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Conflits au choix !

Le vote du premier tour, avec le second dimanche prochain, on croit les Français débarrassés des polémiques extérieures à l’hexagone et notamment le vent mauvais qui ramène au centre des débats le problème Syrien.
Le raffut n’est pas du fait des populations, plutôt tournées vers les problèmes d’emplois et de logements, mais mené casseroles battantes par les successeurs de Sartre et Simone de Beauvoir, sur les guéridons reconstitués du Flore dans des arrière-salles de Saint-Germain transformées en PC.
Faut-il s’en aller pourfendre Bachar El Assad et son Régime ? Pour eux la réponse est claire. Le 2me REP doit sauter sur Damas !
Trois cents kilomètres plus au Nord, Bruxelles s’en fout et s’apprête à faire la sieste dimanche midi, bercée par « Controverse » et la « colossale » aventure de la doudoucratie, dont Domino Demoulin s’est chargée d’honorer la performance en la personne du premier ministre Di Rupo.
Pendant que la guerre civile fait rage en Syrie, que l’on s’en fiche en Belgique et que les Français pensent à toute autre chose, Bernard-Henri Levy s’enflamme et enjoint à François Hollande de « dépasser le véto sino-russe au Conseil de sécurité », tandis que Jacques Attali, préconise une intervention de l’OTAN… au Sahel, « avant que l’équivalent du 11 septembre 2001 ne vienne l’imposer ».
Comme on voit, les deux porteurs de flambeaux éclairant le monde donnent de la voix dans deux directions différentes. A les écouter, Hollande n’aura pas de mal à reclasser les militaires retour d’Afghanistan !
BHL a la cote parmi les intellos, relayé par les médias qui ont l’air de poster des caméras là où il faut à chaque débordement de l’armée syrienne, dès que celle-ci fait un trou dans un mur et, malheureusement, tue des civils, parmi lesquels des enfants.
Seulement voilà, cette armée-là ne tire pas sa poudre aux moineaux comme les « troupes d’élite » de Kadhafi. C’est même la deuxième force de la Région juste derrière Tsahal. On crie beaucoup surtout parce que la Russie et la Chine soutiennent toujours le tyran de Damas et qu’à la moindre occasion, l’ancienne rancœur du monde communiste remonte des intestins du « monde libre » ; mais la suggestion de BHL d’y aller « seul » est une folie qu’aucun chef d’état-major sérieux n’aurait.
Pour y faire quoi ? Vanter la démocratie et assister au triomphe des islamistes aux élections organisées par les Occidentaux ? L’exemple du Maghreb est édifiant. Si un petit vent de liberté souffle sur les grandes villes arabes du pourtour méditerranéen, la majorité est toujours dans les campagnes et les bourgades farouchement islamistes, et même parfois intégristes.
BHL a-t-il seulement regardé une carte de la région ? Vu la position de l’Iran et celle d’Israël, une fois les Alaouites de Bachar défaits, quid des Sunnites et des Chrétiens, avec des Chiites en contact avec leurs bases arrières ?
Depuis Internet et la rapidité de circulation des informations, le public s’émeut plus vite qu’avant, même si les massacres d’aujourd’hui sont toujours aussi détestables et doivent être condamnés par les instances internationales. Ceux d’hier, et notamment ceux du père de l’actuel chef de l’Etat Syrien, furent tout autant détestables, sans que les démocraties se fussent émues.
Est-ce que, pour autant, il faut ignorer les crimes d’aujourd’hui ? Non. Et des sanctions économiques, avec des embargos s’il le faut, sont parfois plus efficaces qu’une intervention que des esprits malins convertiraient en résurrection de guerres coloniales.

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Attali veut embarquer la France dans un autre conflit, celui du Mali.
On se souvient vaguement qu’à la suite d’un conflit interminable le pays fut coupé en deux :
« Au Sud, un gouvernement provisoire terrorisé par des militaires qui parcourent les rues, envahissent les palais nationaux et menacent les passagers aux aéroports. Au Nord, un territoire très vaste et magnifique, disputé par les terroristes de l’AQMI et des indépendantistes laïcs targuis, qui viennent de s’unir à des islamistes maliens, proclamant l’indépendance d’un “Etat Islamique de l’Azawad” ».
Attali y voit la source d’« un problème qui pourrait devenir beaucoup plus important pour notre sécurité que ne l’est l’Afghanistan ». Ce serait un point de fixation de forces intégristes auprès desquelles les Talibans seraient des enfants de Marie. Comme en Colombie, Attali y voit une conjonction de narcotrafiquants, de militants politiques extrémistes et de fondamentalisme religieux.
Alors, Syrie ? Mali ? avec en plus une crise économique sur les bras et les banques espagnoles qui s’apprêtent à nous piquer 100 milliards !
Le malheur avec l’information immédiate, c’est qu’il n’y a plus aucun journaliste pour vous donner le mode d’emploi. Encore qu’il n’y ait jamais eu meilleure recette pour sortir de la récession, qu’une guerre coûteuse en hommes et en matériel. Ça fait des chômeurs en moins et des usines d’armement en plus.
Même Di Rupo en rêve !
Si c’est le but des médias de sauver un système économique à bout de souffle, les raisons du sauvetage des populations syriennes seraient tout aussi dégueulasses que celles de Bachar El Assad de massacrer sa population insurgée !

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