« Basta, la Belgique ! | Accueil | La trahison des clercs. »

La mort du Kroumir ?

C’est fou comme on en est revenu de l’Europe !
Il y a seulement dix ans, on n’aurait pas osé écrire la moindre critique sans essuyer des insultes : gauchistes !... soixante-huitard !... etc.
D’un Traité à l’autre, rien ne se passe vraiment du côté d’une certaine dynamique sociale qui aurait pu intéresser les foules.
C’est à se demander à quoi l’Europe peut bien servir ? Si ce n’est à une sorte de plateforme industrielle, commerciale et bancaire fort éloignée de ce qu’attendaient d’elle ses citoyens.
Le seul résultat, alors là d’une visibilité qui n’échappe à personne, aura été de consolider l’émergence d’une nouvelle classe moyenne faite des fonctionnaires et des personnels politiques de son administration et de ses assemblées.
La chose tombait bien, au moment où la classe moyenne de jadis faite d’artisans, de commerçants et de petits industriels était en train de s’effondrer. Le hic, c’est que les nouveaux parvenus ne produisent rien et vivent en parasites protégés, prolongeant par des passerelles à statuts, la classe politique des Etats européens adhérents, elle-même déjà surprotégée et sur laquelle la crise de 2008 n’a eu aucune prise.
J’ai lu quelque part que la crise avait démontré que l’Europe des pères fondateurs, c’était fini.
Les discours de Paul-Henri Spaak sur l’Europe sont proprement illisibles en 2010, tant les aspirations altruistes se sont envolées. De Schumann, seul un rond-point existe !.. Encore faudrait-il nous démontrer que cette Europe-là avait le désir d’un embryon de vie sociale ?
Or, s’il y a bien une chose qui a manqué à l’Europe depuis le début, c’est un grand mouvement populaire ! Vingt années de propagande pour l’Europe dans les écoles n’ont pas suffi. La jeunesse, devant ses responsabilités au travail, s’est aperçue tout de suite que l’Europe ne se construisait pas pour elle ! L’Europe n’était pas disposée à faire grimper les salaires, mais au contraire par le jeu des communications, propre à les faire baisser, idem de la sécurité sociale et des pensions.

imagesCAIV7LA6.jpg

La pénible obligation à laquelle les Vingt-Sept se sont astreints quand il s’est agi de sauver la Grèce de la débâcle économique démontre s’il en était besoin que les peuples n’ont jamais eu vraiment leur mot à dire et que par leur attitude les gouvernements ont démontré que ce sont les banques et les réseaux économiques qui se sont approprié les leviers de l’Europe, avec un Barroso et son gouvernement uniquement intéressés par le business.
A titre de comparaison avec les Etats-Unis d’Amérique, par ailleurs si justement critiqués, jamais Washington n’aurait laissé dans un des Etats de l’Union, un million de personnes en passe d’être niées ou assimilées par la moitié d’un Etat, contre leur volonté. Il s’agit bien sûr ici de Bruxelles et de sa région.
Qu’est-ce donc avoir l’esprit européen aujourd’hui, indépendamment des grandes phrases de circonstances ânonnés par nos têtes de gondoles ? Il serait temps d’y penser collectivement, car ce bidule nous coûte horriblement. Nous n’avons plus les moyens d’entretenir des danseuses.
Si cet esprit ne va pas plus loin que l’intérêt des industriels du continent et ne nous fournit aucun des leviers afin d’assurer le progrès de tous, autant dire à la classe émergente des fonctionnaires heureux de chercher du boulot ailleurs.
L’affaire des Roms, citoyens européens, chassés comme de la vermine par les services français des étrangers, relayés par la flicaille de la République, l’Etat français condamné puis amnistié par l’Europe, en dit long sur l’absence de politique quand il s’agit d’user de fermeté à l’égard des membres influents.
Qu’on ne s’attende pas à une ingérence de pacification dans le conflit qui met la Belgique sur le flanc, malgré quelques admonestations prudentes de l’Europe à l’égard de la poussée nationaliste flamande.
Si dans ce conflit qui déchire la Belgique, il y avait une parité de population et de droit entre les parties, l’on pourrait à juste titre critiquer l’Europe d’une certaine ingérence ; mais ici nous avons une majorité qui s’est approprié les leviers de l’Etat qui l’intéresse et qui s’arroge des droits supplémentaires dans des situations locales où elle est minoritaire, au nom justement de cette majorité globale.
En droit européen, cela devrait quand même valoir quelques remarques, avant une action collective européenne sur le terrain.
Hélas ! le président de l’Europe est un ancien flamingant. Outre cela, l’Europe est sans armée fédérale, sans pouvoir de décisions, sans volonté même d’accroître ses pouvoirs sociaux et de justice, qui plus est, la majorité du Parlement européen est de droite et plutôt nationaliste.
Alors, l’Europe, guide pour tous et soutien fédéral pour les plus faibles ?
Comme la mort du Kroumir au troisième acte, c’est à mourir de rire !

Commentaires

Magnifique article, permettez-moi de le faire paraître ailleurs, j'attends votre réponse. Merci d'avance,
Reiter G.

Poster un commentaire