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Vive la jeunesse !

Quant la société se disloque, que le tissu industriel s’appauvrit, quelle est la partie du corps social qui souffre le plus ? Mais, c’est la jeunesse ! Celle qui n’a rien et qui aspire à avoir, qui pense s’insérer dans la société par son travail et que rebute l’assistanat. Une jeunesse à qui on a tellement promis, qu’à moins d’être un bobo ou un fou, elle voit bien l’ampleur des mensonges grossiers dont elle est la victime.
C’est d’autant plus con d’agir ainsi vis-à-vis d’elle que d’ici vingt ans, ce sera elle qui sera aux commandes. Peut-être bien aura-t-on réussi d’en distraire une partie pour monter la garde devant les portes interdites et les trésors volés ?
Et que fait-on pour elle ? Quelle est la solidarité naturelle qui devrait conduire les générations du dessus à tendre une main secourable ? Quels sont les efforts consentis par le monde politique et quel genre de pression est-il prêt à exercer sur le monde industriel pour aider la jeunesse à sortir de la misère ?
En ce juillet de vacances, on se replie sur soi-même. On ferme les yeux sur le malheur des autres. Prends le soleil si tu peux…
On pense immédiatement à la moitié de la population dans ce cas d’espèce qui le voudrait aussi, mais ne le peut pas.
Un petit pourcentage profondément égoïste n’a même pas conscience que le bout du rouleau puisse exister dans une société « d’abondance ». Le personnel politique, qui a vocation de changer les choses, est du nombre.
Dans la génération qui passe et prend petit à petit ses quartiers d’hiver en partant à la retraite, la solidarité familiale joue toujours pour la majeure partie. Le travailleurs a pu préserver la quiétude de ses vieux jours par l’achat d’une maison, une petite pelote à la banque et même si l’inflation guette et que la maison atteint l’âge des réparations, ce serait bien le diable qu’il ne restât pas une chambre et des repas pour le fils ou la fille, qui a fini ses études et qui cherche vainement du travail. C’est déjà plus tangent pour une plus grande famille.
Oui, mais cette génération là est en train de disparaître. Elle n’est pas elle-même exempte de tout reproche, quand on voit que les maisons de repos (nos anciens asiles de la vieillesse qu’on a baptisé autrement) regorgent d’octogénaires dont les fils et les filles les ont plantés là. Que ne dira-t-on pas de celle qui va suivre, elle fort incapable, bientôt, de solidarité dans aucun des deux sens ! Car, elle est bien plus démunie que la précédente, peut-être même souffre-t-elle directement de la déliquescence morale d’une démocratie qui se corrompt. Qui perd son emploi après quarante ans, sait de quoi on parle.

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Alors ?
La jeunesse aura toujours raison et les générations anciennes toujours tort. Et c’est elle qui finira par balayer les vieux principes, le socialisme poussiéreux et cette social-démocratie qui n’en finit plus de crever.
Mais on n’en est pas là. Au contraire, voici le temps où le pouvoir pour durer cherche des boucs émissaires. Comment faire passer des choses désagréables aux gens, sinon en leur racontant qu’ils sont victimes, que c’est à cause des autres que le malheur est arrivé, que la jeunesse à sa part de responsabilité par son manque d’enthousiasme à voir la crise en face.
Mais rien, évidemment, sur les vrais responsables, les spéculateurs et les banquiers indécents par leur superprofit et la faiblesse coupable des politiciens à leur égard, rien sur la méchante tournure prise par le commerce international et la mondialisation.
Que les jeunes n’en aient plus rien à foutre des bonnes et des mauvaises raisons qui font qu’ils sont en première ligne et dans la merde jusqu’au cou, qui, à part les cons et les gens de pouvoir pourraient leur en vouloir ?
L’heure n’est plus aux discours lénifiants, aux compromis avec Adolf De Wever et même Benito De Winter. D’accord « tous les jeunes sont des fainéants et particulièrement les Wallons », on ne peut trop leur en vouloir à ces Hauptmann du nationalisme imbécile. Il faut les comprendre, ils remplissent leur gamelle avec ce discours-là ; comme ce n’est plus le moment de gazouiller avec les libéraux sur la manière dont les voix mêlées de Di Rupo et Onkelinx vont déterminer notre avenir qui ne sera pas grec, mais presque, avec Michel et Alexandre De Croo.
Terminées aussi les figures de style selon lesquelles, par l’éloquence, on va rafler une part supplémentaire de ce qu’on laisse aux gens de leur travail.
Comme disait Flaubert en parlant des effervescences de la rue sous les régimes oppresseurs « Je ne connais qu’une façon de protester : c’est l’émeute ».
Etonnons-nous qu’un jour, tout discours au peuple devienne impossible sans courir le risque, pour l’orateur, de recevoir, en pleine rhétorique, un pavé dans la gueule dont il se souviendra.
Déjà que personne n’apprend la dialectique à la jeunesse, d’ici à ce qu’elle dépave les rues…

Commentaires

A quand la révolution ???

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