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Tentation de la faillite

Sans le héros du Novotel, Christine Lagarde, au nom du FMI (Fonds Monétaire International), nous avertit aussi solennellement que son prédécesseur : l’assainissement en Europe va faire mal. La dame pense que la fin de la crise bancaire doit passer par la « stabilisation » des dépenses sociales.
C’est avec le même raisonnement que DSK a tué la Grèce. M’ame Lagarde veut faire mieux que son prédécesseur. Elle veut tuer l’Europe.
Tout ça va finir très mal. Une nouvelle crise trois ans à peine après celle de 2008, mais les émeutes de Londres ne seraient qu’un avant goût avant l’embrasement général.
C’est comme si on demandait à un chômeur complet d’offrir une Rolex à Séguéla pour qu’il l’embauche.
Que fait un Etat incapable de payer ses dettes ? S’il ne parvient pas à saigner davantage les sous-payés qui bossent encore… il ne les paie plus. Contrairement à un particulier dans la même situation et qu’on va saisir, l’Etat n’est pas contraint de liquider son patrimoine, ni d’expulser du palais présidentiel un président en slip et chaussettes, par contre, il peut ne plus payer ses employés, fermer ses guichets et ne plus solder les pensions. C’est ballot, alors qu’il existe des paquets de milliards détenus dans quelques coffres-forts et que l’Europe peut faire office de prêteur à un taux raisonnable.
Plutôt que d’arriver à des scénarios catastrophiques, l’Etat pourrait augmenter les impôts sur les catégories sociales qui ont échappé jusque là au même taux d’imposition des catégories les plus taxées : les travailleurs et les classes moyennes.
- Oui, mais alors, dirait la patronne du FMI, on n’est plus dans le système capitaliste.
Et alors ? Ça n’empêcherait personne de dormir…
Détricoter un système économique, dont les membres actifs sont les créanciers de l’Etat, Philippe Le Bel a fait cela avant nous avec les Templiers. C’était en 1307. Marx, c’est plus de cinq siècles plus tard.
On connaît les arguments du client de la suite 2806, bien d’accord avec C. Lagarde : « A-t-on jamais vu un prêteur se faire taxer du montant de la somme que l’Etat lui a empruntée ?
L’opération équivaudrait à supprimer le droit des classes aisées de faire des petits de leur surplus de revenus non consommable. Comment l’Etat financerait-il ses futurs emprunts en agissant de la sorte ? »

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Evidemment si on préfère demander à la Suisse de verser un petit quelque chose aux Etats dont la Confédération gère les biens des ressortissants et qu’en contrepartie les Helvètes conserveront le secret bancaire des déposants étrangers, et si les socialistes prêtent la main à cette mascarade, oui, bien sûr, la solution de Philippe Le Bel paraît impossible.
C’est ainsi que le relèvement des impôts des classes aisées passera toujours après toutes les autres solutions. Le gouvernement socialiste de la Grèce a repoussé avec la dernière énergie cette perspective révoltante, comme celle de mettre à contribution l’église orthodoxe, richissime. Et pour cause, elle ne paie pas d’impôt.
Madame Lagarde sur les traces de l’ami Dominique félicite les socialistes grecs qui se conduisent en bons petits soldats libéraux. L’Allemagne, la France, l’Italie, la Belgique, tout le monde approuve. Le programme de Di Rupo – quoique la Belgique n’en soit pas encore au niveau financier de la Grèce – est parfaitement identique à cette règle d’or.
En attendant que ça se dégage, les mesures qui allaient sauver la Grèce, la coule davantage.
Ainsi donc, les Etats européens, respectueux de la règle d’or, taillent allègrement dans les dépenses publiques, réduisent les salaires par des augmentations de la TVA, diminuent le nombre des fonctionnaires et réduisent les commandes publiques.
Et on voudrait que les Grecs, les Espagnols, les Italiens, demain les Français et les Belges ne se révoltent pas ? Je trouve même scandaleux que tous les syndicats d’Europe n’appellent pas à la grève générale dans les prochains mois !
L’hypothèse d’un défaut de paiement des dettes publiques des Etats harcelés par les agences de notation ne constitue plus un scénario impossible.
Dans le collimateur de ceux qui soupèsent les possibilités de remboursement, l’Etat sur lequel on spécule va voir l’intérêt de sa dette exploser. Il suffirait que l’Europe s’organise en Institution bancaire pour que les remboursements rééchelonnés de la dette grecque fonde directement de quelques milliards.
On pourrait imaginer, sans quitter pour autant le système capitaliste mondialisé, chéri par nos économistes des grandes écoles, d’obliger les banques exerçant sur le territoire européen de refinancer les pays en difficultés, sur la base d’un taux d’intérêt plafonné.
Mais les happe-chairs de la banque et des finances sont bien d’accord avec les rentiers : ils préféreraient une nouvelle crise et crever sur leur tas d’or, plutôt qu’illustrer une fable de La Fontaine selon laquelle la fourmi finance la cigale, même si en réalité, c’est la cigale qui tient les deux rôles dans le système capitaliste, les happe-chairs n’étant que des insectes parasites oubliés par La Fontaine.
Encore mieux : en supprimant sa dette d’un trait de plume, un Etat au bord de la faillite retrouve tout de suite sa capacité financière, si l’économie est à la hauteur de son déficit courant. Pour les prêteurs, c’est boire la tasse, la pilule serait amère ; mais quel soulagement pour toute la population !
Des exemples ? Les Soviets n’ont jamais remboursé les emprunts russes de Nicolas II de 1906. Malgré les simagrées autour du boycott, jusqu’à la guerre froide, cela n’a pas empêché l’Amérique et l’Europe de faire du commerce avec l’URSS, du début jusqu’à la fin du système.

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