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Libye : enlisement possible ?

Il fallait aller en Libye, histoire de sauver des gens que Kadhafi allait massacrer avec ses tanks et son aviation. Tant pis pour ceux qui disent « pourquoi en Libye et pas ailleurs ? Là où les tyrans ont aboli les libertés depuis belle lurette : la Syrie, l’Algérie, le Soudan, le Maroc, etc ? »
On a paré au plus pressé et on a bien fait et puis, gendarme du monde, c’est une mission impossible, qui n’est pas sans arrière pensée.
Maintenant que Kadhafi ne démissionne pas, mieux, que ses sbires ont repris du poil de la bête et qu’ils ont appris à se garder de l’aviation de l’OTAN, que fait-on ?
Et c’est là que les avis commencent à prendre des chemins différents.
On s’est aperçu que les populations qui se sont soulevées l’ont fait en ordre dispersé, sans cohérence et sans chef. Une armée de métier, même privée de ses tanks et de son aviation est à même de bousculer cette résistance populaire sans consistance.
Depuis le coup de cœur des alliés et le volontarisme de Sarkozy, l’improvisation domine. Sans force conséquente à terre, l’OTAN aura beau avoir la maîtrise du ciel, elle ne pourra pas aider les insurgés dans le corps à corps de deux camps dans les villes.
C’est ce que tenait à dire précisément Angela Merkel lorsqu’elle a mis en garde ceux qui voulaient entraîner l’Allemagne dans une guerre aérienne qui, quoi que l’on dise, ne résoudra pas à elle seule le conflit.
Personne, à vrai dire, ne s’est préoccupé de la situation sur le terrain. On l’ignorait même tout à fait, y compris le jour où Sarkozy a reçu un délégué des forces de résistance à Kadhafi, dont finalement personne ne connaissait ni sa fonction, ni son influence parmi les insurgés.
Ce n’est qu’en dernière analyse que Barak Obama laisse entendre que la CIA va disposer de quelques hommes au sol et que les USA envisagent de fournir des armes, s’il se constitue une structure armée parmi les insurgés.
Tout le monde a peur d’un enlisement du genre afghan, alors que des troupes alliées stationnent toujours en Irak où la situation intérieure est loin d’être satisfaisante.
La politique internationale est un sac d’embrouilles comme qui dirait rempli de N-VA parlant toute les langues et voulant instrumentaliser les autres pour asseoir une politique égoïste.
La Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie attendent un faux pas de ceux qui y sont allés, pour sortir de leur réserve et dire « on vous l’avait bien dit ». Du côté Arabe, c’est l’inquiétude aussi. Comment voler au secours d’une population libyenne, certes malmenée par un tyran, quand on en est soi-même un ? Et jusqu’à présent, alors qu’on ignore comment la Tunisie et l’Egypte vont sortir de leur révolution pour dire qu’elle sera démocratique, du Maghreb au Golf persique, tous les Etats reconnus par l’ONU sont des dictatures ou des monarchies absolues !

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Reste Kadhafi lui-même. Les négociations organisant son départ et sa sauvegarde ont échoué. Ce type est un mégalomane, un obsédé de puissance, un tyran, enfin tout ce qu’on veut, sauf qu’il est loin d’être un sot. Il sait bien le sort qui l’attend s’il quitte son bunker et la protection de son armée. Les dictateurs, pour bien finir, doivent mourir dans leur lit au Palais présidentiel, avec si possible le fils aîné qui prend la relève. Toute perspective différente ferait d’eux au mieux des exilés, comme Napoléon à Sainte-Hélène, au pire, un pendu comme Saddam Hussein. Laurent Gbagbo est dans le même cas.
Que leur importe si leur obstination d’être en vie coûtera des centaines, voire des milliers d’autres vies, ils n’ont jamais lésiné sur la mort des autres, par contre la leur est hors de prix.
L’OTAN aurait intérêt à placer le plus judicieusement possible une bombe perforante sur le bunker du dictateur, pour mettre fin à la carrière du mégalomane, parce que la CIA sur le terrain n’est pas assez opérationnelle pour le finir à l’arme légère.
On en est au dilemme posé à chaque fois qu’une guerre survient à l’extérieur de ses propres frontières dans des combats que Claude Guéant appelle « croisades » : on y fait quoi ?
S’agit-il de protéger les populations contre les agissements du tyran ou renverser le régime ?
Et si le tyran fait de la résistance ? On va jusqu’où ?
La résolution 1973 de l’ONU ne donne pas de solution à ces questions. Apparemment, les forces alliées n’en ont pas non plus.

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