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Centrisme et populisme.

Entré au « Centre de recherches Raymond Aron » en 1979, Marcel Gauchet y rencontra Jacques Julliard et quelques autres intellectuels dont les parcours politiques sont intéressants. Ils vont passer du Centre à la Gauche ; une gauche sur laquelle ils exerceront leur sens critique.
Marcel Gauchet a vu en France le clivage gauche/droite comme un leurre donnant une vision peu enviable de la démocratie aux citoyens. Cette dualité conflictuelle est trop simpliste pour être représentative de l’opinion. Il fallut inventer une proximité d’extrême droite et de centre droit pour la droite et de centre gauche et d’extrême gauche pour la gauche. Les choix ne se diversifièrent pas pour autant, puisque pour rallier le plus grand nombre, la droite eut besoin du centre-droit et la gauche du centre-gauche dans un consensus qui rabotait les différences et annulait les initiatives.
En Belgique, malgré ou à cause du foisonnement, les politiques ont perfectionné le système français, puisque pour qu’un gouvernement soit majoritaire, il faut rassembler presque tous les partis. Un gouvernement d’alternance comme en France serait impossible. La crise a débouché sur une solution multi étiquettes, pour une politique rigoureusement centriste. C’est d’autant plus curieux que personne ne s’en revendique. Nous voilà dans le fameux « compromis à la Belge », qui n’est rien d’autre que l’expression d’un parti qui n’existe pas.
Sauf que ce parti, qui n’existe pas, n’est rien moins que celui du conservatisme donnant raison au « bon sens bourgeois » par rapport à une gauche qui ne trouve plus le moyen de s’exprimer.

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L’accord BHV conclu, il est facile de dénoncer le populisme des partis de l’opposition pour le reste, puisqu’ils ne sont que deux : N-VA et Vlaams Belang, le FDF restant dans l’expectative d’une réconciliation avec le MR.
On croyait que le populisme consistait à flatter les bas instincts du peuple pour mieux lui ravir le pouvoir. Aujourd’hui, on assiste à une progression simultanée du populisme et de sa dénonciation.
En principe, le populisme est un mouvement anti-élites. Mais lorsque Charles Michel à propos des juges marocains de Bart De Wever dénonce le racisme de la N-VA, il dénonce une forme de populisme qu’il pratique tous les jours.
Le populisme est donc une rhétorique politique des travers dans lesquels on tombe soi-même. Si la démocratie, c’est la concurrence des démagogies, on postule que tous les partis sont démagogues et populistes.
Il faut donc que l’accusation préférée des démagogues s’exerce aussi sur un groupe de personnes, pour qu’ils n’en portent plus seuls la charge .
Les blogueurs vont jouer le rôle d’accusés. Ils le seront parce que la plupart utilisent la formule « tous pourris », laissant planer un soupçon général sur la classe politique.
Les maffias politico-économiques pourront se cacher à l’aise derrière l’honnêteté de quelques-uns, en faisant appel « au bon sens » de la population.
L’accusation de faire du populisme dans les blogs ne serait rien moins qu’une tentative de l’élite à s’auto-protéger.
Charles Michel ne serait ni raciste, ni populiste, puisqu’il désigne Bart De Wever, par son accusation.
Ainsi le site « Richard III » serait un site populiste par la volonté de son auteur de choisir la voie de l’irrespect. C’est parce que ce blog est insignifiant, que le pouvoir l’ignore.
En Belgique, seule une politique libérale, synonyme d’immobilisme, est encore possible ! En votant tous les cinq ans, plutôt que quatre dans les accords bientôt adoptés, c’est une année supplémentaire qu’on ajoute aux quatre autres à l’éloignement du citoyen de la chose publique.
Sous prétexte d’unification, on abonde dans le sens de citoyens qui pensent que les élections ne servent plus à grand-chose. Et si cette loi est votée, on aura ainsi une belle démonstration de ce qu’est le populisme de Di Rupo et des membres de son futur gouvernement.

Commentaires

Paul Jorion est un blogueur comme vous et comme vous il dénonce le capitalisme, il sera ce midi un invité de Pascal Vrebos, je considère que vous , mon cher Richard, avec votre franc parler et vos chroniques très tranchées, vous pourriez aussi participer à l'une ou l'autre de ces émissions débats, rien que pour le plaisir de démolir quelques grandes gueules..

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