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La grenouille est pour la croassance.

Dans l’émission « C dans l’air » du 1er août, un téléspectateur posait la question de savoir s’il y a une alternative au capitalisme ? Elie Cohen, économiste de réputation internationale, répondit qu’il y en avait une : le capitalisme à la chinoise, beaucoup plus dur encore.
Que voilà bien une réponse d’économiste !
Un économiste n’est rien d’autre qu’un comptable de ce qui est.
Pour lui, on aurait tort d’abandonner ce qui ne marche plus, nous serions davantage accablés par sa caricature. C’est une façon détournée de dire qu’il n’y a d’alternative au capitalisme… que le capitalisme !
Or, tout progrès est l’œuvre d’une utopie.
La différence entre un économiste et un philosophe tient dans ce que l’un ne perd pas de vue le tiroir-caisse et l’autre prend en compte le bonheur et la souffrance des gens.
Et le rêve, bordel ?
Entre un Emile Durkheim qui croit la science seule dispensatrice du progrès et un Vilfredo Pareto, qui laisse le hasard et le tempérament des hommes maîtres de notre avenir, j’opte pour ce dernier.
Pareto dénie à la science la faculté de définir un système politique, une morale, une religion idéale. Le scientisme surestime le pouvoir de la science, qui ne peut pourtant déterminer les fins humaines.
Dans le détail, le capitalisme est passé de l’exploitation de l’homme par l’homme à une infamie pire encore : l’univers concentrationnaire que sont certaines usines aujourd’hui, employant des formes de production et de gestion totalitaires.
Les suicides et les dépressions nerveuses en attestent. On n’oppresse pas les gens impunément. Il faudra que les adeptes de ce système rendent des comptes.
On ne sortira pas du dilemme « A qui appartient le gain de productivité » dans l’organisation du travail, depuis qu’on a dépossédé le travailleur du savoir-faire pour le remplacer par le savoir-exécuter ?
Dans les faits, c’est tout à fait clair.
La part de profit du capital augmente par rapport à celle du travail. Sur un indice 100, longtemps la barre oscilla en son centre. Depuis dix ans, elle est inversée. La part du capital dépasse les 10 % supplémentaires à partir du centre. Autrement dit, le gain de productivité appartient à celui qui commande, au préjudice de celui qui exécute.
Pire, il n’y a même pas stagnation des salaires, mais pertes par licenciement et dégradation des conditions de travail et d’embauche. Tandis que les rémunérations des dirigeants s’envolent vers des sommets nouveaux.

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Nous arrivons à la fin d’un cycle d’exploitation qui ne pourra repartir de l’avant qu’au risque d’un totalitarisme économique avec comme conséquence l’aliénation de ceux qui obéissent à ceux qui exploitent. Contrairement à ce que nous dit Elie Cohen, le capitalisme actuel n’a pas comme alternative le capitalisme chinois. Sinon, toutes les conditions seraient réunies pour aboutir à l’émeute. Le système ne peut pas aller plus loin sous peine de totalitarisme et il lui est impossible de revenir en arrière ! Il est coincé.
La société belge, par exemple, vit sur les « réserves accumulées » de la génération qui atteint l’âge de la retraite sans trop de mal, voilà quinze ans.
Les valeurs qui s’y défendent sont antérieures à l’an 2000 : travail – progrès personnel – salaire ; or, elles n’existent plus. La société belge vit sur une utopie : celle de la social-démocratie dans un libéralisme de partenariat.
Les politiques n’ont pas de programme de rechange. Ils vivent à la remorque de l’idéologie libérale. A ce propos, la Région flamande s’enorgueillit d’une volonté de ses travailleurs de produire mieux, par rapport aux personnels du Sud. C’est une conception archaïque de l’organisation sociale. Du point de vue de l’évolution, ils vont vers une aliénation à la chinoise, si d’autres ne dénonçaient pas une passivité suspecte, ils y seraient déjà.
Il y a dans le fourre-tout d’une gestion flamande de la crise, une acceptation du pire pour une sorte de triomphe par rapport aux autres régions, d’une imbécillité profonde, peu en rapport avec l’intérêt des populations.
La vision du gouvernement flamand est celle du naufragé, en attente du paquebot de luxe pour une nouvelle croisière. Sauf que le messie n’est pas à bord. Il est retenu ailleurs, pour des profits supérieurs.
Autrement dit, la Flandre est bêtement d’un capitalisme de droite. La Wallonie est bêtement d’un capitalisme de gauche. C’est la même source d’exploitation, sauf que l’une et l’autre croient se reconnaître dans deux capitalismes différents.
Et c’est Elie Cohen, que j’apprécie beaucoup par ailleurs, qui a tort.

Commentaires

Elie Cohen a tort selon vous.
Mais où vous situez-vous entre cette Flandre bêtement d'un capitalisme de droite et la Wallonie bêtement d'un capitalisme de gauche.
Vous n'êtes pas parmi les 10% de salauds qui donnent des leçons aux 90 % de béotiens, vous êtes nulle part : vous pérorez avec de gentilles images.

Je suis parmi les 90 % d'imbéciles, mais je me débats.
Pas vous ?

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