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Cro-Magnon et pognon.

Les affaires en France ont permis aux spécialistes de scanner une partie de la société jusque là restée dans l’ombre : les riches.
Non pas tous les riches, il s’en faut de beaucoup, comme les questions que l’on se pose, qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Quelles sont leurs relations avec la société de droit ? La démocratie ? etc…
Les Bolloré, les Dassault, Les Frère ne sont connus que par des aspects anecdotiques de leur existence dorée, un yacht, un journal, un grand crû, un scoop révélateur ; mais, c’est la première fois qu’on approche d’aussi près une immense fortune, celle de la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt. .
Ce n’est pas triste.
Une idée forte est au-dessus des autres. Ces gens dépensent sans compter pour s’assurer des alliés en politique. Ils sponsorisent, « arrosent » serait plutôt le verbe adéquat, des gens issus des partis de droite, des clubs, cercles et mouvements de droite. Par exemple celui qui a été au départ de la fortune Bettencourt, le père de Liliane, était un pétainiste notoire qui eut quelques déboires à la Libération… mais quand on a de l’argent, tout finit par s’arranger.
Ils nous fascinent par leur puissance qui n’a rien à voir avec le talent personnel et leur propre travail, mais de privilèges issus de l’argent que la démocratie leur concède. Certains ne sont que des héritiers, des gestionnaires du travail des autres. Ils nous fascinent aussi par la fructification de leur bien en toute conjoncture et leur retransmission un peu comme la société de l’Ancien Régime qui ne supportait les mésalliances que pour redorer les blasons, par des mariages d’intérêt.
Michel Pinçon, sociologue voit trois catégories de riches. La première compte les héritiers comme par exemple Ernest-Antoine Seillière ; la deuxième, les hommes d'affaires tels que Jean-Marc Lech, le patron de l'institut de sondage Ipsos, ou Pierre Belon à la tête de Sodexho, la troisième composée de ceux qui ont des qualités personnelles exceptionnelles, c'est-à-dire les sportifs, artistes ou bien les gens de la télévision. J’ajouterai à ces trois catégories, une quatrième, celle des aventuriers, des maffieux, de certains politiciens et des pique-assiette de génie dans laquelle j’inscris Jean-Marie Banier, cotisant à l’ISF, à la suite des dons accumulés de ses relations féminines.
Les riches venus d’horizons différents ont donc des cultures et des approches de la société variées, sauf qu’il leur semble – globalement - que la droite défend mieux leur patrimoine que la gauche. Parfois même l’extrême droite, puisque Jean-Marie Le Pen a hérité d’une fortune laissée à sa disposition par un membre richissime du FN.
Si les héritiers ont le souci de transmettre à leurs enfants les biens qui leur ont permis de goûter aux douceurs de la vie, il n’en va pas de même des riches récents qui se sont faits eux-mêmes. S’ils aident le plus souvent leurs enfants, ils ne leur transmettent pas forcément l'entreprise qu'ils ont fondée ou développée. Mais à ce niveau, un coup de piston est parfois synonyme d’un nouveau riche potentiel et leurs carnets d’adresses sont fournis.

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La tradition patrimoniale est loin d'être dominante et l'entreprise doit être prise en charge par des personnes compétentes. Pour que l’affaire reste dans la famille, il faut parfois l’ouvrir à quelques administrateurs de talent venus de l’extérieur, l’héritier n’étant plus qu’un coupeur de coupons de dividende, un actionnaire principal… Certains, comme Pierre Bellon, ont formé leurs enfants à l’âge d’homme dans l’entreprise, en vue de la reprendre quand il sera nécessaire.
Certaines fortunes sont éphémères et disparaissent avec leur propriétaire. Par exemple les sportifs et les artistes. Une fortune liée entièrement au talent pose le problème de la transmission en l'absence de position sociale. Personne ne peut prédire si les enfants auront les mêmes talents. La base de la fortune n’est pas la même que celle reposant sur des usines et des savoir-faire. Les sportifs et les artistes ne transmettent pas le même genre de patrimoine. Les enfants ne sont pas, le plus souvent élevés dans la culture bourgeoise et dans l’amour de l’argent. Chez les uns, on leur apprend à être des héritiers et à ne pas dilapider le patrimoine pour le transmettre, à ne pas étaler leur fortune. Ils sont responsabilisés très tôt. Ils savent tout de suite qui ils sont et d’où ils viennent. Ils sont dépositaires d'un patrimoine qui, à la limite, ne leur appartient que dans ses excédents, à eux la charge de le transmettre.
Chez les autres, ils restent saisis de l’extraordinaire chance de leur parent à qui ils ne découvrent parfois aucun mérite. Ils cultivent le complexe d’Œdipe… L’instinct suicidaire s’y développe plus qu’ailleurs…
On n’entend jamais - que très rarement – parler de la déperdition de la génération suivante chez les riches. Les Dassault succèdent au Dassault sans cri et sans tapage.
L’ancienne noblesse n’est pas tout à fait éteinte. Elle s’est en grande partie reconvertie dans l'industrie ou la banque après la Restauration (exemple : le mari de la princesse Astrid) d'où cette notion de dynastie, de transmission du nom et du patrimoine. En 2010, la confusion entre ancienne noblesse et capitaine d’industrie a mélangé les genres, bourgeoisie et noblesse se côtoient et se confondent s’harmonisant dans le concept de société libérale et la distance entre eux et le reste de la société. On cite l’exemple d’Ernest-Antoine Seillière issu du côté paternel d'une noblesse récente et d'une noblesse d'ancien régime du coté des Wandel. Yves Guéna qui, fait partie de la même famille, n'est pas noble.
Cette catégorie sociale n’a jamais été vraiment explorée par les sociologues. C’est l’occasion de répéter ce que pense J.-P. Sartre d’une humanité exemplaire « un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui » pour conclure que, pour le coup, s’ils meurent comme tout le monde, les riches n’en vivent pas moins autrement, affranchis de la quête du pain quotidien, possédant les moyens d’évasion d’eux-mêmes et de leurs capitaux, souvent au-dessus des lois ou étrangement considérés par la Justice comme étant des VIP avec cellule particulière, possédant pour eux le temps qui développe facilement le moindre petit talent que les médias s’empressent de louer…bref, les riches, par le seul privilège de l’argent dans une société qui a fait du veau d’or le but suprême, sont en train de nous prouver que la démocratie n’est qu’un leurre pour les imbéciles de notre espèce.

Commentaires

J'aime "les imbéciles de notre espèce" qui nous permettons de juger les actions des autres, fussent-ils riches et puissants. Le rôle des "adminstrateurs de talent", millions de cadres, fonctionnaires, journalistes très imbuts de leur compétence, est fort important.
Vous êtes très riche au point de ne pas avoir peur de dépenser (1 milliard pour Mme Bétancourt, au point que sa fille s'inquiète et porte plainte (la pauvre petite)).
Vous trouverez toujours des adminstrateurs de talent, gestionnaires compétents formés par les plus grandes universités pour vous indiquer comment donner moins à l'Etat et aux autres et calculer comment perdre le moins possible et gagner le plus possbles. Et cela à tous les niveaux. Surtout ceux des fonds d'épargne et de pension qui représentent un grand nombre de petites épargnants.
Petits riches ou gros pauvres. A chacun de se poser la question. Suis-je riche au pauvre ? Par rapport à qui ? et surtout, que fais-je pour que les plus pauvres (comme les plus riches) puissent exister et contribuer à un avenir commun de qualité.

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