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Après-midi de théâtre.

C’est peu banal d’entendre un leader extrémiste flamand donner une conférence en français, en l’occurrence, au Cercle de Wallonie.
Qu’on se figure un conférencier aussi inerte qu’une motte de saindoux, les yeux rivés sur un texte ânonné et on aura une idée de ce que les spectateurs de cette supercherie trouvent pétillant d’esprit.
Voilà qui est étrange d’un public que l’on dit cultivé, sachant ce qu’est un talent d’orateur.
Faut-il que les entrepreneurs wallons, avec Reynders au premier rang, aient envie d’un gouvernement capable d’administrer au peuple une purge sociale « à la flamande » !
Qui ne voit dans l’invité du Cercle, ce qu’il y a de néfaste au métier de représentant des citoyens ? Est-ce correct de se présenter devant un auditoire poli mais réservé, de façon à présenter des arguments différents et surtout dits sur un autre ton que dans une salle en Flandre surchauffée par les apparatchiks de la N-VA ?
Ce double langage dénoncé n’est pas tant pour blâmer l’attitude du président de la N-VA, que pour mettre en garde la classe politique tout entière. Il ne fait pas de doute que Di Rupo en eût fait autant dans une salle à Gand ou à Anvers.
Que nous balance De Wever ?
… « On dit que le problème de la Belgique, c'est moi. Le fait que les Flamands veulent une plus grande autonomie n'est pas une vengeance du passé. Les Flamands cherchent juste une gestion démocratique et efficace. Pour eux, comme pour les Wallons. »
Présenté de cette manière, en remplaçant « Flamands » par « Wallons », on obtient le même résultat. Qui ne voudrait d’une gestion démocratique et efficace ? Ses mots ne signifient rien, sinon des lieux communs, masquant la volonté d’une Flandre droitière pressée d’en découdre avec les chômeurs, lasse de « payer » pour le laxisme francophone, la litanie habituelle…
Le spectacle était aussi dans la salle, parmi ces gens assis, retenus d’applaudir à la volonté de serrer la vis, par le côté communautaire « dérangeant » de l’homme placide venu de Flandre.
Au départ de l’irrésistible ascension, les Flamands étaient comme les Wallons, ils n’avaient aucune idée de la manière de mieux gérer la Belgique.
Les stratèges des partis flamands, Leterme en tête, se sont crus malins en aidant un petit parti nationaliste, dans le but de stopper le Vlaams Belang qui leur faisait de l’ombre.

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Au lieu de couper le bec des extrémistes anversois, ils sont devenus les otages d’un parti à l’identique devenu important en un rien de temps. Le transfert des voix « de nuisance » du Belang à la N-VA, et leur « dégraissage » ont fait le reste. Quoique développant les thèses du Belang, la N-VA est un parti catalogué « démocratique » sans qu’on sache pourquoi il le serait davantage, si ce n’est pour des raisons d’arithmétique de majorité.
La politique des partis traditionnels flamands a permis de renforcer le clan nationaliste. Il n’est pas dit que la N-VA et le Vlaams Belang, étoffés par la Lijst Dedecker, ne soient un jour majoritaires en Flandre.
En surfant sur ce qui est « raisonnable » et « efficace », De Wever essaie de nous faire croire que son programme rejeté par les Sept était réalisable pour le bien de tous. Les partis francophones seraient dans l’erreur, en faisant obstacle au sien !
C’est là une supercherie. Si ce programme est imbuvable, c’est parce qu’il supprime un Etat boiteux pour en faire un cul-de-jatte, de sorte que le plus peuplé s’en sorte mieux que l’autre, puisqu’il nie Bruxelles, l’assimilant à la Flandre.
Le reste de la conférence du leader flamand n’était qu’une des mille et une manières d’interpréter le « traumatisme » des Flamands du siècle passé, brimés dans leur langue par plusieurs générations de Francophones, faisant de la Flandre une sous-nation !
En réalité, coincée entre les cultures française et allemande, la Flandre a fait de la résistance aux deux, pendant que « la langue » wallonne disparaissait tuée par les élites industrielles et politiques francophones de Wallonie. Dès lors, la disparition du wallon était prévisible en tant que langue, de sorte que ce qui subsiste n’est plus que des patois folkloriques de terroirs. La Flandre a résisté à ses élites francophones, parce qu’elle était fille de la culture germanique. Si ses élites avaient été germanophones, on ne parlerait plus le flamand en Flandre, mais l’allemand.
Mais quid alors de la N-VA et de son grand leader Bart De Wever ?
A l’avenir, la Flandre aura de plus en plus besoin de la Wallonie, si elle ne veut pas être aspirée, malgré elle, par l’Allemagne. Pourquoi pas plutôt la Hollande, me direz-vous ? Parce que les Flamands n’y seront jamais vus que comme des paysans factieux, s’étant rebellés jadis contre l’autorité centrale.
Quant à la Wallonie, selon le stupide plan B de Paul « von » Magnette, qui nous faisait « aspirant » à une collaboration, active avec l’Allemagne, c’est ignorer au moins le caractère liégeois d’une grande partie de la Wallonie, de la part d’un homme de Di Rupo, c’est normal.
Il reste les déclarations de l’orateur selon lesquelles la N-VA ne veut pas de nouvelles élections. Ce serait le premier parti vainqueur probable qui émettrait des objections à ce qu’elles se fassent.
Un beau numéro d’hypocrisie de Bart De Wever… et de la salle.

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