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J’y suis, Giet !...

On fait semblant de découvrir une incompatibilité entre le fait que l’avocat Thierry Giet, depuis qu’il a rendu service à Di Rupo, entre Frères, en reprenant le business du PS en qualité de président, et son cabinet d’avocats, bien pourvu en plaidoiries et conseils rémunérés à la Région wallonne !
Avant, ce n’était pas le cas ?
Comme si l’éthique brusquement avait été « oubliée » pour ce coup là, alors que de Loge à Loge, de Section à Section, d’avocat à avocat, le mixage entre la politique et les affaires (surtout juteuses) n’a jamais cessé dans la Doudoucratie et même avant, dans la Coolsmania, la Spitaellose ou la Busquinerie !
Pour être juste, les autres partis ne valent pas mieux et, en cherchant un peu, on pourrait aussi aligner sur le même palier le MR, le CDH et même les Ecolos !
On a, en Belgique, une conception particulière de ce qu’est un vol. Un voleur, ce n’est pas seulement quelqu’un qui dérobe une pomme à l’étalage d’un primeur. Un voleur, c’est aussi quelqu’un qui prend de l’argent dans la poche du citoyen, tout à fait légalement, mais sans s’oublier au passage.
Réformer des mœurs aussi profondément enracinées dans la démocratie belge, c’est comme demander aux prostituées bruxelloises de s’inscrire au chômage, parce que Freddy Thielemans trouve indécent le commerce ambulant du cul.
La question serait plutôt celle de se demander comment un système aussi pourri a pu tenir aussi longtemps sous l’étiquette de la démocratie morale ?
Trois hypothèses.
a) électeurs et élus aussi corrompus les uns que les autres n’ont qu’une idée en tête, s’en mettre un jour dans les poches ;
b) l’électeur est lucide, mais résigné ;
c) l’électeur est tellement con que la tentation de le plumer est la plus forte.
C’est la dernière hypothèse – celle du corbeau et du renard - qui paraît la plus plausible. Voilà pourquoi, il ne faut pas trop en vouloir à nos voyous célèbres. C’est comme si une famille d’Outremeuse oubliait son pécule de vacances sur la « Playa de Levante » à Benidorm, une heure d’affluence, puis, dix minutes après, s’en courrait demander le portefeuille, au loueur de transats!

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On a demandé à Pierre Vercauteren, politologue et professeur de Sciences politiques à l'UCL-Mons, s’il y avait dans les plaidoiries du cabinet d’avocats Giet et consort, un enjeu manifestement éthique. Il n’allait pas répondre : « C’est comme ça depuis toujours, que pouvons-nous y faire ! ». Il fallait au contraire revenir à la morale classique et si possible, au passage, citer quelques solides références. De Platon à l’abbé Pierre, ce n’est pas l’exemple qui manque.
La suite est délectable : « cela pose la question d'une attention permanente que toute personnalité politique doit avoir entre les activités non politiques qu'elle a exercées sur le plan professionnel et les différentes questions politiques qu'elle est amenée à traiter... »
On ne va pas désespérer ceux qui croient encore à la moralité des hommes publics au service des citoyens.
La réponse d’Ermeline Gosselin, porte-parole du PS et coach personnel de Di Rupo, les rassure : « en ce qui concerne l'éthique, ce qui compte, c'est qu'il n'y ait aucun risque de conflit d'intérêt. Thierry Giet est élu fédéral. Le cabinet, où il est associé, intervient dans quelques dossiers région wallonne ».
Vous voilà pleinement satisfait. Il n’y a de près ou de loin, de Loge à Loge, d’élu fédéral à élu régional, de la section de Mons à celle de Liège, de l’occupant la chaise numéro 2 à la chaise numéro 3 du Bureau exécutif du PS, d’un avocat à un autre avocat, rien qui puisse tisser des liens « d’acoquinement » entre les mandataires, nos patriotes intègres, injustement discrédités par des vipères lubriques du genre de Richard III.
L’élection est le filtre efficace qui laisse les voyous sur le sable, c’est bien connu. Les fortunes personnelles ne se construisent que par le travail et l’honnêteté !
Certes Pierre Vercauteren n’est pas entièrement rassuré. Ne pas être « entièrement rassuré » est une technique qui sert le cas échéant, par exemple si le personnage suspecté, au lieu de finir dans l’éthique, finit en correctionnelle, ainsi Pierre Vercauteren pourra dire à la presse « je n’étais pas pleinement rassuré et j’avais raison. »
C’est surtout l’importance des dossiers à traiter qui chiffonne Vercauteren. Comme si Giet plaidait au tribunal de police pour un vélocipédiste contre un piéton. !
Mouiller le sénat dans les affaires d’éthique, c’est un peu demander à Al Capone ce qu’il pense de la prohibition.
Je voterai demain pour quelqu’un qui dirait franchement « oui, j’ai fait le boulot parce qu’on y gagne du fric facile. Puis, j’ai vu la misère grandir autour de moi. J’ai eu honte de vous avoir volés depuis que vous m’avez élu. J’ai décidé de changer. Votez pour moi, vous ne le regretterez pas ».
Un pareil discours ne serait pas au goût d’Ermeline Gosselin, coach de nos illustres, toute à l’art de paraître ce qu’on n’est pas. On voit bien qu’elle n’a jamais coaché un honnête homme !

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