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Hollande : de Tulle et d’étoffe !

La détestation du règne de Nicolas Sarkozy ne doit pas nous dispenser d’un questionnement sur le PS français qui voit un des siens accéder à la présidence de la république, d’autant que le PS belge, avec un Di Rupo, proche de Martine Aubry, prend ses aises à Lille et donc pourrait être influencé par ce nouveau quinquennat.
Les agrégés de science politique ont encore en mémoire les ambivalences de la présidence de François Mitterrand. Alors, qu’il est, dit-on le modèle de François Hollande, n’oublions pas que Mitterrand est responsable de la conversion de la gauche française au néolibéralisme. Les résultats : nous les payons aujourd’hui chèrement !
On se rappelle ses volte-face, le candidat dénonçant le capitalisme financier, et le président le développant ! Hollande ne sera-t-il pas pris à son propre jeu à propos du Smig à 1700 € ?
Si je comprends Hollande, il est pour une gauche antitotalitaire, comment va-t-il se placer entre antitotalitarisme et égalitarisme ?
Pour sûr, Mélenchon va l’attendre au pied du mur, d’autant que ces deux là ont un contentieux qu’ils n’ont pas apuré.
A la façon du socialisme belge, si le socialisme français se vidait, peu à peu, de tout programme de conquête, rien que pour assumer les erreurs d’une économie que le PS a soutenu ?
Que faire pour sortir de la crise européenne, dont Sarkozy n’a été qu’un des pions, comme Angela Merkel et Elio Di Rupo, ce dernier empêtré, il est vrai, dans une crise identitaire flamande ?
François Hollande n’a pas été aussi stupide que Lionel Jospin qui déclarait « mon programme n’est pas de gauche », mais le sien à y regarder de près, l’est-il plus ?
Quelle est sa conception de la gauche ?
Certes, il s’est longuement expliqué pendant la longue campagne qu’il a menée. Restera-t-il le même une fois installé à l’Elysée, non pas qu’il soit une girouette, mais comme ancien pragmatique de l’ENA, obligé de convenir que les circonstances sont plus fortes que son programme ?

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La social-démocratie s'est asséchée, le marxisme a été trahi par Staline, le libertarisme est marginal, l’écologie cherche un second souffle. Comment relier ces courants affaiblis pour en faire un courant fort, alors que Hollande doit impérativement se concilier le Centre pour remporter une majorité aux élections le mois prochain ?
J’entends bien qu’il a plus de convictions socialistes qu’Elio Di Rupo, puisqu’il pense faire en sorte que la démocratie cesse de se laisser ridiculiser par les marchés, que la politique reprenne le contrôle de la finance et gagne le match contre la mondialisation.
Avant lui, le mitterrandisme avait porté un grand élan d'espérance.
La gauche française a mis vingt-cinq ans à s’en remettre !
Hollande n’est pas rassurant quand il évite de parler du passif de cette gauche-là. Dans ses discours de la campagne électorale, il n’a que des louanges pour la gauche des années 80. Elle aurait permis de « moderniser le pays, de l'adapter ( ?), d'opérer des mutations qui ont vaincu l'inflation et rétabli la croissance. Grâce à elle, la France a tenu son rang. Mais il est vrai que la gauche a ensuite été happée par une construction européenne conçue davantage comme un grand marché que comme un grand projet. Et il est vrai aussi que cette Europe-là a fini par représenter le libéralisme aux yeux des citoyens. La gauche a payé cette erreur, elle a corrigé le tir. »
« La gauche doit porter de grands espoirs, mais elle ne peut pas se réduire à de grands moments. Sa vocation n'est pas d'intervenir tous les vingt ans pour faire des réformes. Je veux au contraire inscrire la gauche dans la durée. Je ne suis pas candidat pour écarter la droite, introduire quelques innovations politiques et sociales, et ensuite laisser la place. Je veux initier une transformation de la société à long terme qui puisse convaincre au-delà même de la gauche. »
Ces larges extraits entendus lors de la campagne qui s’achève et répétés à différents meetings, je souhaite sincèrement qu’ils n’aient pas été dits à la légère, pour quelques votes supplémentaires.
Une petite dernière de la bouche de Sarkozy, juste avant qu’on n’en parle plus. Le président sortant a dit à ses supporters, dans ses adieux : « Mes chers compatriotes, je ne saurai jamais vous rendre tout ce que vous m’avez donné ». On en est persuadé, après tout ce qu’il leur a pris !

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