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Comme un vent de liberté !

Faut-il encore le rappeler aux yeux de l’opinion ?... si le sentiment d’être Liégeois, c’est-à-dire d’appartenir à un peuple qui fut jadis indépendant, s’est beaucoup estompé dans la conscience des gens du pays de Liège, c’est en grande partie dû au mouvement socialiste local qui a beaucoup fait pour ressembler au modèle hennuyer, et adhérer à la social-démocratie et au patriotisme d’une Belgique royaliste et libérale.
L’idée d'indépendance complète de la Wallonie prend corps en 1942, en pleine occupation allemande. Le RDSW, Rassemblement démocratique et socialiste wallon est essentiellement liégeois. Son but est de créer un parti unique, auquel participent le libéral Fernand Schreurs et le socialiste Fernand Dehousse qui travaillent sur le statut futur de la Wallonie. Le projet d'indépendance sera écrit en novembre 1943, sous la forme d'un projet de Constitution pour une république wallonne, dans le but de fonder un État wallon indépendant, susceptible de s’associer avec un État flamand et un État bruxellois, mais intégré dans le système défensif de la France.
C’était être beaucoup trop en avance sur son temps, sans compter le retour à la démocratie des « déçus de Stalingrad », le camp conformiste qui, comme un banc d’ablettes, sentant tourner le vent, allait virer de bord et défendre la Belgique, son unité et sa dynastie, après avoir secrètement désiré un IIIme Reich, rempart du communisme et fédérateur de l’Europe.
Le projet du RDSW sera présenté au Congrès national wallon de 1945 mais n’aura que 154 voix sur 1 048 votants.
A dater de 1945, il y eut bien quelques irrédentistes qui s’obstinèrent parmi les libéraux et les socialistes, mais la capitulation de la section liégeoise du parti socialiste devant les hennuyers et les carolorégiens dans le début des années 50 allait à la fois marquer le déclin de l’influence des Liégeois au sein du parti et mettre en position dominante les leaders borains avec le ralliement aux thèses libérales de l’économie.
Le renardisme (1) et la courte vie du Mouvement Populaire Wallon, n’étaient que les derniers sursauts d’une poignée d’indépendantistes qui allaient se briser sur l’hypocrisie et la veulerie des nouveaux dirigeants sociaux-démocrates. Le ralliement au PS, moyennant des mandats de député, de José Happart et des irrédentistes fouronnais, vit s’envoler les dernières illusions.
Les dirigeants du PS liégeois finirent le travail sous la forme d’un ultimatum aux socialistes ralliés au MPW. Avec le retour au bercail de Jacques Yerna et la démission de Marcel Slangen, les courants d’origines consuméristes et purs produits du satisfecit des Trente Glorieuses, firent la pluie et le beau temps et le font encore, bien que l’essence même du capitalisme se soit profondément modifiée de 1975 à 2010.

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Avec son chef de file Gendebien, il existe toujours un courant rattachiste qui rassemble les militants wallons mécontents du résultat des réformes institutionnelles en faveur de l'autonomie de la Wallonie, dans le cadre de la Région wallonne ; mais, ce mouvement n’est pas liégeois. C’est à croire que le PS liégeois après tant d’anathèmes, de coups bas et de sanctions a réussi à tuer en son sein les derniers indépendantistes, en tous les cas, les plus hardis et porteurs d’idées émancipatrices. Ce faisant, il s’est lui-même condamné à végéter sous des directions sans envergure et sans grand destin wallon, laissant la main aux fioritures politiciennes d’un Di Rupo et aux effets de théâtre d’un Moureaux.
C’est ainsi qu’aujourd’hui l’idée d'indépendance n'est supportée que par une minorité de la Région wallonne. Un sondage du 24 août 2007, indique que 12% des Wallons sont partisans de l'indépendance de la Wallonie, tandis que 82,6% y sont opposés. Peut-être que les indépendantistes seraient plus nombreux après les déconvenues de la mauvaise politique de Di Rupo et le sans-gêne de Bart De Wever, si on avait un référendum fin d’année ; mais, il resterait sans doute une majorité de Wallons pour un accord fédéral à tout prix avec les Flamands.
Les travailleurs des bassins industriels tentent d'utiliser leurs compétences pour redresser économiquement la région ; mais la faiblesse économique, qu’accablent les ambitions personnelles des élus, accompagne une désertification due à la mondialisation et à l’absence d’une politique adaptée de l’Europe.
Le clairon liégeois ne sonne plus la charge.
Ce serait assez piquant que ce soit la Flandre nous poussant hors de l’Etat fédéral, qui nous redonnerait des couleurs.
Claquer la porte de la Région wallonne et s’associer à la France, au nom de l’ancien département de l’Ourthe dont Liège fut la ville préfectorale, serait une solution originale.
Nos gaspards se sentent trop bien dans leurs égouts. Ils ne sont pas près d’en sortir.
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1. André Renard, syndicaliste liégeois.

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