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A la mode de Pékin.

Les économistes et les opportunistes du genre d’Alain Minc, les historiens de l’économie et les politologues modelés sur Pascal Delwit, habitué de RTL, feraient bien de ne pas se borner de commenter à chaud la succession d’événements qui tournent autour de l’économie, en oubliant les antécédents et de n’y voir pour l’avenir qu’une succession logique du fait capitaliste.
Les modes de production ne datent pas d’hier.
Il y en eut trois. Le quatrième est en cours d’élaboration. Il n’est nullement question ici de décrier telle production ancienne ou moderne à seule fin de promouvoir telle autre, mais de rappeler une réalité historique, avant le constat d’une mondialisation en marche, afin d’extrapoler sur le quatrième mode de production en devenir.
Les trois étapes de l’histoire de l’économie occidentale se déclinent sur plus de deux mille ans : le mode de production antique, le féodal et le bourgeois. Elles précèdent la quatrième étape dans laquelle nous entrons.
Chacune d’entre elles se caractérise par un type différent de relations entre les hommes dans une société déterminée. A priori l’antique est dominée par l’esclavage, la féodale par le servage et enfin l’exploitation du salariat, pour ce qui nous concerne.
Ce sont trois modes distincts de l’exploitation de l’homme par l’homme, avec plus ou moins de réussites et de progrès dans l’exploitation bourgeoise, par rapport aux deux autres.
Du début du siècle précédent jusqu’à la chute du mur de Berlin, le mode de production bourgeois constituait le dernier rapport conflictuel de classe entre bourgeoisie et prolétariat. On a fini de rêver, depuis le 9 novembre 1989, aux producteurs associés mêlant harmonieusement le socialisme et le capitalisme.
On a assez épilogué sur la fin du communisme, pour tourner la page. En-dehors des trois modes de production, dans l’élaboration du quatrième entre en ligne de compte et en concurrence la production asiatique (1). Dérangeant ou pas, ce mode de production autre que le nôtre, nous démontre que l’unité du système économique est fausse et qu’au contraire, il n’y a pas d’évolution générale dans un seul et unique système.
Ce qui nous détermine à penser que l’Europe et l’Amérique se trompent sur l’inéluctabilité de la vocation universelle du système capitaliste, même si en 1989, ils ont eu raison de son avatar, le communisme.
Le mode de production asiatique est en passe de séduire une part grandissante des grands investisseurs. Cela a déjà pour effet une décentralisation massive, la perte de substance de la classe moyenne, peu à peu, dépossédée de son exploitation du prolétariat par des entreprises de plus grandes tailles, et l’entrée des démocraties dans l’ère permanente du chômage.
On voit dans l’amorce du quatrième et dernier stade de l’exploitation de l’homme par l’homme, quel usage, le système globalisé et reconnu par le forum mondial des Etats peut faire du mode de production asiatique.
Le premier pays occidental à en faire l’expérience malgré lui est la Grèce, le couteau sur la gorge, la classe bourgeoise anéantie, le travailleur de base dans la misère, encore en termes de niveau de vie, bien au-dessus du travailleur chinois.

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On peut voir l’évolution de la mondialisation sous cette forme d’exploitation des ressources humaines. « L’apothéose » du capitalisme tiendrait donc dans le mode de production asiatique ! Les Etats perdraient leur souveraineté (déjà fait en partie) dans la globalisation. Ils seraient remplacés par quelques familles dirigeantes, une centaine pas plus dans le monde, trustant tous les profits et tous les avantages, diluant une partie de ceux-ci aux représentants des démocraties, faisant office d’administrations de type parasitaire comme dans l’ancienne URSS ou l'actuelle nomenklatura de l’appareil politique chinois.
Les sociologues et les politologues qui ne croient pas à la fin du monde bourgeois d’exploitation, sont cependant ceux qui s’émerveillent des progrès fantastiques du PIB asiatique.
Voilà où nous en sommes, sans l’oser pouvoir dire.
Il n’est pas question d’évoquer des arguments philosophiques dans la critique de l’évolution mondiale de l’économie. Cependant, au fur et à mesure des déclins et des régressions, il se pourrait bien que reviennent à la mode des critiques morales de la globalisation, très nombreuses sous le boisseau, mais qui n’ont pas droit de cité jusqu’à présent, dans les médias et l’appareil politique.
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1. Production par subordination à l’Etat, sans idéologie communiste, soit une réapparition du mode antique de production.

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