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Une affaire d’Etat.

Les journaux du jour : « L'ex-comptable de Liliane Bettencourt a affirmé qu'Eric Woerth aurait reçu en tant que trésorier de l'UMP la somme de 150.000 euros en liquide pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy au printemps 2007, dans une interview à Mediapart publiée mardi.Claire T. a été au service de l'héritière de l'Oréal pendant 12 ans et a quitté son service en novembre 2008. Elle disposait d'un accréditif pour retirer en liquide 50.000 euros par semaine à la banque. Elle affirme aussi que Nicolas Sarkozy, quand il était maire de Neuilly de 1983 à 2002 et "un habitué" de la table des Bettencourt, "recevait aussi son enveloppe". »
Ainsi depuis deux semaines, ce qui n’était au départ qu’un drame de famille entre la mère et la fille pour « le magot de la vieille », avec un François-Marie Banier, esthète et spécialiste de l’amitié intéressée en arbitre, voilà que la chose devient une affaire d’Etat.
Sarkozy et Fillon doivent être impatients de voir venir le 1er août, date des vacances de la plupart des Français.
Y arriveront-ils en se bornant à sacrifier deux secrétaires d’Etat, l’un pour son voyage en avion privé, l’autre pour avoir fumé des havanes sur le compte de la princesse ?
Le contre-feu sera-t-il suffisant pour stopper la débandade ?
L’affaire Liliane Bettencourt tourne à la catastrophe pour Eric Woerth, le ministre du travail.
Xavier Bertrand - s’en est-il rendu compte ? - a dit devant les journalistes voici quelques jours « …Eric Woerth, le plus honnête homme que je connaisse… etc… » .
Il est vrai que Woerth a une tête d’honnête homme comme on pourrait la rêver dans un conte de Charles Dickens. Mais, en avoir la tête est-ce suffisant ?
Si Xavier Bertrand en est a considérer que Woerth est le plus honnête homme qu’il connaisse, on pourrait se demander dans quel coupe-gorge il vit ?

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La droite française a bien des analogies avec la droite belge, en essayant de sauver la tête de Woerth et en niant contre toute évidence les accointances du ministre avec Liliane Bettencourt, dans l’évasion fiscale comme ministre de budget au moment des faits, et comme trésorier de l’UMP en alimentant les caisses électorales de l’argent de la richissime : obstination dans le mensonge, déclaration d’honnêteté, mépris du public, etc.
Devant les preuves qui s’accumulent, les témoignages de la comptable, du majordome et les silences accablants du fisc, franchement cette droite s’est adossée au mur et, en ne pouvant plus reculer, dévoile toute l’impudeur de ceux qui nient l’évidence.
Chose curieuse, la piétaille de droite, les petites gens assottés par les discours de la sarkozye, soutiennent cette position insoutenable avec la foi du charbonnier.
Voilà bien le caractère du militantisme, il ne s’appuie sur rien d’autre que la foi. Comme si croire dispensait d’avoir des raisons de croire, un peu comme en religion. Il y a les dogmes, aussi déraisonnables soient-ils, mais ils existent et le reste – même la vérité – n’est que mensonge.
Mais en politique, aller trop loin dans le dogme peut valoir la sanction de l’électeur.
Devant l’irréfutabilité de la vérité, même si elle est contrariante, ne vaut-il pas mieux de faire avec et de se trouver une nouvelle raison d’être ?
Tout est dans la recherche d’une « nouvelle vérité » puisque l’ancienne ne passe plus les faits et l’opinion publique.
Derrière Eric Woerth, c’est toute la réforme sur les pensions qui est en jeu.
On touchait presque au but : septembre, mois du dépôt de la nouvelle loi Woerth.
Sarkozy et Fillon étaient sur le point de faire aboutir au moins cette réforme-là, après avoir raté toutes les autres et avant la campagne de reconquête de l’électeur en vue de la réélection de Sarkozy en 2012.
Avouez que c’est râlant.
Ainsi débute en ce juillet en France une indignation qui passe de « vent fort » à tempête.
Ce n’est pas une tornade passagère qui fait quelques dégâts puis qu’on répare.
C’est plus profond que la droite ne le pense. Sarkozy qui était jusqu’à 2009, le plus fin stratège de France, paraît désemparé, défait. Ses réactions ne sont pas à la mesure du problème soulevé par la vision d’un Etat pillé par ses pairs.
Trop c’est trop, il n’est plus crédible.
Reste que la droite s’est parfois sortie de situations tout aussi scabreuses. L’opinion s’est comportée parfois comme un soufflé, du lait sur le feu. Cependant cette fois, la crise cruelle rappelle à tout le monde que les temps sont surtout durs pour les petits et que la France emprunte un milliard par jour et qu’il faudrait que cela cesse. Les corrompus qui sont au pouvoir veulent que cela soit le peuple qui trinque, et, pour une fois, le peuple uni (Sarko est descendu au-dessous de 26 % de popularité) souhaite que ce soient les riches qui prennent la plus grosse part de l’effort.
On ne s’écarte pas trop de l’affaire Woerth. On y est même en plein. Le drame pour la droite, c’est que ses dirigeants ne se rendent même plus compte de l’état de délabrement de la société française. Ils vivent comme avant, avec les belles manières et l’insouciance de l’Ancien régime. Ce faisant, ils se condamnent eux-mêmes.

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