« Belgique : stop ou encore ? | Accueil | Galant ou la parfaite belgitude ! »

Les gars de la Marine.

Un non-événement de dimanche dernier est devenu grandiose de la faute des médias français. Marine Le Pen, 42 ans, succède à son père à la tête du Front National !
Et voilà à force de transformer en apothéose ce qui aurait dû rester une consécration confidentielle, on fait d’un personnage politique aux idées dangereuses, une star dont le propre est de rallier des fans par l’admiration contagieuse et non raisonnée qu’elle suscite.
On a même procédé, pour le coup, à des sondages d’opinions.
Certes, cette technique de saisir ce que pensent les gens bien avant de voter, n’est vraiment pas fiable, mieux, en intervertissant le rôle du sondage et le vote, on influence grandement celui-ci.
Marine Le Pen est créditée de 18 % d’intention de vote à l’élection présidentielle. Son père en recueillait la moitié en 2002 !
Même si les sondages ne signifient rien d’autre qu’une orientation théorique, il convient quand même de signaler la performance et de s’en inquiéter.
A qui la faute ?
Les calamiteux ministres Hortefeux et Eric Besson avec des responsabilités qui sonnent étrangement à l’oreille des observateurs comme l'immigration, l'intégration, l'identité nationale, au lieu de traiter le sujet en héritiers de la patrie des Droits de l’Homme, ont en réalité exprimé des peurs et des ressentiments dont profite le Front National.
Ils ont suscité des problèmes là où il n’y en avait pas et restés étrangement silencieux là où il y en avait, de sorte qu’ils ont offert le spectacle d’un ratage complet et convaincu une partie non négligeable de citoyens que le FN pouvait mieux résoudre la crise par sa radicalité.
Bernard-Henri Lévy parle des contrefaçons du discours de la présidente du Front et que ce serait aux citoyens de la démasquer ; sauf, qu’elle n’est pas la seule à se moquer du monde, depuis que Sarkozy est au pouvoir d’une République dont l’UMP foule les valeurs aux pieds. Elle passe même pour crédible par une opinion ralliée au Front dont le spectre va de l’extrême droite à l’extrême gauche !

mari1.jpg

Le F.N. progresse aussi à cause de la mauvaise interprétation que les gens se font de la crise. C’est ainsi qu’on assiste à une poussée des droites, alors que celles-ci n’ont jamais cessé de soutenir une économie gangrenée par la finance et le profit actionnarial au détriment des salaires et des forces vives du travail.
Et c’est vrai que cette avocate a le talent de capter l’attention et de rehausser un discours convenu par des appâts bien exposés à ses hameçons.
Ce parti qui monte est aussi un miroir de la politique française où nous, citoyens belges, pouvons nous y refléter, d’autant plus aisément que nous n’avons pas le pendant du FN en Belgique, sauf qu’à l’exception des thèses nationalistes, le Vlaams Belang et surtout la N-VA peuvent très bien s’accorder sur le plan économique avec Didier Reynders et l’Open Vld, d’Alexander De Croo. Ces forces de droite, divisées sur la vision de l’Etat, forment un tout sur le volet économique qui ferait bien d’eux quatre, un parti du genre de celui de Marine Le Pen, presque majoritaire.
Nous sommes en Europe dans une contestation des « élites ». Marine Le Pen ne se fait pas faute de se démarquer du politiquement correct, c’est cela qui plaît aussi à une catégorie non négligeable de dégoûtés de la politique, qui formerait, si le vote blanc était pris en compte ajouté aux abstentions, le plus grand parti de France.
Lors des élections pour la présidence, Sarkozy avait réussi le tour de force de siphonner les voix du FN pour gagner contre Ségolène Royal. Il aura difficile avec Marine Le Pen de reproduire la même tactique et nul ne sait avec le courant ascendant de la présidente du Front, s’il se trouvera même en pool position pour le second tour.
Il est vrai que de tous temps la plupart des voix du Front se sont toujours reportées sur le candidat de droite. Mais nul ne peut présager si cette fois, ce sera le même scénario que celui qui valut à Jospin une cuisante défaite.
Reste que Marine Le Pen aura encore bien des obstacles à surmonter avant de se présenter à la candidature suprême, à l’intérieur de son parti d’abord, avec un Bruno Gollnisch qui s’est rallié à la fille, après le père, mais qui n’en conserve pas moins beaucoup de partisans à la direction du parti, et enfin, à l’extérieur où recueillir 500 signatures pour sa candidature est un travail de fond qui n’est pas facile, quand on sait que le FN est toujours infréquentable à l’UMP.

Poster un commentaire