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Politicopithèque.

La plus grande confusion règne aujourd’hui sur le sens de la politique et les fonctions des partis. Ce n’est pas étonnant puisque nous sortons d’un schéma économique pour entrer dans un autre et que cette nouveauté est ou mal perçue ou rejetée par avance par les conservateurs et par les progressistes alliés aux conservateurs !
Si nous ignorons ce qu’il adviendra demain de la démocratie confrontée à un nouveau cycle économico politique, nous sommes sensibles aux changements visibles qui se sont déjà opérés, à l’exception des partis qui s’obstinent à penser comme hier, alors que nous nous apercevons que demain est proche.
On a beau dire que le drame est dans le durcissement des relations entre le capital et le travail, il est surtout entre la démocratie et les partis qui nous y représentent.
Qui ne voit que les belles théories qui ont valu l’assentiment largement majoritaire pour une collaboration capital/travail afin de répartir dans la paix sociale, les richesses produites, sont largement dépassées ? Cependant les socialistes et les libéraux poursuivent comme s’il ne se passait rien que de très commun, une politique vaguement social-démocrate, entraînant dans leur sillage la représentation du monde du travail que sont les syndicats et les mutuelles.
C’est ainsi que sont toujours traités les différends que séparent des intérêts opposés, comme s’il était encore question d’entreprises conduites par des autochtones sur lesquels peuvent faire pression des sentiments d’appartenance à la Communauté nationale.
L’Europe joue également ce rôle rétrograde, au point qu’on traite la politique à son niveau comme si nous en étions à réfléchir sur ce qu’il conviendrait de faire après le new deal de F.D. Roosevelt. Les dispositions en ce sens vont toujours bon train à l’Europe qui poursuit sans état d’âme le démantèlement des entreprises d’Etat, livrées pour trois sous à des entrepreneurs connus qui se font aussitôt rachetés par des inconnus, autrement plus redoutables que ne le fut jamais Bernard Tapie.
Et c’est dans tous les domaines le même scénario.
Il n’y a guère de différence entre ce qu’on écrivait sur la démocratie il y a cinquante ans et ce que l’on écrit en 2010. Ce sont toujours les mêmes clichés qui servent de réponse à tout. On en est encore à peser le pour et le contre du vote obligatoire, alors qu’on devrait plutôt s’intéresser à ce que voter signifie encore et se poser la question de savoir comment il conviendrait de donner plus de pouvoir au peuple.
On en est presque à partager unanimement la conviction que le vote ne sert plus à grand chose, que les dés son pipés et que tout est arrangé à l’avance.
Si les partis ne tirent pas les conclusions qui s’imposent, c’est autant parce qu’ils en retirent un profit à défaut d’une légitimité et qu’ils vivent pratiquement sans la connaissance réelle de ceux qui les élisent.

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Il faut avouer que c’est une situation dangereuse et qui peut déboucher sur n’importe quoi.
L’économie évolue, la capitalisme s’internationalise, les actions de solidarité et le social se minorent au profit de l’individualisme. Le rapport entre les bas salaires et les hauts s’agrandit. L’irrespect de ceux qui travaillent d’une nouvelle classe de surdoués pour les superprofits, descend jusqu’à trouver raisonnable de travailler pour 800 euros par mois.
Les nouveaux pensionnés rejoignent immédiatement la catégorie dite de grande pauvreté. Une seule remarque à cela : mais où va-t-on ?
A-t-on oublié que l’abandon de la lutte des classes au profit de la social-démocratie a été obtenu sans peine – il n’y a même pas eu débat – par le parti socialiste à condition que les progrès qui étaient sensibles à l’époque du renoncement le fussent sans à-coup et réguliers ?
Comment est-il possible que les universitaires qui tapissent les réunions de bureau du boulevard de l’Empereur ne le voient pas et laissent un sourd et aveugle les diriger ?
A quoi songent-ils les après-midi studieux, quand ils concoctent entre eux une politique « de progrès » ?
Est-ce possible d’être obtus à ce point de moudre encore et toujours les petites lois pour asseoir le budget, pour pacifier les grandes villes et faire respecter les citoyens paisibles, quand les grands tumultes venus de l’extérieur ferment des usines rentables et grignotent chaque jour davantage les avantages et salaires qui ne concordent pas avec la concurrence chinoise ?
Qu’est-ce qui pousse encore à l’écologie, à s’équiper en vert, à sauvegarder l’environnent quand ceux qui y vivent ne sont pas respectés et encore moins sauvegardés ?
Quel est donc le motif qui donne du poids aux grandes idées du siècle sur l’avenir de la planète et le devenir des hommes, quand le devenir immédiat est des plus inquiétants ?
On aura beau se récrier que les pays dévastés par les inondations se sont des pays déboisés par l’habitant pour se chauffer et cuire les aliments, quand peut-être dans moins de dix ans nous serons obligés de faire la même chose pour survivre ?
Et tandis que de congrès en congrès, de G20 en G20 le temps passe, rien n’est fait sur d’autres graves problèmes qui risquent d’ébranler l’humanité dans très peu de temps, comme l’accroissement exponentiel de la population du monde, cause première des massacres d’espèces animales, des pollutions formidables et de l’impossibilité matérielle de nourrir tout le monde, malgré les fous dangereux qui pensent que la population pourrait atteindre 12 milliards sans problème.
Et pendant ce temps, que fait-on ? On se demande comment on va faire pour doter les ménages émergents en Inde et en Chine pour qu’ils accèdent à l’automobile !
Franchement quand on entend les discours de ceux que nous avons la mauvaise fortune d’élire malgré nous, c’est à se poser la question de savoir si nous vivons sur la même planète.

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