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Le complexe de Sganarelle.

L’élément oublié dans le conflit qui s’est installé entre les Communautés, c’est l’attraction du facteur économique sur l’individu. Ainsi d’une querelle au départ réservée aux partis et à leurs militants, la querelle des sous et des responsabilités est devenue l’affaire de tous.
On n’a pas assez tenu compte de la fracture entre le Flamand à la fois nationaliste et individualiste et le Wallon sceptique sur son progrès futur, vu l’état du système économique.
Plus que BHV, le Flamand est sensible à ce que lui disent la N-VA et d’autres encore à longueur d’année, à savoir qu’il travaille pour entretenir le Wallon.
Dans le contexte du chacun pour soi, à partir du moment où la majorité flamande accepte cela pour vrai, il est difficile de faire tenir debout une association dans laquelle un des deux partenaires se croit « roulé » par l’autre.
Les Flamands sont plus disciplinés et croient plus que nous à un système économique sur lequel ils misent pour une sortie de crise plus rapide que la nôtre. Pour cela, ils doivent concentrer leur force et leurs moyens sur leur économie, sur leur capacité, sur leur foi en l’avenir de la Flandre et ne s’en laisser distraire par personne.
Les Wallons ne sont pas si sûrs que cela de l’avenir du système et, a fortiori, que le redressement passe par des sacrifices.
Il n’y a jamais eu de divorce entre ces deux mentalités, parce qu’elles n’ont jamais formé un couple. On parle de séparation. Quelle séparation ? Des intérêts certainement, mais des affinités : il n’y en a jamais eu aucune.
Bart De Wever représente ce qu’il y a de plus en pointe dans l’archétype du citoyen flamand. Ce qu’il affirme, ses objectifs, son approche sociale, ses lieux communs sur le capitalisme, tout enfin ressemble quasiment à ce que pensait mon arrière grand’mère quand elle donna naissance à son troisième enfant en 1908. C’était une personne de qualité, une Flamande ayant vécu sa scolarité en internat dans un collège allemand, qui avait les idées de son époque.

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Les nouveautés de Bart De Wever ont plus de cent ans d’âge !
La suite coule de source…
De l’affaire royale, aux grandes grèves de 60-61, l’impulsion venait des bassins wallons et traversait mal la frontière des langues. Si bien que, de mémoire de syndicaliste, les mouvements s’arrêtaient finalement faute de relai au Nord du pays.
Les ponctions les plus saignantes de Gaston Eyskens à De Haan l’ont été à la mesure du sens de sacrifice des Flamands pour la « bonne » cause, de la Loi unique à l’entrée dans l’euro. Grâce à la majorité flamande, la Wallonie est « rentrée dans le rang » à chaque fois. Comme il n’était nul besoin de sonnette d’alarme pour ce genre de conflit, les Wallons ont toujours été « vers la droite » par l’effet de la majorité flamande. La Wallonie n’a jamais eu l’occasion de développer une politique calquée sur « l’esprit » wallon.
Si réformes il y a, l’absence de convergence sera de plus en plus flagrante.
Le réflexe du peuple flamand, derrière les voltigeurs de la N-VA, n’est pas tant la revendication territoriale que le sentiment très vif qu’on prend dans leur portemonnaie pour donner à des pauvres qui ne pensent pas comme eux, donc qui ne sont pas dignes d’intérêt.
Quelques-uns du côté wallon ont essayé de se conformer à la pensée flamande, si bien définie par Bart De Wever concernant la sécurité sociale, les pensions et les indemnités de remplacement (chômage).
S’y sont illustrés deux CDH : Joëlle Milquet et surtout André Antoine.
Rappelons que ce dernier s’est vanté que son « activation des chômeurs » a touché 20.582 personnes et que 8.933 d’entre elles ont été exclues du bénéfice des allocations de chômage. André Antoine s’en est réjoui en ajoutant « qu’ainsi nous donnons la preuve aux Flamands que notre Administration n’est pas laxiste ».
Peine perdue que cette vantardise d’un homme qui n’a pas vu au-delà de sa mise en scène, le mépris des Wallons envers quelqu’un qui coûte vingt fois plus à la collectivité qu’un seul chômeur et qui croit qu’il le mérite.
Les Flamands sont des gens placides. Il leur faut du temps pour s’engager pour une cause. La seule qui vaille en ces temps de vaches maigres, ce sont les sous qu’ils rapportent à la maison, Les comptes d’apothicaire dès qu’on parle de l’Etat fédéral et de Bruxelles, pourtant leur capitale, les désespèrent.
L’argent dépensé qui n’a pas un destin flamand ne passe pas. Rien n’y fera. On l’a bien vu avec nos arguments à la con, cherchant la réciprocité en arguant que la Wallonie les a aidés quand ils étaient pauvres, grâce aux bassins sidérurgistes de la Meuse et de la Sambre. C’est même stupide ce discours, parce qu’il les conforte dans l’idée que nous leur coûtons de l’argent en 2010.
La Belgique c’est Dom Juan qui meurt au moment de la célèbre réplique que Molière met dans la bouche de Sganarelle : « Mes gages, mes gages ! ». Sganarelle est peiné, non de la mort de son maître mais de la perte de son argent.
Les Flamands visent leurs influences partout dans le monde en ayant soin de nier leur partenaire dans les instances internationales, quitte à nous jouer le bon tour que tout commerçant connaît, pour nous carotter quelques biens en douce, nous souffler un marché et nous escroquer d’une clientèle. Mieux, ils verraient Bruxelles dans la plus grande pauvreté, s’il s’avérait que le plan de De Wever vienne à exécution, avec le regard paisible du passant regardant les pêcheurs d’Ostende décharger leurs caques de poissons frais.
Les Flamands ont besoin d’une cure de solitude. Ils la demandent, parce qu’ils ne savent pas ce qui les attend dans un monde en mutation où ils croient avoir la meilleure place.
Nous avons perdu plus que nous ne l’imaginons avec eux comme partenaire. Rester plus longtemps en cette compagnie, ce serait perdre davantage.
Quel que soit l’actif qui nous restera, quitte à se faire plumer devant notaire, c’est tout de suite qu’il faut leur signifier que c’est fini.

Commentaires

Bien écrit, bien dit."Rester plus longtemps en cette compagnie, ce serait perdre davantage."

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