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Le pénultième ultimatum.

Les voilà bien, nos anciens duettistes du CD&V, Mark Eyskens et Wilfried Martens, à saper, selon Béatrice Delvaux, le travail tout en finesse d’Yves Leterme pour se défaire en douceur de la N-VA de Wafelman !
Mais où va-t-elle chercher cela ? D’autant que c’est Leterme lui-même du haut de ses 800.000 voix de préférence qui a tout fait pour amarrer la N-VA à son parti !
Il est vrai que tenir le lecteur en haleine sur la situation politique en Belgique, relève de la gageure. La faune et la flore des environs de la rue de la Loi n’enthousiasment personne.
Parler de Modrikamen, cet infusoire des profondeurs de la bêtise, est beaucoup moins intéressant que l’étude des champignons du mont Ventoux.
Paul Léautaud, le secrétaire du Mercure de France et occasionnellement critique de théâtre sous le pseudonyme de Maurice Boissard, quand il s’ennuyait ferme à une pièce, ne manquait pas de ressources en digressions de toute sorte. Ses chats lui étaient un réservoir inépuisable d’inspiration. Evidemment, la pièce ne durait pas ce que la crise belge nous gratifie de temps morts.
Faudra-t-il aller jusqu’à conseiller à Wouter Beke, la manière de Hitler partant en campagne contre la Russie, d’emporter un Clausewitz (1) aux tables rondes ?
L’art militaire de la guerre, les manières de passer de l’offensive à la défensive et vice versa seraient bien utiles à nos hommes d’Etat en surchauffe de dialogues négatifs.
La forme défensive de la guerre, écrit Clausewitz, est par elle-même plus forte que la forme offensive. A ce compte, les Francophones auraient sur le papier déjà mérité la victoire. Bart De Wever a-t-il été trop présomptueux ? Ses exigences, toutes plus ou moins inacceptables, réjouissent toujours autant les nationalistes flamands. Ce qui est en train de changer, c’est la manière de poser des ultimatums. « Si vous n’obtempérez pas à mon offre, je romps les négociations ». C’est propre, c’est clair, c’est net. Sauf que l’ultimatum n’est pas suivi d’effets et qu’il en est au troisième !
Il paraît que celui-ci est le bon et que c’est fin du mois que Wafelman se retire sous sa tente. C’est exactement ce que souhaitent nos deux retraités du Cd&V cités ci-dessus. Ils ne sont pas les seuls, évidemment. Leterme depuis qu’il s’est découvert une vocation de premier ministre attend ce jour avec une impatience qui se devine. Di Rupo en rêve dans sa piscine de Mons et Joëlle Milquet pourrait avoir un orgasme devant les caméras à la bonne nouvelle.
Ainsi, on n’aura pas à se fâcher avec lui, puisqu’il s’en va !
A la réflexion, au troisième ultimatum, il aurait intérêt à faire ce qu’il dit. C’est une question de crédibilité dans l’opinion chez les pointus, la droite militante et les nostalgiques du 3me Reich qui forment la colonne vertébrale de la N-VA.
Le fera-t-il ?

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Rien n’est moins sûr. On a oublié trop vite comment la N-VA s’est fait connaître : à coups de bluffs et de propagande à deux balles. On se rappelle encore les paquets de faux billets représentant l’argent que la Flandre est censée reverser à la Wallonie chaque année à des titres divers qui touchaient surtout la sécurité sociale et le chômage et que ces affidés promenaient sur les pavés d’Anvers.
C’est à ça qu’on reconnaît l’activiste dont la fonction première n’est pas d’imaginer de meilleures lois, mais d’exprimer son opposition à celles qui existent, à seule fin de capter l’intérêt primesautier du plus grand nombre (voir la chronique d’hier).
Si l’ultimatum entre dans le cadre d’une propagande délibérée, il n’est pas dit que Wafelman lâchera le podium sur lequel il promène ses versions latines et lui apporte des voix supplémentaires.
S’il s’y résolvait, ce serait un pas important pour la sortie de crise.
Toujours de Clausewitz « Toutes les campagnes qui se sont distinguées par la temporisation visent principalement à l’anéantissement de l’adversaire par ses propres efforts… ».
Alors, ses adversaires auront eu raison d’attendre près d’un an que la N-VA, les griffes usées, jette l’éponge.
Sauf qu’il faut se méfier de la N-VA et de son inspirateur. Adolf n’est-il pas allé jusqu’à faire incendier le Reichstadt ?
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1. « De la guerre » Carl von Clausewitz, in « Arguments » les Editions de Minuit, 1955.

Commentaires

Que j'aime ce genre d'analyse où tu laisse, pour une fois, la vulgarité de côté. Et tu as certainement raison, en plus. Amitiés Richard...

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