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Delwit et de Callataÿ…

…les abonnés du train de 8 h 47.

On a toujours fait grand cas de nos économistes, le petit doigt sur la couture du pantalon dès qu’il s’agit de décliner les « bienfaits » de l’économie de marché dans leur fine analyse de la situation.
Etienne de Callataÿ est à l’économie médiatisée ce que Pascal Delwit est à la politique à l’usage des nuls de RTL-TVI.
L’un et l’autre nous décryptent en un tour de main le paysage économico-politique belge de belle manière, sans qu’aucun doute ne les effleure sur leur capacité d’analyse et la justesse de leurs propos.
Forcément, ils n’ont pas de contradicteur et comme on les interroge en dernier ressort, ils se prennent pour le dernier recours. Ils définissent la société de telle manière qu’ils passent pour en être les démiurges. Les téléspectateurs n’ont plus qu’à s’incliner.
Cependant, à y regarder de près, ils confortent deux grandes idées toujours les mêmes.
Pour Callataÿ, le système économique mondialisé est le meilleur possible et il est incontournable. Pour Delwit, la Belgique est la pire des combinaisons impliquant deux peuples différents dans un destin commun, mais il n’y a pas d’issue meilleure, ni même d’autre alternative, que celle à laquelle œuvrent nos « sages » représentants..
Ainsi, sans le dire, en jouant les esprits libres et neutres, nos deux augures sont en réalité deux machines bien rodées à nous faire prendre des vessies pour des lanternes dans une société fataliste et conformiste. Leur neutralité est tout à fait supposée et fausse. C’est pourquoi, ils sont si demandés pour « arbitrer » des débats dans lesquels ils donnent implicitement raison au pouvoir en place.

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Le dérapage des marchés financiers qui place la Belgique dans le collimateur des prêteurs à la suite du Portugal et de l’Espagne, est interprété par Callataÿ comme le coup de semonce pour la formation urgente d’un gouvernement d’assainissement des finances publiques.
En clair, cela signifie que nous vivons au-dessus de nos moyens et qu’il faut serrer la vis.
Une rapide analyse a contrario est assez étonnante. L’Etat n’a pas tellement jeté de l’argent par les fenêtres. Ses dépenses restent stables dans les dix dernières années. Par contre, les recettes d’impôts des sociétés ont fortement baissé ! D’autant qu’elles ont été accompagnées de primes et de rabais divers afin d’attirer les sociétés dans nos zonings.
Je n’ai pas d’estimation pour la Belgique, peut-être que monsieur de Callataÿ pourrait nous les fournir, mais le manque à gagner des baisses d’impôt des sociétés serait en France de 100 milliards par an, soit à peu près le déficit annuel de ce pays.
Par conséquent, ce qu’on veut nous faire payer par la TVA - suppressions d’emplois dans l’enseignement et diverses ponctions dans le portemonnaie des travailleurs et des pensionnés - n’est rien d’autre que le manque à gagner de l’Etat dû à ses générosités vis-à-vis des banques et du patronat !
L’Europe voit son orthodoxie financière mal récompensée par les attaques des milieux de la finance contre l’euro, alors que sa politique de libéralisation des marchés va dans le sens d’une volonté de séduire les investisseurs.
Dans le passif, il faut inclure la perte des entreprises qui se sont barrées vers des pays à bas salaire. Et comment ne pas déplorer que cette politique « généreuse » au lieu de porter des fruits, nous ait fait perdre des marchés, alors qu’il aurait suffi de prendre quelques mesures protectionnistes pour s’en garantir ?
Le commissaire européen Trichet ne veut pas entendre parler de protectionnisme, alors que les Etats-Unis protègent à tout va, par exemple leur industrie aéronautique, tout en laissant filer le dollar en usant de la planche à billets.
Heureusement que nous avons messieurs de Callataÿ et Delwit pour nous assurer que les catastrophes futures seront évitables si nous sommes bien sages et acceptons de travailler pour des clous, sous un assistanat flamand momentané et avec nos vaillants dirigeants wallons inamovibles.
Reste à se demander comment en gelant les salaires et en augmentant les recettes de l’Etat sur le dos des petits, on va augmenter le PIB par la consommation des ménages ?
Parce que, cela aussi, est un beau non-sens pratiqué sans autre explication : comment croître – c’est-à-dire comment sortir de la crise - en appauvrissant le citoyen de base ?
Si monsieur de Callataÿ a une réponse, c’est le moment de nous éblouir !

Commentaires

Pourquoi vouloir croître? N'est-ce pas là aussi une idée reçue? Pourtant tout le monde sait qu'une grenouille qui croît (et croasse) finit par éclater...Et si l'on décroissait? Ils en tireraient une gueule, les marchands de verroterie...:)

C'est une idée séduisante partagée par certains écologistes et altermondialistes. Pour cela, il faudrait sortir du système capitaliste. Note, qu'on y sortira bien un jour, mais ce sera dans la douleur et la fin de l'idéologie de croissance qui a saisi le monde entier. C'est-à-dire dans de grands bouleversements.

Il y a combien de système? Pour moi aussi, il faut sortir du système ultra capitaliste et il reste le retour au vrai socialisme et donc le peuple n'a qu'une alternative, la révolution. C'est à dire de grands bouleversements....

Certes, le peuple... sauf que le peuple s'en fout et que le grand soir, ce n'est pas pour demain !Le "grand sursaut" s'il se produit, ce sera parce que le peuple acculé au désespoir n'aura plus que cette alternative : la révolte pour se nourrir... et ça, même Sabine Laruelle y a pensé. Aussi, pour que ça dure, il y aura toujours quelque part un os à ronger !... La solution serait l'émancipation des masses par l'éducation. On est loin du compte.

L'argent accumulé ne vaut rien. Il donne seulement un pouvoir virtuel. La Chine, les Emirats, la Norvège et tous ceux qui ont accumulé des $, des £ et des € et les ont placé dans la dette des USA et des autres pays endettés, n'ont que du vent. Il ne savent rien faire que jouer à saint nicolas ou père fouettard. Il est plus que temps de ne plus nous laisser impressionner et d'accepter que nous soyons de + en + pauvres en monnaie mais riches en humanité en liberté collective et en solidarité.
Il faut se méfier des riches en revenu et en protection sociale qui réclament le maintien de leurs privilèges afin de pouvoir augmenter leurs dépenses (ou leur épargne) sans vergogne.

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