pleine crise, en 2008, les contrôles ont été plus sévères encore, si bien que « Le nombre de sanctions au cours des six premiers mois de 2009 est un peu plus élevé en comparaison de 2008, où 4.523 chômeurs avaient été exclus sur l'ensemble de l'année. »
Alors que le déficit d’emplois touche le pays entier, les exclusions du chômage redoublent !
L’incompatibilité de ce régime avec le bien-être de la population est évidente. Aujourd’hui, non seulement le nombre de sans emplois pose question, mais aussi des travailleurs dont les revenus couvrent à peine leurs besoins.
La machine a toujours faire plus s’est enrayée, et le produit intérieur brut régresse. Le progrès envisagé sous la forme d’une production toujours accrue des biens, la marchandise n'est pas le dernier mot de l'aventure humaine, tout de même !.
Pour le plus grand nombre, le rêve capitaliste : C’EST FINI !
L’offensive anti-chômeurs est révélatrice du passage d’une démocratie molle, à un « despotisme raisonnable » qu’on qualifiait du temps de Frédéric II d’« éclairé ». La « démocratie » par procuration, c’était déjà ça, non ? quand ça marchait toujours bien !
Cela nous ramène au temps de la guerre froide, à la rivalité des deux blocs. Que n’a-t-on dit sur le Régime d’en face, vérités et mensonges confondus ! Au moins le soviétique avait quelques qualités parmi ses défauts, à commencer par les études (les intellectuels russes comptent parmi les plus brillants et les plus nombreux d’Europe en pourcentage de la population), les pensions (Poutine a fait perdre 50 % du pouvoir d’achat aux petites pensions), une certaine égalité dans les revenus (un médecin ou un avocat percevait un salaire équivalent à un bon salaire d’ouvrier qualifié). Si l’on oublie les apparatchiks, après Staline et ses crimes, ce n’était pas le rêve ; mais, cela n’a été désastreux qu’au moment de l’offensive Reagan qui savait ce qu’il faisait dans son option guerrière et qui mit à genoux l’URSS (le mythe de la guerre des étoiles !).

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Que ce soit en Allemagne de l’Est ou dans un pays de la zone d’influence, une certaine nostalgie persiste parmi les gens modestes.
Eh bien, le capitalisme entre dans une phase « communisante » des pertes et du labeur afin de préserver à ses apparatchiks les meilleures places et les hauts salaires, mais sans aucun des petits avantages que le régime soviétique donnait aux populations.
Pour la Belgique, la politique est à présent le seul moyen de s’enrichir quand on est né pauvre et qu’on n’est pas convaincu de bien gagner sa vie en travaillant.
Il faut en finir avec une certaine conception mécanique du progrès, et d'envisager l'Histoire comme un agencement d’événements désaccordés. Un marxisme moins dogmatique, attentif à l'inouï de l'événement comme aux "misères du présent" disait Péguy, est à nouveau possible.
Je n’ai rien à vous vendre, encore moins à vous filer une carte de parti que je ne possède pas moi-même, il n’existe pas à gauche un vrai parti rassembleur ; mais j’ai en moi la rage d’aider les opprimés que sont aujourd’hui les "vaincus" de la société capitaliste et quitte à m’exprimer tout seul et sans l’appui de personne, c’est ma façon d’apporter ma pierre au changement.

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