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Krach et patakrach !

Les Bourses s’affolent. Le dollar suscite toujours des inquiétudes malgré l’accord sur la dette des USA, en dernière minute.
Il faut comprendre que toute la machinerie fonctionne sur la croissance. La croissance, c’est la certitude que le progrès comblera les dettes par de nouveaux profits. Sans croissance, le régime a des ratés et la mécanique s’arrête.
Or, la croissance est un mythe, un de plus, du capitalisme. Ce but toujours poursuivi et jamais atteint, cette marche en avant qui ne peut souffler sans produire des catastrophes est intellectuellement inacceptable et tragiquement impossible, dans un monde surexploité et exsangue.
En dégradant la note des USA des trois A, devenue AA+, une Agence de notation a tout simplement traduit le malaise général vis-à-vis de la dette pharaonique de ceux-ci. L’Europe n’est pas pour autant à l’abri. L’euro est vacillant. Les canards boiteux caquettent éperdus. L’Europe n’est plus qu’une basse-cour avec Merkel assise sur un tas de fumier et qui distribue l’engrais en faisant la grimace.
Ce n’est pas faute pourtant des économistes indépendants qui ont dénoncé le laxisme des Etats suite à la gestion de la crise de 2008-2009. Il faut dire à leur décharge qu’ils ne faisaient pas la majorité. Les gouvernements ont préféré écouter les économistes officiels qui sont chargés de prévoir exclusivement le beau temps et, à défaut, l’éclaircie qui s’annonce.
C’est tout de même aberrant que les prévisions les plus justes, les raisonnements les plus proches de la vérité économique sont issus des oppositions du pouvoir en place. Des blogs souvent anonymes, tenus par des intellectuels francs-tireurs mais de renom, n’ont jamais cessé de crier casse-cou, tandis que les pouvoirs feignaient de ne pas les entendre. Et comment eût-il fallu qu’ils réclamassent, alors que les grands médias leur ont fermé la porte au nez ?
La mécanique de l’autodestruction financière se poursuit par de nouvelles éclosions de dettes toxiques, en ayant à l’esprit que toutes les anciennes n’ont pas été rachetées par les Etats quand il fallut procéder au sauvetage des banques avec l’argent des citoyens.
L’euro et le dollar sont deux monnaies qui sont tellement imbriquées, que la perte de l’une ne peut qu’ajouter à la perte de l’autre.
Dernier recours de cette course à l’abîme, les planches à billets des deux monnaies. La transformation des dettes en activité économique réelle est devenue quasiment impossible puisque les emprunteurs sont devenus insolvables.

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L’argent émis ne correspondant pas à une activité fonctionnant en parallèle, il n’est plus en adéquation avec la réalité.
Les épargnants, qui en ont la possibilité, mettent leurs liquidités à l’abri hors des zones dollar et euro, d’où le surenchérissement de l’or et des biens immobiliers.
Les pays émergents hors dollar et euro accumulent des excédents comme l’Inde et la Chine, de sorte que l’Europe débute dans une carrière dans laquelle les Etats-Unis sont passés maîtres, celle de vivre globalement à crédit, au-dessus de nos moyens.
Le dollar et l’euro se dévaluent de fait en alimentant l’inquiétude sur la fiabilité du système financier international. C’est à la mesure de l’événement, le scandale des pays riches vivant aux crochets des pays émergents et des pays pauvres.
Comme en 2009, nous allons probablement assister à des banqueroutes retentissantes.
Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas vu que les salaires énormes consentis par les sociétés à leurs responsables principaux n’étaient pas déjà le signe d’un sauve-qui-peut pour le moment encore discret, de ceux qui détiennent les moyens de plonger directement dans la caisse avant les scellés de l’huissier.
Les gouvernements et les banques, puisque la politique s’est effacée devant le business, se marquent réciproquement à la culotte. Un dispositif international d’imputation des pertes de crédit n’a pas été prévu sur les parités de change des monnaies de réserve. Les dettes ne sont donc pas renégociables, en externe, même si en Europe, les Etats s’arrangent entre eux.
C’est seulement depuis quelques jours que la Banque européenne rachète des créances grecques et portugaises. Le décrochage des Bourses est un signe qui ne trompe pas. Cela ne servira pas à grand-chose !
Qu’attend-on pour remercier les économistes et les hommes politiques qui depuis deux ans nous ont endormis dans l’euphorie, alors que l’oxydation du capitalisme s’est poursuivi sans désemparer ?
Si faire de la politique aujourd’hui consiste à faire de la météo en prévision des sites de vacances qu’il faut remplir à la bonne saison, l’ouragan qui s’élève à l’horizon et qu’ils confondent avec une petite brise, va faire des morts.
Hier encore, le bonimenteur aux infos de RTL avait invité un cuistre d’une grande banque, histoire d’endormir le patient.
On a eu droit à un répertoire complet de la langue de bois d’application bancaire.
J’en ai retenu trois morceaux de bravoure.
Pour la note des Américains, l’homme en cire du Grévin déroule la phrase qui tue « …la note n’est pas justifiée sur les fondements économiques », la reprise vite avortée des Bourses est pour lui « un rebond technique » et enfin la crise profonde se résume à « une incertitude des facteurs de croissance ».
Aujourd’hui, Hakima Darhmouch faisait ses yeux de biche à un autre drôle d’une autre banque mais d’un même tonneau.
Quand donc fichera-t-on ces guignols à la porte des studios?

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