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Onfray contre Mélenchon !

C’est heureux que l’on puisse encore s’exprimer, après que Michel Onfray ait critiqué Mélenchon dans l’admiration qu’il porte à Robespierre et Saint-Just.
Michel Onfray nous avait habitués à plus de nuance dans l’approche des personnages clés de la Révolution. Il est vrai que l’on aurait dû se méfier du nouveau voltigeur des lettres, depuis qu’il s’est fait une réputation de critique en descendant Freud de son piédestal, comme naguère les Irakiens déboulonnèrent la statue de Saddam Hussein.
Il est faux de prétendre que Robespierre et Saint-Just ont été les seuls responsables de la Terreur et que les autres Conventionnels furent instrumentalisés par les deux compères. Quelques autres acteurs influents de la Révolution périrent au Neuf Thermidor avec les deux Conventionnels, réfugiés à la mairie de Paris.
Onfray oublie les Textes des Lois et les Principes, faisant de la Constitution de 1793, aussitôt piétinée par les thermidoriens, la profession de foi la plus démocratique et la plus humaniste de l’époque.
La Première Constitution prévoyait le rejet du vote censitaire pour adopter l’universel, ainsi qu’une démocratie directe remontant des petites communautés vers la représentation nationale, allant même jusqu’à contester les Arrêtés de celle-ci, par l’effet d’un pouvoir nouveau qui fut avorté dans l’œuf.
Les mêmes futurs guillotinés aidèrent à la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et jetèrent ainsi, sans le savoir, les fondements de la Sécurité Sociale !
A relire les minutes des Assemblées des « clubs », on est surpris de la perspicacité des sans-culottes, de leur prescience des difficultés qui mineront en 2012 les démocraties occidentales. Les débats portaient alors sur les excès de la fortune et les moyens de bloquer les prix pour mettre un terme à la spéculation, même si ce n’était que pour freiner la hausse du blé.
Comment se fait-il que Michel Onfray, au talent incontesté, ait oublié de mentionner à la décharge de Robespierre et Saint-Just, les projets de l’abolition de l’esclavage, votés en 1794, alors que le processus de la Loi avait été enclenché avant qu’on leur tranchât le cou ?
Et que dire du courage de Saint-Just appelé aux Armées, celles-ci se trouvant en piteux état et au bord de la débandade, réussissant à les équiper, leur rendre l’amour de la patrie et la défense de la République, contre des coalisés bien plus nombreux et mieux armés, qui, s’ils avait été victorieux, eussent mis la France à sac ?
Barras et ses affidés du Directoire, presque tous francs-maçons, ont critiqué le culte de l’Etre suprême, comme l’idée la plus ridicule de Robespierre. Des images du temps, montre l’Incorruptible assis au sommet d’un char, dans la position ridicule d’un pape bénissant ses sujets.
J’ai longtemps hésité sur l’opportunité de cette mise-en-scène. Cette bouffonnerie désignait un tyran, avais-je pensé. .
Robespierre pensait que pour préserver le lien social, la République devait conserver une relation avec le sacré, que pour le peuple se couper de la foi serait une cause fatale de démoralisation. La République se substituait à Dieu dans un rôle tout aussi sacré. C’était une erreur. Le but était louable. Il est resté incompris, jusqu’à aujourd’hui !

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Perdre la foi comme l’entendait les révolutionnaires, c’était perdre ses illusions, oublier une ligne de conduite loyale envers la communauté des hommes.
Les temps d’aujourd’hui ont tenté de substituer à la foi, le commerce et la fortune « récompensant » les croyants du capitalisme, dans une formule morale « adaptée ».
Le méritant, c’est celui qui travaille et qui sera récompensé de son travail par le confort et les agréments. Résultat : les trois quarts de ceux qui travaillent n’arrivent à rien et ce n’est pas parce que l’on « subsidie la paresse », mais parce que ceux qui ont réussi accaparent tout, en devenant des « paresseux utiles ».
On voit le fiasco dans lequel on patauge !
La République a tenté, par cette fête de la Raison et de l’Etre suprême, d’instaurer entre l’homme et l’idée de l’infini un rapport non contraint.
Elle n’y a pas réussi. Son substitut, voulant fondre la liberté individuelle dans la liberté du commerce, n’y a pas réussi non plus.
Il faut réhabiliter ceux qui ont été exécutés par la contre-révolution. Les socialistes en 1920 honoraient encore Robespierre. La nouvelle forme du Ps rallié à la social-démocratie a conquis Michel Onfray et découragé les derniers robespierristes !
Désolé pour le philosophe, mais Mélenchon connaît mieux l’histoire que lui.

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