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Belgique : stop ou encore ?

Devant le ridicule d’une démocratie qui a montré ses limites à toute l’Europe, on peut s’interroger sur l’impasse belge et quels enseignements en tirer.
Le multipartisme y a vécu de façon excessive. Il y a trop de partis qui prétendent gouverner, avec deux majorités, celle de Flandre et celle de Wallonie. Cela fait beaucoup de bouches à nourrir, des ambitions à satisfaire. L’exercice de la démocratie y coûte plus cher qu’ailleurs, pour aboutir à un résultat médiocre. La conduite de l’Etat y est d’une difficulté inouïe, au point qu’on se demande comment le crash ne s’est pas produit plus tôt !
Cela aurait été une performance d’accommoder sept partis pour la législature. Las, il aura suffi qu’un parti important ne veuille rien rabattre de ses prétentions, pour que la combinaison s’effondre et rende le pays ingouvernable.
On reproche à la N-VA de ne pas jouer le jeu habituel qui consiste à demander beaucoup, pour avoir peu. De Wever demande beaucoup pour avoir tout. Et voilà la partie faussée et le pays bloqué.
Le multipartisme augmenterait le caractère démocratique du régime ?
En réalité, il n’en est rien. Au contraire, il le complique sans bénéfice pour personne. Le citoyen paraît plus éloigné des décisions que les élus prennent en son nom, qu’une démocratie au scrutin à deux tours.
Bien entendu le système français appliqué à la Belgique produirait quand même quatre partis minimum, représentant de part et d’autre de la frontière linguistique les deux gauches avec les deux droites. Afin d’éviter la pléthore typiquement belge, il faudrait que les deux gauches et les deux droites obtiennent une majorité synchrone dans les régions pour diriger le pays de façon homogène, les petits partis se ralliant aux grands. Cela est fort improbable si l’on considère la droite majoritaire en Flandre et la gauche en Wallonie.
Dans la combinaison actuelle, il est utile de préciser que la gauche wallonne devrait diriger le pays avec la droite flamande. On se doute bien que les deux ont tout à perdre d’une union socialement contre nature.
Enfin, si l’on considère Bruxelles comme troisième région, toute gestion en équilibre des intérêts de l’ensemble devient impossible.
Beaucoup de monde a réfléchi à ce problème. L’impasse actuelle met l’accent sur l’erreur initiale d’un fédéralisme tel que l’avaient imaginé les partis dans les années 60.
Le système, sans cesse rafistolé, de plus en plus sophistiqué, a fini par aboutir à l’usine à gaz qui fait le fou rire des salons de la diplomatie occidentale.
Bart De Wever a raison. Il veut sortir du labyrinthe fédéral pour un confédéralisme total. L’ennui, il incorpore Bruxelles à l’entité flamande, sur la base d’une frontière linguistique rigide comme une armure du moyen-âge.

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La frontière linguistique ne correspond historiquement à rien.
On a déjà dit tout le ridicule du carcan linguistique. Dans les faits, on ne peut empêcher personne de parler la langue qu’il veut. Quand une ville ou un village s’exprime majoritairement en français ou en flamand, il faut que les institutions suivent et correspondent à cette majorité.
La frontière linguistique est un barrage artificiel stoppant en théorie la progression du français servant à rassurer les Flamands.
C’est une politique intenable que les Canadiens francophones connaissent. Aussi, ont-ils opté pour une forme de bilinguisme qui n’a pas si mal réussi, dans la mesure où le Canada francophone s’est mis à l’anglais sans complexe, avec certaines obligations d’institutionnaliser le français en priorité dans les administrations, le commerce et l’industrie, mais sans exclusive.
L’anglais et le français sont des langues de culture. La supériorité de la première n’est que numérique, compensée par l’apport de l’autre. C’est là que le bât blesse, en Belgique. Le flamand est une langue régionale limitée à un petit nombre d’individus.
Quant à vouloir assurer la pérennité de la langue flamande par des rigidités ségrégationnistes et des défenses de territoire, avec une ville comme Bruxelles d’un million de francophones, avec sa banlieue, c’est d’un grotesque à pleurer et c’est cependant cela qui arrête tout accord.
Aujourd’hui que s’étalent les difficultés, incompréhensibles aux Européens implantés à Bruxelles, la séparation devient inévitable à plus ou moins long terme. C’est une analyse de la N-VA que je partage en ma qualité de Wallon.
On ferait mieux de bruler les étapes afin de fixer les limites des régions et le sort de Bruxelles, dans une concertation de fin de bail.
La Flandre étant majoritaire, elle ne pourrait être à la fois juge et partie. C’est donc à l’Europe que reviendrait l’organisation d’une séparation. Parmi les solutions, Bruxelles pourrait devenir la capitale extraterritoriale de l’Europe.
On a déjà assez perdu de temps avec des négociations qui prennent un tour tragique, avec ou sans Vande Lanotte.
Passons à autre chose.

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