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Le meilleur à Élysée, le pire au Pirée ?

Gérald Bronner, professeur de sociologie à l'université de Strasbourg, serait-il en passe de compléter, ce que le regretté Pierre Bourdieu n’a pu conclure avant sa mort en 2002 ?
Des dernières parutions de Bronner ressort la prévision d’un succès socialiste en France, par l’effet promotionnel de la visibilité, valeur fondamentale dans la société décrite par Bourdieu.
Dans un système où la célébrité est auto-suffisante pour être célèbre et reconnu, le cas de Paris Hilton est exemplaire dans ce sens où n’étant rien par elle-même et n’ayant aucun des talents que la presse people lui prête, elle est cependant admirée et copiée par un public. On pourrait imaginer un jour, qu’un personnage de ce type arrive aux plus hautes fonctions de l’Etat, par l’effet d’une volonté majoritaire.
Si je cite cet exemple, ce n’est évidemment pas dans le but de comparer François Hollande à Paris Hilton, mais de montrer que nous sommes entrés dans une période de troubles profondément marquée par des courants d’opinion fabriqués.
Sans en mesurer l’importance tout de suite, le PS en procédant à des primaires à l’issue desquelles François Hollande s’est imposé, a fait plus pour l’image de Hollande et donc son élection, que les meetings qui ont suivi ce succès populaire. L’UMP en est tellement consciente qu’elle procédera de la même manière en 2017, laissant le PS sans le pouvoir de récidiver, si Hollande se représente à l’issue de son premier mandat. Dès lors, les présidents de l’avenir sont-ils condamnés à ne prester qu’un mandat ?
Il existe aujourd’hui des particuliers ayant les moyens financiers suffisant pour se faire valoir parmi le public, dans le but de pérenniser leur raison d’être, sans aucun des mérites attachés à des actions altruistes.
C’est déjà ce que dénonçait La Bruyère dans ses « Caractères de l’homme et du mérite personnel » lorsqu’il écrit (je cite de mémoire) « …se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir ». Déjà, à cette époque, il devait y avoir beaucoup de candidats à la célébrité qui tout en n’ayant rien fait pour, réclamaient, ne fut-ce que par leurs quartiers de noblesse, le droit à se faire valoir et sans l’intention d’y renoncer.
Cet effacement de la critique personnelle pour une critique orientée par d’autres a son revers inattendu. Cette banalisation à l’excellence par la célébrité fait que « trop de gens se sentent éligibles sans que le nombre d’élus augmente ».

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A force de se donner l’aspect de millions de gens, Hollande rassure principalement. Mais, il suscite une pensée annexe parmi les gens qu’ils rassurent, « pourquoi pas moi ? » se disent-ils en se comparant à lui.
Cette dernière réflexion engendre des frustrations qui, selon Brenner dans son livre « La pensée extrême, Denoël édit. 2009 », montre comment les hommes ordinaires deviennent des fanatiques.
L’image de Sarkozy a fait l’effet inverse. C’est sa propre image qui lui a fait perdre les 3 % qui lui ont manqué pour accomplir un deuxième mandat. Les médias favorables à sa réélection et malgré des sources financières considérables, n’ont pu accréditer l’image pacifiée que le public attendait.
Une conséquence directe de ce phénomène de banalisation est dans le résultat des élections en Grèce. A défaut d’une spéculation européenne d’un dirigeant charismatique « supérieur » aux droits des gens, l’électeur s’est tourné vers les extrêmes, donnant à un parti néo-nazi le droit d’assister à des débats démocratiques au parlement, mais aussi à l’extrême gauche le moyen de rendre familiers les visages de quelques-uns des leurs.
Est-ce que le capitalisme pour éviter le pire est capable d’effacer la dette grecque, tout au moins à la redescendre à un taux acceptable ou bien le capital ne voulant rien perdre, risquera-t-il de tout perdre, entraînant l’Europe dans le désastre, en réclamant son dû ?
S’il existe aujourd’hui des pouvoirs ayant les moyens financiers adéquats à se faire valoir parmi le public, sans aucun des mérites attachés à des actions altruistes, ai-je écrit, ce pouvoir manque singulièrement d’images, ce qui va conduire au pire.
Sans des Paris Hilton, ce pouvoir est fichu.

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