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Nos démocraties adorent les dictatures !


...enfin, pas toutes !
Inter faces et urinam nascimur (1) diraient Saint-Augustin et Bart De Wever.
Eric Cantona se trompait lorsqu’il pensait couler les banques par un retrait massif d’un grand nombre de déposants.
Comment compter sur une démarche quasi générale ? Une telle synchronisation est impossible. L’expérience avait été faite à propos d’un boycott de certaines marques d’essence.
L’intérêt fut de remuer les consciences. Les gazettes s’emparèrent du sujet et firent de la publicité au projet sans le vouloir. Il y eut quelques retraits, mais pas au point de faire trembler l’institution.
C’est Flaubert qui a raison ! Cet immense écrivain ne connaissait qu’un seul rapport entre le pouvoir et le peuple : l’émeute !
On voit bien que ce qui touche les banques et le tralala autour de l’argent depuis la fuite de Ben Ali et l’insurrection dans l’Egypte de Moubarak, ce ne sont pas les dictateurs, mais le peuple opprimé qui veut sa liberté et son mot à dire.
On devrait s’en souvenir en Belgique par les temps qui courent.
Le pouvoir et l’argent ne font pas confiance au peuple ! Ils aiment cent fois mieux un despote établi sur un peuple d’esclaves, que ce peuple en quête de ses droits.
Les milieux d’affaires font des marchés (pétrole contre fric) avec la Libye, Kadhafi en est la garantie, comme ils faisaient avec Ben Ali pour le tourisme, comme ils le pratiquent toujours avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi du Maroc, sans oublier le dictateur Moubarak en pleine tuerie de rue pour se maintenir au pouvoir.
La preuve est faite que les peuples qui secouent leurs chaînes ont le plus grand tort de faire confiance au libéralisme, même quand celui-ci parle de démocratie.
Ci-dessous quelques impressions produites dans les Bourses et les marchés financier du Maghreb et de l’Egypte en ébullition :
La Bourse de Dubaï a chuté de 6,7 % à 1.505,62 points.
Le géant immobilier, Emaar Properties, qui a construit Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, titre vedette de la Bourse de Dubaï, perdait à l’ouverture 10 %. Emaar, compte plusieurs projets en Egypte.
La compagnie aérienne Air Arabia de Charjah, l’un des sept membres de la fédération des Emirats arabes unis, plongeait de près de 10 %. Ce transporteur à bas prix a un hub en Egypte.
La Bourse d’Abou Dhabi perdait 3,74 % à 2.559,89 points durant les premiers échanges.
Le titre du géant des télécommunications Etisalat, qui opère en Egypte par le biais d’Etisalat Misr, perdait 3,35 %.
Au Koweït, le deuxième marché arabe après l’Arabie saoudite, perdait aussi 2,14 % à 6.795,6 points.
La Bourse du Qatar a ouvert sur une baisse de plus de 5.
Les tensions géopolitiques en Egypte et les risques de déstabilisation au Proche-Orient devraient peser sur les marchés d'actions américains et européens cette semaine ... Lundi, à la réouverture, on sera fixé sur les nerfs des bourses de la City, de Wall Street, de Francfort et d’ailleurs.
Loin de se réjouir de la maturité des peuples à vouloir prendre en mains leur destin, les détenteurs du gros pognon mondial s’angoissent et jouent contre la liberté pour la dictature !
Ils ont la même réaction que celle d’Alliot-Marie, ministre de la France aux affaires étrangères au sujet de la Tunisie, qui a confondu « Affaires diplomatiques » avec « affaires bancaires ».
Quant aux changements par le dialogue, la discussion et le compromis, cette belle connerie à la belge dont on voit l’apothéose dans notre fichu Royaume, le résultat est on ne peut plus médiocre.

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Par contre, on s’aperçoit que lorsque le peuple descend dans la rue, il devient irrésistible et ce que les dictateurs et les profiteurs de la parentèle lui refusaient avec dédain, voilà qu’il l’obtient parfois !
Ce constat n’est pas une apologie de la violence, c’est seulement le résultat d’une réflexion sur les événements d’Afrique du Nord. On oublie trop aisément en Europe que la violence initiale ne vient pas du peuple, mais des dictateurs.
C’est Bernanos qui avait compris le sens qu’il fallait donner à nos démocraties et ce, bien avant la guerre 40 « …la société actuelle, société de transitions, de compromis, dite moderne, n’a aucun plan, ne se propose aucun but déterminé, sinon de durer le plus longtemps possible grâce à la méthode qui l’a servie jusqu’ici, celle d’un dégoutant empirisme ».
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1. Nous naissons dans la merde et l’urine.

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