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Hubbert n’était pas fou !

Dans les tout débuts de ce blog, j’avais écrit combien la théorie du géophysicien Hubbert était intéressante. En un mot, la courbe de pétrole sur le territoire des USA, suivait le tracé d’un chapeau pointu, le sommet étant l’équilibre entre l’extraction et l’utilisation, induisant que la production décline forcément par la suite et ne peut plus suffire à la demande.
Hubbert prédit en 1940 que la production de pétrole américaine passerait par un maximum en 1970. Ce qui se produisit réellement en 71, en même temps que s’ouvraient des puits un peu partout dans le monde relativisant l’épuisement du pétrole aux USA et enterrant dans le scepticisme des spécialistes, les calculs du géophysicien.
Dans les années 80, des mathématiciens firent d’autres estimations qui n’eurent droit qu’à des publications confidentielles dans des magazines scientifiques et qui tentaient d’englober l’entièreté des champs pétrolifères et des réserves mondiales.
Aucun grand journal n’estima ces probabilités publiables. On était en plein boum de l’automobile à la fin des Trente glorieuses et l’inquiétude pour l’emploi et la croissance aidant, il paraissait inapproprié d’inquiéter outre mesure le grand public.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient de publier un rapport qui est passé totalement inaperçu. Suivant les calculs de Hubbert actualisés des dernières statistiques des réserves de la planète, le pic de la production mondiale de pétrole s'est produit en 2006 !
Cela fait cinq ans que l’offre et la demande ne sont plus en équilibre !
Alors que la voiture électrique n’est nulle part et que les batteries sont énergivores, enfin que l’Inde et la Chine s’éveillent à peine au marché de l’automobile !
La demande mondiale continuera à croître et la production de pétrole entre dans un déclin inexorable !
La crise économique masque à moitié cette réalité. Mais quand on se rendra compte que par défaut de satisfaire à la demande, l’offre par son prix toujours plus élevé empêchera le retour à la croissance, les économistes seront bien obligés de dire que Hubbert avait raison et qu’il conviendrait de préparer l’utilisateur pauvre de la bagnole à céder l’autoroute aux riches.
Les riches, aidés en cela par l’écologie, finiront par convaincre les pauvres que seules les « élites » auront encore le droit de rouler en 4x4. Paris va interdire en 2012 l’accès du centre aux vieilles bagnoles, sous prétexte de pollution, bien sûr, mais aussi pour débuter par le bas la pénurie de carburant. Qu’on se rassure pour l’aviation. La dernière goutte de kérosène sera pour elle, les derniers millions de barils aussi.
Tout se passe dans cette économie de marché comme si le consommateur n’avait aucun droit sur les produits qu’il consomme dans leur distribution et dans leur attribution en cas de pénurie. Et pour cause, c’est tout l’ensemble du marché et des rapports entre consommateurs et producteurs qu’il faudra revoir. Est-ce qu’on se rend compte qu’il s’agit ni plus ni moins de changer le système économique dans lequel nos économistes nous ont baladés en nous mentant depuis A jusqu’à Z !
Seuls les films de fiction ont évoqué la « guerre du pétrole ». La réalité sera bien pire. La remontée des coûts d'exploration et d’extraction fera naître des tensions extrêmement vives, des conflits éclateront. L'exploitation du charbon et des schistes exigera des investissements lourds et une destruction des milieux naturels. Malgré cela, ces gisements ne permettront pas de desserrer l'étau des prix, ni même de rétablir un équilibre par des ersatz ou tout produit de substitution. Les prix de l'énergie ne pourront qu’ajouter à l’angoisse du lendemain.
Le silence de la classe politique est proprement criminel ! C’est que l’homme politique ne fait pas des projections d’avenir à long terme, mais sur cinq ans. Après, il pourra toujours mentir et dire qu’il ignorait. La presse est complice, évidemment. Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme, mais d’informer.
Et quand même nous aurions plus de chance avec le charbon, nous aurons relâché et continuerons à dissiper dans l'atmosphère le dioxyde de carbone stocké pendant des millions d’années... Chocs pétroliers à répétition jusqu'à l'effondrement et péril climatique, pollution aggravée par l’emploi massif du charbon dans les centrales, ça va commencer à faire mal. C’est ce que nous préparent les tenants des stratégies mondialistes. Fukushima servira seulement à nous avertir que l’uranium est un métal rare et dangereux, l’énergie qu’on en pourra tirer est sans commune mesure avec les réserves de pétrole que nous asséchons.
Nos démocraties sont à court d’idées face à l'atteinte des mécanismes régulateurs de la biosphère et des substrats biologiques de la condition humaine.
Parce que nos démocraties n'auront pas été capables de se prémunir de leurs excès, elles risquent de basculer dans l'état d'exception et de céder aux dérives du totalitarisme et de la barbarie.

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Après, il faudra bien reprendre le chemin des Amériques à la voile. En 1905, le Charlie Bar, une goélette avec 50 hommes à bord mit 12 jours et 4 heures pour traverser l’Atlantique. Evidemment, on n’aura plus des légumes et des fruits fraîchement cueillis en Californie, ni au Brésil, on respirera à nouveau l’odeur du crottin dans les rues, mais l’homme en a vu d’autres. Espérons que le populo ne se fera pas à nouveau entuber comme sous l’Ancien Régime.

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