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La démocratie cartonne à Bagdad !

C’est toujours ainsi que les conflits se terminent, non qu’ils le soient réellement, mais il suffit que les médias n’en parlent plus, pour croire qu’il n’y a plus d’événement.
Alors, des protagonistes de ces conflits, on ne retient que ce qu’a bien pu en dire le camp auquel on adhère, même si l’on a été critique envers lui.
Ainsi le conflit irakien.
Les Américains nous font croire à la lente convalescence d’un Etat en pleine reconstruction. Et, puisqu’ils le disent, on a tendance à croire que c’est vrai.
Oubliés les faux prétextes d’agression d’un pays, certes qui était sous dictature – mais depuis quand les dictateurs sont-ils exclus des Nations Unies ? – oublié la comédie anti Saddam passée du père au fils Bush, les pantalonnades des services secrets américains sur les preuves que l’Irak poursuivait le rêve de posséder la « bombe » un jour.
Le Monde occidental a gobé tout ce que les anglo-saxons ont bien voulu leur raconter, et, puisque c’était pour le bien du peuple irakien, il a salué le combat pour la démocratie que les Américains et les Anglais – ces derniers entraînés comme toujours derrière leur grand modèle - ont mené à bien.
Hélas ! pour l’opinion si vite oublieuse, la guerre d’Irak n’est pas terminée.
Les Américains auront beau déclarer qu’ils retirent progressivement leurs troupes après avoir mis sur pied une armée et une police locales rendant ainsi l’Irak aux Irakiens, plus de 100 personnes ont été tuées récemment, sans compter les blessés, par des guerres entre milices et devant une autorité irakienne loin d’avoir les performances qu’on lui attribue dans le monde occidental.
Fiasco sur le terrain et fiasco de la démocratie, puisque le pays est sans gouvernement depuis le 7 mars, sans que la crise puisse être dénouée prochainement.
Vous me direz, en Belgique, nous sommes des habitués à ce vide politique ; à la différence que l’Irak n’est pas la Belgique et si deux communautés s’y déchirent aussi : Sunnites et Chiites, c’est là-bas à coups d’attentats et d’assauts à la kalachnikov qu’elles s’expliquent.
Croyant dénouer la crise, la diplomatie américaine est arrivée en gros sabot, même si elle était dans les escarpins de Hillary Clinton, afin de pousser Ahmed Chalabi, un revenant du temps de Bush, responsable de la pagaille qui suivit « l’épuration » de l’armée et de l’administration de tous les anciens partisans de Saddam et une des raisons de la colère du pays après que l’armée américaine d’occupation se soit mêlée des affaires intérieures de l’Irak.
Derrière la pagaille que l’armée américaine ne maîtrise plus, l’Iran pointe le bout du nez et attend le jour où l’Irak devienne incontrôlable, après que le dernier GI ait replié devant les caméras, le dernier drapeau US d’occupation.

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Avec des Chiites minoritaires mais qui touchent à leur base arrière de l’Iran, ce dernier n’a pas besoin de faire grand-chose pour faire tomber le fruit de l’arbre.
Au Nord, les « alliés » des Américains, les Kurdes veulent toujours la ville de Kirkuk, riche de ses puits de pétrole. Ils sont quasiment autonomes par rapport à Bagdad et entendent bien le rester. La Turquie s’inquiète de l’aide que les Kurdes d’Irak apportent aux Kurdes de Turquie. Quand on sait que les Turcs vivent pratiquement dans un pays qui s’appellent aujourd’hui la Turquie, mais qui est en réalité un assemblage de terres conquises les armes à la main, le dernier holdup a été l’Arménie du sud, on aura compris qu’ils sont assez chatouilleux sur leur souveraineté nationale, d’autant qu’elle est en grande partie usurpée.
Seul un enfant de chœur, comme notre Javaux national, peut encore croire au redressement de ce pays cassé en trois parties dans lequel factions criminelles et intégristes fanatiques barbotent dans une mare d’intérêts divers, camouflés en démocratie par les « collaborateurs » de l’armée d’occupation.
C’est à se poser encore et toujours la même question : « Qu’est-ce que les Américains font en Irak sept ans après leur guerre éclair ? »
Loin d’avoir servi d’exemple à la démocratie, l’Irak ressemble à l’Afghanistan, une sorte d’image en creux, un parfait repoussoir de caricature d’une démocratie imposée.

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