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Muyters, acharné travailleur !

Avant de dire pourquoi le ministre flamand des Finances Philippe Muyters (N-VA) me les brise menus, il faut faire un sort à l’interprétation de la traduction française du susdit :
« Le Flamand qui travaille dur refuse de payer pour les autres ».
L’a-t-il dite ainsi, dans le sens de la traduction du « Soir », oui ou non ?
Le journal « Les Echos » a une traduction légèrement différente : « Le ministre flamand a encore dit qu'il continuerait de s'opposer à ce que "le flamand qui travaille dur paie des impôts supplémentaires. Pourquoi Bruxelles et la Wallonie n'ont pas de budget en équilibre cette année? Parce qu'elles avaient fait un autre choix en 2009 ʺ.
Quelle importance cela a-t-il ? Bart De Wever n’a-t-il pas dit pire dans des moments cruciaux, alors que l’on croyait que cela s’arrangerait entre le Nord et le Sud ?
Donc qu’il l’ait dite ou pas, tout qui est familier des propos des chefs de la N-VA, est certain que c’est ce que pense intimement le ministre flamand des finances, selon le Soir.
C’est son droit, après tout de croire que les Flamands travaillent dur et que les Wallons n’en fichent pas une clope.

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On imagine Muyters, un Anversois parmi d’autres, inquiet de la situation dramatique dans laquelle macère sa belle Région, se trouvant lui-même, à vingt-quatre ans, au sortir de l’école, décidé à tout faire pour gagner honnêtement sa vie, se précipitant sur les offres d’emplois de la Gazet Van Antwerpen. En attendant de trouver un job en rapport avec sa formation - un tout petit diplôme en Sciences économiques appliquées de l’UFSIA, juste de quoi finir chef de gestion dans une branche des activités portuaires, et encore, avec beaucoup de chance – le jeune gaillard, retroussant ses manches, aurait coltiné des marchandises en apprenti docker, tout en espérant mieux. Lisant fébrilement le soir, après sa dure journée de travail, des offres d’emploi dans les agences de la métropole, il se serait précipité le lendemain aux entretiens d’embauche sur l’heure de midi .
Alors, oui, on comprendrait que ce courageux Flamand en aurait bavé avant de devenir ministre et qu’il aurait ainsi tiré de sa vie exemplaire des leçons de courage qu’il distribuerait à tout le monde, d’abord à ses chers compatriotes flamands par amour de la patrie et enfin aux autres, les Wallons ou pire les Bruxellois, certes plus paresseux, mais qui auraient davantage besoin de savoir comment Muyters a mérité sa place dans la société.
Eh bien ! pas du tout. Vous n’y êtes pas.
Le damoiseau n’a pas attendu longtemps avec son petit papier timbré en poche. A-t-il eu le temps seulement de se promener le mois de juillet de cette année-là au bord de l’Escaut ou d’explorer les sources de son nationalisme : les bords du Rhin, puis Munich ou passant par la Bavière, après les châteaux de Louis II, irrésistiblement attiré par Berchtesgaden aux confins des Alpes bavaroises ?
Non. Vous auriez tout faux en pensant cela.
Le jeune homme devint en un éclair Conseiller économique du Studiedienst Vlaams Economisch Verbond (1985-1989), happé dès sa sortie le diplôme en poche ! Conseiller à vingt-quatre ans, c’était proprement miraculeux ! Conseiller si jeune, c’est-à-dire donnant des conseils, c’est à croire que les vieux en Flandre sont tous gâteux comme Marc Eyskens !
Les choses s’enchaînèrent naturellement, loin des sueurs des ouvriers et des migraines de stress des employés. Directeur/Administrateur de Dynamic (Groep Seghers) à trente ans et Collaborateur de Direction auprès de Seghers Engineering (1989-1992) ; Administrateur général du Sociaal Economische Raad van Vlaanderen (SERV) (1992-1997) à trente et un an, Directeur général du Vlaams Economisch Verbond (1997-2000), Administrateur délégué auprès de Voka – Vlaams Economisch Verbond (2000-2009).
La tête nous tourne !
Fulgurante ascension d’un jeune homme hors du commun, certes… mais travaillant à la dure au relèvement de la Flandre ? Mille fois non !
Alors, je pense que Muyters et tous ses pareils, quand ils passent à la caisse, qu’ils aient au moins la décence de fermer leurs gueules sur l’état de fraîcheur des travailleurs wallons astreints au contrôle matinal des horloges pointeuses, avec leur petit bidon de café à côté des trois tartines jambon-beurre du casse-croûte de midi dans un sac en bandoulière, alors qu’eux, en pyjama de soie, prennent encore le petit-déjeuner derrière leurs larges baies vitrées.
Cela sera mieux pour tout le monde.

Commentaires

Je vous retrouve mon cher Duc avec un article qui sent le soufre jusqu'ici dans ma campagne, vous avez mille fois raison, mais c'est votre article qui devrait se trouver dans les colonnes des quotidiens de la presse francophone et naturellement celle du nord aussi.Bonne journée mon cher Duc.

Critiquer une carrière réussie par le travail vous dérange !
Êtes-vous né avec votre cul dans le beurre ?

Une carrière réussie de cette façon-là, effectivement, me dérange profondément. Quoique le mot ne soit pas approprié, "Mépris" eût été plus juste. Rassurez-vous, elle n'est pas la seule.

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