« On embauche dans les partis. | Accueil | Mammuth et Camping 2. »

Vous avez dit ÉLITE ?

L’inadéquation saute aux yeux entre un enseignement qui survalorise les logiques abstraites et une réalité de terrain dans laquelle on ne peut se passer de prendre en compte la contrainte humaine.
C’est la logique de Télécom-France appliquée à l’école !
L’incapacité des gens issus des meilleures formations à prendre en compte la réalité des chantiers rencontre évidemment la quête du rendement absolu de l’économie, qui se moque bien du facteur humain.
L’enseignement, dans sa déduction hypothétique, se mue dans la pratique en une machine implacable de productivité, même si sur le papier, l’aspect social n’est pas ignoré, bien que, presque toujours il n’est que synonyme d’emploi.
Résultat, le réel n’est plus perçu pour ce qu’il est, mais comme une résistance « au progrès », un obstacle que l’université apprend à vaincre au nom du culte de l’exact.
Les deux paramètres sont le profit et la satisfaction des clientèles, abstraction faite des travailleurs, ainsi que le management l’exige le plus souvent.
Les universités dissertent encore sur le vécu et l’émotionnel, mais hors des sciences économiques, aux facultés médicale et philosophique sans rapport avec les premières, sauf dans les réparations thérapeutiques des dégâts que les autres leur laissent.
On ne peut étudier les contraintes humaines que sur le terrain, à charge de l’ingénieur d’exécuter soi-même les tâches fastidieuses et répétitives, et puis ensuite, en tirer les conséquences après une journée pleine de travail, et non après dix minutes au cours desquelles il a fait le rigolo devant la galerie.
Dans une société incapable de discerner les possibilités humaines, le diplôme est une manière d’abdiquer la prétention de donner à chacun la place qu’il mérite.
Le maître mot est de « faire des études », non pas celles qui correspondraient le mieux au désir que l’on a de s’intégrer par un travail souhaité, mais celles qui procureraient le plus d’argent par le plus de débouchés, étant entendu que les professions libérales restent l’objectif suprême, pas pour l’intérêt de faire qu’elles représentent, quoique cet objectif entre pour beaucoup chez certain, mais pour y jouir des privilèges accordés par l’ancien sentiment d’appartenance de classe et d’y obtenir des rémunérations qualifiées d’excellentes.
La société ainsi créée, est squattée en sa partie supérieure par les universitaires. En gros, ils viennent du milieu social adéquat. Ils ont gravité dans le même système global et tiré les mêmes conclusions sur la nécessité du travail, du management et du savoir-faire pour la prospérité d’une société libérale entendue. Le parcours atypique dans ces milieux fermés est celui de l’adolescent « inapte » aux études, non pas parce que d’intelligence faible, mais d’une autre forme de pensée « inclassable » et qui n’a pas court dans ces milieux.
Les études finies, ces gens trouvent naturellement à s’employer dans des situations « adéquates » dans le privé ou dans l’administration, sinon dans la politique. Ils atteignent souvent un maximum de rémunération endéans les cinq ans. Parfois certains d’entre eux aboutissent à des émoluments de la haute banque ou de Conseil d’administration, tout cela normalement, comme une chose due et allant de soi.
Ceux qui réussissent dans les pouvoirs publics et dans la politique sont exactement formés de la même manière que ceux qui font tourner les usines. Ils sont déconnectés des réalités par les études qu’ils ont faites et par une propension de tout être humain à un niveau de jouissance qui ne lui fait plus distinguer l’intérêt privé de l’intérêt collectif. Ils mêlent ainsi les deux par insouciance et par le défaut qu’ils ont de considérer ceux qui ne sont pas leur pareil avec un certain détachement, sinon avec un certain dédain.

elite.jpg

Le public en voyant certains d’entre eux évoluer devant les caméras de télévision se demande ce que ces gens ont de plus pour se permettre de trancher de tout et de décider pareillement en se montrant toujours satisfaits d’eux-mêmes, même si le pays devient un champ de ruine et que leurs décisions ne débouchent jamais que sur le fiasco de la situation telle qu’on la connaît.
Cependant, personne ne met en cause l’université qui les a créés.
Peut-être qu’un jour, comme il en va à la fin de tous les crédos et de toutes les idoles, de l’ingénieur à l’avocat, du notaire au spécialiste, certains passeront un sale quart d’heure au tribunal de l’opinion, quand les yeux du peuple se seront dessillés.

Commentaires

Même si je ne suis jamais qu'un très petit plumitif, je ne peux m'empêcher d'applaudir à cette analyse parfaite. Un des meilleurs Richard III que j'aie lu depuis longtemps. Longue est la route Camarade, mais on fini toujours par arriver à destination. Hasta Siempre...companero.

Poster un commentaire