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Le 7me continent.

Le Marxisme et le capitalisme se sont plantés tous les deux dans une frénésie commune qui s’appelle le productivisme. Si le premier voulait que ses effets reviennent essentiellement à ceux qui produisent et les autres à ceux qui financent les moyens de production, le résultat est identique. Celui qui ne s’arrache pas le derrière de chez lui de l’aube à la nuit est un mauvais citoyen.
Ce ne serait encore qu’un « demi mal » que l’on pourrait tempérer par la prise en compte de tous les bras afin de répartir le travail, s’il ne s’agissait avant tout de créer de la richesse pour la richesse et c’est là que les deux idéologies se séparent. Le marxisme voulant privilégier ce qui est utile et l’autre s’enivrant de la liberté du commerce de tout ce qui trouve acheteur.
Pour ne pas sombrer dans l’anarchie, quelques règles ont été établies, variables par Etat et qui sont indéterminées dans la mondialisation de l’économie que nous vivons en 2012.
Mais ces règles ne sont là que pour être transgressées. A côté de cela, il reste la jungle des vagues précisions internationales que chacun s’empresse d’oublier quand son intérêt est en jeu.
Ce système a élevé à un art jamais égalé par le passé de faire du fric n’importe comment et d’essayer par toutes sortes de combines, certaines légales, à ne jamais réparer quand on fait tort à des individus ou à la planète, par les déchets de sa propre industrie qu’on disperse au moindre coût.
L’interprétation de la morale qui en résulte renforce l’individualisme forcené dans un « chacun pour soi » qui va jusqu’au crime.
Et justement, il y en a un, particulièrement collectif, et que les enfants du système capitaliste, le meilleur du monde selon les trois quarts de l’humanité, paieront très cher et cela dans moins d’une génération.
Dans le Nord-est du pacifique, entre la Californie et Hawaï, les déchets produits par les activités humaines et déversés dans les océans sont acheminés par les courants marins vers un nouveau "continent" boulimique dont la taille atteint près de 3,5 millions de km² !
Vous avez bien lu. Nos merdes nous préparent un nouveau continent hostile, inhospitalier et qui distille déjà depuis plus de vingt ans, ses poisons dans la mer.

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En 1997, le capitaine Charles Moore a été le premier à découvrir cette zone improbable de l'océan Pacifique où les déchets plastiques flottants s'accumulent. Ainsi, selon des observations effectuées depuis plus de 15 ans par l'Algalita Marine Research Foundation, sous l'effet des courants marins, les déchets provenant des littoraux et des navires, flottent pendant des années avant de se concentrer dans deux larges zones connues sous les noms de "Plaque de déchets du Pacifique est" (Eastern Pacific Garbage Patches) et "Plaque de déchets du Pacifique ouest" (Western Pacific Garbage Patches). Ces deux plaques forment la "Grande plaque de déchets du Pacifique" (Great Pacific Garbage Patch), un monstre dont la taille aurait déjà triplé depuis les années 90 et qui s'étendrait maintenant sur 3,43 millions de km², soit un tiers de la superficie de l'Europe ou encore six fois la superficie de la France ! Il est estimé que ce "continent" de déchets totalise un poids de 3,5 millions de tonnes et jusqu'à 750 000 débris par km² ; Greenpeace évoquait fin 2006 près d'un million de déchets par km² dans son rapport sur les débris plastiques et la pollution des océans.
Les déchets tourbillonneraient sous l'effet du gyre subtropical du Pacifique Nord (North Pacific Gyre) et s'accumulent dans cette zone peu connue : peu de routes commerciales et peu de bateaux de pêches l'empruntent. A l'image d'un puissant siphon marin, le vortex attirerait vers lui tous les résidus de notre société de surconsommation. Toutefois, contrairement au siphon, les déchets ne sont pas "aspirés" mais accumulés et bien visibles.
Ce sont les déchets plastiques qui dominent, bien entendu.
La vente dans les grands centres commerciaux est directement mise en cause dans ce désastre planétaire. En effet, pour diminuer le vol et aussi pour des effets de publicité, le moindre objet est surdimensionné à la vente afin qu’on ne puisse pas le mettre en poche et partir sans payer. Cette surface de support publicitaire qui ne sert à rien, y entrent des encres, des plastiques et les produits chimiques de fixation.
Evidemment, les grandes surfaces ne sont pas seules la cause de ce nouveau continent de déchets. Mais cet exemple est celui quoi nous touche de près et que nous connaissons parfaitement pour en dénoncer l’inutilité, d’autant que le coût de l’emballage, c’est nous qui le payons dans le prix global.
Les plastiques constituent 90 % des déchets flottant sur les océans. C’est une soupe plastique constituée de macro déchets éparses mais surtout de petits éléments invisibles. C'est en filtrant l'eau que l'on découvre une mixture composée de minuscules morceaux de plastique qui se sont fractionnés.
En certains endroits, la quantité de plastique dans l'eau de mer est jusqu'à 10 fois supérieure à celle du plancton, maillon élémentaire de la vie dans les océans. Le temps nécessaire à la dégradation de ces plastiques est estimé entre 500 et 1000 ans. La toxicité des éléments qui les composent à largement le temps de faire du Pacifique, le bouillon des Borgia !
Même si on donnait les moyens à nos libéraux de partir avec une petite pelle et un seau sauver le Pacifique, puisque c’est sous la brillante démonstration du capitalisme que nous avons droit à ces merdes, le nettoyage de cet océan de déchets semble insurmontable. Malgré l’inutilité du geste, si Louis Michel au lieu de clamer bien haut que les ministres ne gagnent pas assez, partait à l'assaut du "continent de déchets" avec l'Algalita Marine Research Foundation, le projet Kaisei ou le CNES, pour sauver la planète, je pourrais enfin lui faire une couronne de laurier et trouver que, pour une fois, il justifierait son salaire.

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